Un lieu-dit verviétois controversé : La Chic-Chac |
Écrit par Georges-Xavier CORNET | ||
Samedi, 30 Mai 2009 05:47 | ||
Or donc, le 17 juillet 1843, le roi Léopold Ier inaugurait solennellement la liaison ferroviaire Liège-Verviers et, le 15 octobre suivant, le premier train roulait jusqu'Aix-la Chapelle. Dès lors allait retentir le cliquetis métallique des locomotives dans une vallée jusqu'alors relativement paisible Les convois s'ébranlaient de la station de Verviers-Ouest et, avant de prendre la direction de l'Allemagne, s'engouffraient dans le tunnel situé sous l'actuelle place de la Victoire, connue également sous le nom populaire de "A la Chic-Chac". Plus d'un Verviétois interrogé sur l'origine de la dénomination de ce lieu-dit répondra qu'elle remonte à l'origine de la ligne de chemin de fer, génératrice de ce cliquetis disgracieux, dont les échos se seraient répercutés à cet endroit plus qu'ailleurs en ville. On pourra rétorquer que le chic-chac des locomotives n'est pas propre à ce site particulier; aussi trouve-t-on une autre explication, plus poétique. Bien avant la construction de la ligne, dans ce coin de Verviers proche des campagnes de Beausinchamps, la gent ailée s'égosillait à loisir pour ajouter au charme bucolique de l'endroit. Et les joyeux chic-chac de retentir dans les bosquets! Pourquoi-pas, dira-t-on, puisque à moins de deux kilomètres, à vol d'oiseau bien entendu, il y avait bien un Champ ( ou un Chant suivant d'aucuns) des Oiseaux! Dans le "Manuscrit ensivalois Sébastien Idon", p. 106, on trouve cependant une curieuse mention ainsi libellée: Dans le mois de novembre (1772) à la maison appartenante à mr le bourgumaître Franquinet autrement dit Chique Chaque, un poirier dans le jardin a fleuri comme au printemps, qui faisait l'admiration de tous ceux qui sont allés le voir. Le bien immobilier en question était-il déjà, en 1772, dénommé Chic Chac ou, autre éventualité,son propriétaire, très probablement Antoine Godefroid Franquinet (1713-1775), était-il affublé de ce sobriquet dont l'origine, un défaut physique vraisemblablement, reste bien malaisée à déterminer? Le 11 juillet 1783, au partage des biens de cet ancien bourgmestre de Verviers, un de ses fils, Pierre Henri Joseph, reçut, entre autres, une maison et fonds à la Xhavée, soit pratiquement à l'emplacement du lieu-dit qui nous intéresse. Bien sûr, la citation du "Manuscrit Idon" ne clôt pas le "dossier", et il est possible que d'autres éléments s'y ajouteront dans l'avenir. Mais n'est-ce pas le propre de toute recherche d'être souvent remise en question? Quant aux traditions, ne nous berçons pas d'illusions, elles sont tenaces, au point de servir de référence à certains guides touristiques bien intentionnés. (Au sujet des Franquinet, voir Maurice THUNUS, Une famille notable de Verviers, les Franquinet, in Bulletin des Archives Verviétoises t. XVII (1986-1987), pp. 129-132. Voir également, en ce qui concerne la Chic-Chac et son tunnel ( par la suite, ses tunnels), Georges HENRARD, La gare de Verviers-Central au fil des rails et du temps, Dison, 1991.)
Georges-Xavier CORNET, vice-président de la SVAH |
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Mise à jour le Lundi, 11 Mai 2009 05:55 |