L'étang du Parc de Séroule à sec
Écrit par Christian Desart Guide nature   
Mardi, 11 Mai 2010 19:29

Quelle ne fut pas la surprise des promeneurs habitués du Parc de Séroule de constater la vidange de l’étang principal.

Vous aurez pu lire dans la presse (Le Jour-Le Courrier) qu’il s’agit là d’un programme de travaux établi par le service de l’Environnement de la Région wallonne. Ce programme a commencé en janvier suite à la découverte d’un taux de mortalité élevé des ....

poissons. Après renseignements pris auprès des services compétents de la Région wallonne, ils nous ont transmis leurs réponse détaillées. Celles concernant les travaux entrepris.

Il s’agit d’effectuer le nettoyage décennal des 3 plans d’eau du parc par l’enlèvement des débris végétaux tels que troncs, branches et feuilles ainsi que les déchets (pneus, ferrailles, plastiques, etc.) gisant dans les étangs depuis 1996 (date de la dernière intervention du même type).

Diminuer la couche de vase qui à certains endroits atteint la moitié de la profondeur des plans d’eau afin d’améliorer la qualité de l’eau. En l’absence d’intervention, les étangs iraient vers une eutrophisation (enrichissement naturel d’une eau en matières nutritives qui perturbe l’équilibre biologique des eaux par la diminution d’oxygène dissous) conduisant à l’étouffement.

Améliorer la qualité biologique et l’intérêt des plans d’eau pour la faune et la flore sauvages. Actuellement, la qualité biologique n’est pas satisfaisante (flore et faune aquatique appauvrie, faible taux d’oxygène, ombrage excessif, milieu trop riche en matière organique, etc.).

Restaurer les caractéristiques paysagères du lieu par le rétablissement de la surface originelle des plans d’eau et la restauration de la petite île de l’étang principal.                                                       

Pour mener à bien ces travaux, la Région wallonne a opté pour la technique traditionnelle de gestion des étangs à savoir la mise en « assec » préalable et prolongée des plans d’eau, afin d’accéder aux déchets à enlever et de remettre temporairement le fond des étangs en contact avec l’air, pour favoriser la minéralisation des vases et une meilleure décomposition des débris restants.

Le déroulement du chantier doit s’effectuer suivant un plan bien établi :

-        La vidange des étangs

-        Le maintien de poches d’eau en aval pour la faune aquatique

-        Le maintien à sec pendant 3 mois et demi pour favoriser la sédimentation des vases

-        L’enlèvement mécanique et l’évacuation des déchets végétaux (1ère quinzaine d’avril)

-        L’enlèvement mécanique des vases excédentaires

-        La remise sous eau

La Région wallonne précise encore que l’essentiel des travaux s’est déroulé en période hivernale pour ne pas perturber les cycles de reproduction. Des poches d’eau ont été maintenues pour éviter toute perturbation et assurer des biotopes de substitution notamment pour la ponte printanière des amphibiens et enfin des zones de broussailles à demi immergées ont été également maintenues localement comme zone d’abri et de quiétude pour la nidification des oiseaux d’eau.

Sachez encore que c’est la firme EECOCUR de Fernelmont qui après une adjudication de chantier à obtenu le marché pour un budget de 75.576 euros entièrement à charge de la Région (Service Public de Wallonie- Direction des Espaces verts). Si le programme est respecté, l’étang principal devrait être rempli pour la fin mai.

 

Espérons qu’après ces travaux de nettoyage bien utile, nous reverrons toute la faune habituelle des étangs. Les deux étangs du haut du parc sont terminés et sous eaux et déjà ils sont recolonisés par les canards colverts habitués des lieux.

Encore un peu de patience et on pourra de nouveau admirer le plan d’eau principal dans son état originel avec sa petite ile. On pourra revoir le héron qui vient chasser ainsi que la poule d’eau qui y niche. Peut-être reverrons nous aussi des pêcheurs taquiner les poissons comme la perche, le gardon ou encore la tanche. Les eaux de bonne qualité pourraient à nouveau accueillir la truite disparue depuis pas mal de temps car la quantité de vase dans le fond avait diminué la profondeur de l’eau et par l’occasion augmenté sa température en été jusqu’à plus de 20 degrés ce qui est beaucoup trop pour ce genre de poisson.

Depuis quelques temps, il y avait également un problème avec des tortues de Floride (tortues à joues rouges) relâchées dans l’étang par des particuliers qui ne voulaient plus s’en occuper. Malheureusement ces tortues ne font pas partie de notre faune et comme elles sont carnivores, elles ont contribué au dépeuplement de la faune indigène de l’étang.

Du coté batraciens on y trouve bien entendu la  grenouille rousse ainsi que le crapaud commun. Dans le fond de l’eau se cache aussi toute une microfaune telle que larves de libellules, d’éphémères, dytiques, gerris, moustique et autres. Visible actuellement sur le fond de vase à sec le plus grand bivalve de la faune belge, l’ Anodonta Cygnaea qui ressemble à une énorme moule. Elle peut atteindre 20 cm de long et 10 cm d’épaisseur.

Pour clôturer cette liste qui est loin d’être compète, j’aurais une pensée pour les chauves-souris que je protège et qui chassent régulièrement sur l’étang principal après les insectes. Elles sont pour l’instant obligées d’aller chasser ailleurs en attendant de retrouver leurs habitudes. Tout comme nous, elles sont certainement impatientes de retrouver un étang rempli d’eau et rempli de vie.

Desart Christian, guide nature

 

Mise à jour le Mardi, 18 Mai 2010 06:05