Cela fait 25 mois déjà que Loreta nous fait vibrer aux sons de la vie
Écrit par Loreta Mander   
Dimanche, 01 Décembre 2013 17:21

Loreta, nous partage sans fausse pudeur, avec simplicité, coeur et passion, son carnet de bord, celui d'une femme sur le chemin, là où la montagne se dresse.
Son 25ème volet est comme toujours touchant ou bouleversant,... comme les autres lettres qui ont précédé ! 

Comme un cri, elle nous disait : "Il ne faut pas attendre le pire pour s'arrêter et réfléchir un peu à soi. Je ne suis pas plus forte qu’une autre, mais une espèce d’instinct animal me pousse à me battre de plus en plus hargneusement et ça je ne peux l’expliquer. Lors de son premier échange Loreta se présentait ainsi : "La maladie est pour moi une forme de chance, comme un rappel à la vie".

Ca n’est pas dans mes habitudes, mais je commencerai par un coup de gueule :

Une ministre française "avoue" son cancer, met au jour son "courage" et prône que les malades envisagent de ne pas arrêter de travailler pendant leur traitement. On aura tout entendu. Non Madame, le cancer n’est pas une maladie honteuse comme ne le sont ni le Sida ou la lèpre. Alors pourquoi le cacher ? Peur de perdre votre siège, sur lequel vous êtes confortablement assise. Je me fous que vous soyez de gauche, de droite ou du centre, vous êtes, à mes yeux, un simple être humain comme nous tous.

Pour une fois que vous auriez pu faire un geste pour aider vos compagnons d’infortune, vous avez juste raté le tournant Chacun traverse « sa » maladie en fonction de son vécu, de son acceptation des coups durs, de l’estime qu’il a de lui-même, de la façon dont il est entouré. Vous êtes courageuse, je le conçois, mais nous sommes des milliers à afficher cette rage de vaincre et, parfois, dans la solitude et le dénuement les plus complets.

Parler de ce fléau, c’est aussi pousser un grand cri. C’est promouvoir la prévention, élément important et crucial, c’est hurler que ça n’arrive pas qu’aux autres.

C’est peut-être même aider ceux qui ne sont pas conscients que la vie ne tient parfois qu’à un fil. C’est conscientiser les masses, ce qui est un peu votre « core business », non ?

Sachez, Madame, que tous les malades ne sont pas égaux devant la maladie, que ça soit au niveau moral, résistance physique, type de cancer, entourage et moyens financiers. Vous banalisez cette maladie, que l'on dit grave, on vous érigera une statue dans la cour de l'Elysée pour la postérité, en retour de ce combat silencieux. Bravo, dira la foule de vos confrères et autres people ! Réveillez-vous Madame. Regardez autour de vous ou bien n'avez-vous pas côtoyé vos compagnons de détresse dans les couloirs et salles d'attente de l'hôpital. Votre statut vous a peut-être donné la possibilité de subir tout cela à l'abri des regards indiscrets. Après tout, vous êtes un personnage public. Il ne faut pas trop montrer les signes que laisse irrémédiablement la maladie. Comme une certaine Angelina qui se pose en guerrière en avouant avoir anticipé l'ablation des deux seins pour éviter tout risque de cancer. Et qui réapparaît quelques mois plus tard, radieuse et pimpante avec une poitrine à faire rêver toutes les amazones que nous sommes. Dites-moi, qui vous soigne ? A quelles techniques impayables faites-vous appel pour rester aussi belles à regarder ? Bien sûr, tous les malades n'ont pas vos moyens financiers pour avoir recours à tout cela. Y avez-vous pensé un seul instant ? Vous n'êtes pas plus courageuses que les autres, vous traversez juste un orage qui laisse des traces indélébiles, mais qui nous grandissent.

A bon entendeur !

PS : ce texte m’a valu les réactions de certaines personnes qui, en résumé, me disent qu’envier les prérogatives de quelqu’un est un très vilain défaut. Je souligne simplement que le cancer est un fléau et une maladie grave, de laquelle on ne sort plus « comme avant ». Et que nous soyons pauvres, riches, intelligents ou illettrés, nous devenons tous égaux devant elle. Personne n’est plus courageux ou plus admirable dans cette guerre, juste un être humain qui réagit du mieux qu’il peut.

 

 

Mardi 12 novembre 2013

J’ai été paresseuse, je l’avoue. Je n’avais pas besoin d’écrire. Hier, direction hôpital pour (normalement) recevoir mon Herceptine. Nom d’une pipe, quelle journée.

J’avais un rendez-vous à 11h15 chez l’hépatologue pour le suivi de ma dernière hospitalisation pancréatique. Ils veulent absolument aller y voir de plus près. Descendre par voie buccale un fin tube équipé d’une caméra et aller inspecter mon pancréas, afin de comprendre pourquoi je fais ces pancréatites à répétition. Croisons les doigts, je n’ai plus de symptômes pour le moment, mais au prix d’un régime strict. Il décide qu’on le fera jeudi prochain, mais qu’il faut voir l’anesthésiste auparavant, ainsi que passer un électro-cardiogramme, puisque ça se fera sous anesthésie générale. Je suis lasse, encore une journée et une nuit à l’hosto. Et moi qui ai une peur bleue de l’anesthésie. Mais je ne suis pas prête psychologiquement à faire cet examen désagréable et il n’y a pas d’urgence, donc on décide de le reporter au 16 janvier 2014. D’ici là, on verra bien.

Moralité, après des heures d’attente dans les différents services, je rentre à la maison, Herceptine et vaccin anti-grippe reçus, aux environs de 18h30. Je suis crevée et je vais me coucher à 22 heures pour m’endormir comme un bébé.


Mercredi 13 novembre 2013

C’est la journée mondiale de la gentillesse, mais, pour moi, ça n’est pas la journée de la technologie. Pfff encore une journée spéciale.

A 10h, je me connecte à internet et la connection me lâche.

A 10h15, j’appelle l’hôpital pour avoir mes prochains rendez-vous, la communication se coupe à trois reprises. Quand on sait le mal qu’on a à les joindre.

A 10h45, j’appelle la compagnie d’assurance et j’ai droit aux 4 saisons de Vivaldi dans son intégralité pour m’entendre dire au bout du fil « désolée, je vous passe le bon service ». Grrrr, ça commence à m’énerver.

A 11h, j’appelle le dentiste pour un rendez-vous, pas de réponse.

A 11h15, j’essaye de remplir online un formulaire pour ma prochaine hospitalisation…. Pas possible Madame, c’est trop tôt, revenez dans deux jours.

Oui, attention ça commence à me gonfler.

Je cuisine de la soupe. J’empoigne le mixer, qui me lâche lamentablement. Tu pousses sur le bitoniau, mais il ne répond plus. Ceci dit, il a 15 ans, donc c’est un peu normal. Oui, mais, ça n’est pas la bonne journée Mr Mixer.

Et le clou, on part faire nos courses chez Carrefour. Après 10 minutes, caddy déjà entamé, un grand clic plonge tout le supermarché dans le noir complet. Alors là, une étude des comportements s’amorce. Certains, comme si de rien n’était, continuent leurs courses à la lumière de leur téléphone, d’autres tâtonnent, d’autres s’arrêtent ou abandonnent leur caddy dans l’allée en se disant que ça ne se rétablira pas de sitôt. Nous, on attend en se marrant. La voisine de caddy, un peu énervée, me signale qu’ils n’annoncent rien au micro, que c’est quand même un peu fort. Mais lorsque je lui signale que le micro fonctionne aussi à l’électricité, elle revient sur terre et se rend compte de la stupidité de sa remarque. Après une bonne heure, la lumière revient. J’imagine le nombre de clients qui ont consommé sur place ou sont partis avec leurs courses sous le bras, vu que toutes les portes étaient ouvertes et que les alarmes ne fonctionnaient plus.

Tu te rends compte à ce moment à quel point tu es dépendant de la technologie. Avant, on prenait une bougie et on continuait. Mais essayes de faire fonctionner la caisse avec des bougies !!!

 

 

Mardi 18 novembre 2013

Ouh que je n’aime pas cette météo humide et glaciale, annonciatrice d’un hiver rude et long. J’ai décidé de commencer à écrire. Beaucoup de personnes me demandent pourquoi je n’édite pas mes carnets de bord. Parce que je ne suis pas une écrivaine. J’écris comme je parle, sans réfléchir. Mais je m’y suis quand même attelée, pour le fun et pour mon bien-être.

Qui sait ce que cela deviendra, mais j’écris. Je raconte mon histoire et mon chemin, suivis de mes carnets de bord. Mais ça intéresse qui ? A part moi et les gens que j’aime. Quand j’ai appris la maladie, je n’ai pas eu le réflexe (ou l’envie) de tenir un carnet de bord. Lorsque j’essaye de me rappeler le fil conducteur, plusieurs choses m’échappent et surtout les dates. Je suis tellement occupée à regarder devant moi, vers mon avenir, que j’occulte une partie du passé. Par volonté ? Par envie ? Inconsciemment ? Je ne saurais le dire. Je dois m’aider de rapports médicaux et de radios pour que les souvenirs se réveillent tout doucement.

Mon cerveau les aura probablement occultés quelque part dans les armoires de ma mémoire. Parfois, on a jeté les clés pour ne plus devoir en ouvrir les innombrables tiroirs. Cela ranime des bribes de vie auxquelles sur lesquelles je ne désire plus revenir. Trop de souffrance, trop de questions, trop de tout… alors je les oublie. Mais c’est un super exercice. Une fois pour toute, immortaliser l’inimaginable à mes yeux et puis on rangera tout ça précieusement à leur place. Après tout, le vécu, bon ou mauvais, font de nous ce que nous sommes maintenant. Il nous a construits, forgés, donné la force d’aller toujours plus loin, le plus loin possible, jusqu’à l’impossible.

Des amis m’ont encore fait parvenir des vidéos de mon anniversaire et ça m’a fait un super plaisir de revivre ces moments de convivialité et de sincérité.

En faisant mes achats de Noël (je m’y prends tôt car je n’aime pas la foule dans les magasins à cette période), je m’aperçois que j’aime de moins en moins ce qu’on appelle les fêtes de fin d’année. Tout reluit, tout clignote, tout « blinque » jusqu’à l’indigestion. Est-on vraiment obligé d’attendre ces fins d’années pour se souhaiter les meilleurs vœux de bonheur et de bonne santé ? Serait-ce inimaginable de le faire tout au long de l’année et, de préférence, quand il fait chaud. Trop de gens sont à la rue ou vivent sous le seuil de pauvreté.

 

Que veut bien dire cette expression bizarre ? Quand on est pauvre, on est déjà sur le seuil. Comment est-ce possible d’être sous ce seuil ? Si on décortique l’expression, c’est bien de cela qu’il s’agit. Les uns vivent pauvrement, d’autres les mettent sous le sol. Pauvre monde que nous avons engendré. Tout ceci pour vous dire que Noël et Sylvestre seront des jours comme les autres. Je ne changerai pas un iota à ma vie quotidienne, uniquement parce que des financiers ont décidé que le salaire du mois devait partir à ce moment en victuailles et autres vins précieux. Ca n’est que mon humble avis, mais pour moi, c’est Noël tous les jours, parce que tous les jours je me fais le vœu d’aller mieux. C’est la période de l’année où tout doit être fait dans les règles : les repas, l’accoutrement vestimentaire, le sapin, les boules, les guirlandes, sans oublier les inévitables Jingle Bells partout, même dans les ascenseurs.

Peut-être que cette musique active un réflexe chez l’humain ? Celui de sortir son porte-feuille et d’en extirper jusqu’au dernier billet pour enrichir parfumeurs, traiteurs et autres fournisseurs de luxe. Pour un soir, on vit comme un riche. On mange du foie gras (beurk c’est pas bien quand on connaît le calvaire des canards qu’on gave), du caviar, on boit du champagne, on cuisine des plats « hors quotidien », on mange des pains spéciaux (qu’on ne savait même pas qu’ils existaient auparavant), on se gave de chocolat superfins, et tout et tout.

Ce qui me choque le plus n’est pas tout ce tralala, car je comprends que certains aiment cette occasion pour se réunir et faire la fête, mais c’est surtout tout l’argent dépensé par la communauté pour des choses futiles. Les illuminations, par exemple. Et si on reste seul ce soir-là, on se considère comme malheureux. La surconsommation d’électricité, l’overdose de décorations de tout style (pas toujours du meilleur goût d’ailleurs), les sapins qui viennent de loin au mépris d’un comportement écologique, l’argent gâché dans la pub des rochers bien connus de l’ambassadeur et autres victuailles de saison…. Alors que certains vivent sous ce fameux seuil de pauvreté.

Puisque chacun prône le partage et la paix, pourquoi, pour une fois, une fois seulement, ne pas laisser tomber le tralala et offrir cet argent à ceux qui en ont réellement besoin en Belgique ou ailleurs. Mais c’est utopique, je sais. Ca en devient même cliché. J’ai l’impression d’entendre une Miss en devenir.

Rassurez-vous, je ne suis pas devenue un vieille réac râleuse. J’étais déjà râleuse avant, ça ne fait que s’amplifier avec les ans qui passent.

La seule chose qui me réjouisse, c’est de voir les yeux pétillants de mes petits-enfants quand ils ouvrent leurs cadeaux et qu’ils croient que le Père Noël est parvenu à descendre par la cheminée. Le pauvre…. J’avoue que je me plie encore à cette coutume, parce qu’il y reste de la magie, parce que les enfants voient encore la vie avec leurs vrais yeux d’enfants.

Par contre, l’hiver est le moment où la pauvreté, la vraie, se voit. Je me souviens de Noël à la maison quand j’étais enfant. Il ne manquait jamais le jouet (à l’époque, on n’en recevait qu’un) devant lequel je m’émerveillais et que je gardais précieusement pendant de longues années (j’ai encore mon nounours d’ailleurs). C’était pour moi le plus beau jour de l’année. Pour le reste, maman nous cuisinait des pâtes, comme d’habitude, parce qu’il n’y avait pas d’argent pour acheter des produits « exotiques ». Mais rien ne me manquait. En fait, je ne connaissais pas ces produits et ne savais pas quel goût ils pouvaient bien avoir. Et puis, j’adore les pâtes, surtout celles de ma maman. C’était un rituel qui commençait tôt le matin. Elle préparait la pâte et la pétrissait sous ses doigts. Un vrai spectacle. Elle la transformait en spaghettis ou tagliatelles, qu’elle laissait sécher sur la table de la cuisine pendant quelques heures. En même temps, elle préparait la bolognese, comme là-bas dis donc. Ca sentait super bon et quel régal quand elle nous servait tout cela pour consommer un super repas. Une maman sait toujours faire plaisir, ça se sait.

Une maman c’est une personne qui sait faire tellement de choses en même temps. Elle est toujours à l’écoute, elle sait quand ça fait mal, elle sait quand on est amoureux. Et comme dit Arno dans « Les Yeux de ma mère », dans ses yeux, il y a toujours une lumière.

Pendant que j’écris, je crois rêver. Le chat regarde Tom et Jerry à la télévision. Elle se contente de plaisirs simples, la fifille.

 

 

Dimanche 24 novembre 2013

Encore des tas de jours sans écrire, mais RAS comme on dit. Entretemps, des infos qui nous mettent devant de bien tristes réalités : un ouragan aux Philippines, notre société qui part à la dérive et, malgré cela, des autorités qui nous assurent que la crise est terminée. Ah oui ? Pour qui ? Cherchez l’erreur !

Mais nous sommes tolérants, puisque les derniers sondages nous apprennent qu’on repartira avec les mêmes. Jusqu’au jour où le « peuple » ne pourra plus avancer, devra trouver des solutions alternatives à la surconsommation. Ne pourrait-on être heureux sans avoir le superflu ? Apparemment non. Si nous ne suivons pas le trend, on est des asociaux ou des exclus. Est-ce une avancée que de posséder le dernier joujou technologique ? Posez-vous la bonne question.

Si demain je perds tout (quand je dis tout j’englobe l’argent, la bagnole, la maison et tout ce qui fait que nous sommes des êtres qui « vivent bien »), serais-je capable de me contenter du strict minimum, c’est-à-dire une assiette remplie à chaque repas, la santé et l’amour et une caravane pour s’abriter des mauvais vents ? La plupart me répondront non, ça n’est pas possible. Forcément, puisque l’argent est le seul pouvoir aujourd’hui. Pas de bras, pas de chocolat, comme on dit. Certains reviennent à de vieilles habitudes, comme le troc, la vie en communauté ou les achats globaux. Le Larzac se repeuple de jeunes qui savent qu’ils ne s’en sortiront pas seuls et qui se regroupent comme les hippies d’antan. Sauf que les hippies s’engageaient dans une philosophie, plus basée sur l’amour que sur l’argent.

Aujourd’hui, la réalité quotidienne nous pousse à nous engager dans un combat économique, à revenir aux vraies valeurs. Mais je ne parle pas ici de ceux qui croient toucher le bonheur en partant pendant une semaine pour vivre une retraite monacale, pour se laver du stress quotidien. Et qui, après cette semaine purificatrice, retournent dans ce monde de cinglés qui les oblige à courir, à rester les meilleurs, à être au top de la pyramide économique, à paraître plus qu’à être. Le bien-être se cultive chaque minute et non pas pendant une semaine de vacances. Pour cela, il reste encore beaucoup de chemins à parcourir. Au fond, on devrait inclure des cours de « bonheur » dès la plus tendre enfance. Apprendre aux petits que, non on n’est pas plus heureux si on possède un i-phone ! Apprendre que l’amour et la sincérité sont les moteurs de notre vie. Apprendre à nous aimer avant d’aimer les autres. Mais c’est bientôt la période des bonnes résolutions de nouvel-an. Les fameuses résolutions. Qu’on tient pendant quelques jours et qu’on s’empresse d’oublier, poussés par le rythme effréné de notre société. Pas de place pour les utopistes, pas de place pour les rêveurs. Dommage !

Du coq à l’âne, un super reportage de l’émission Thalassa sur les tempêtes. J’admire ces hommes qui pratiquent des métiers très difficiles. Ces pêcheurs qui affrontent les éléments. Chapeau messieurs, mesdames pour votre détermination.

J’ai enfin vu le film « Intouchables ». J’avais un peu peur, après tout le ramdam qu’on a fait autour de cet opus, que ça soit cliché. J’ai ri, j’ai apprécié autant le scénario que le jeu des acteurs. Un sujet difficile à traiter sans tomber dans le misérabilisme. Mais c’est très réussi. Comme quoi, on peut arriver à rire de tout, sans jamais se moquer, sans être méchant.

 

 

Jeudi 28 novembre 2013

Un proverbe dit, qu’après 60 ans, si tu te réveilles sans avoir mal quelque part, c’est que tu es mort. P….. que c’est vrai. Le dos, les bras, les genoux. Prête à porter un t-shirt avec l’inscription « Chef-d’œuvre en péril ». Ca craque de partout. J’ai enfin la réponse à deux questions que les jeunes (et moi-même à cette époque) se posent souvent :

  1. pourquoi les vieux se lèvent si tôt ? parce qu’ils n’ont plus sommeil

  2. pourquoi les vieux adoptent le pas de sénateur ? parce qu’ils ne peuvent plus marcher plus vite

Il me reste à trouver la réponse à une troisième question : pourquoi les vieux font leurs courses ou prennent le bus pendant les heures de pointe ? Cette attitude m’a suffisamment fait râler quand je faisais partie des actifs du monde du travail. Et bien, je n’ai pas la réponse, car je n’ai pas encore exploré ce côté obscur du vieux. Peut-être redevient-on espiègle en prenant de la bouteille ? Promis, quand j’aurai expérimenté la chose, je vous ferai part de mes impressions. Certains appellent cela « retomber en enfance » ou « séniliser ». A quand tirer les sonnettes de chaque maison et s’enfuir ensuite ?

En regardant un artiste que je n’avais plus vu depuis longtemps à la télé et qui avait déjà un demi-lustre derrière lui, je me suis écriée « oh p…. qu’est-ce qu’il a changé ». Ca en devenait presque pathétique. Puis, je me suis retournée vers JM et lui ai dit « ben nous aussi finalement ». A force de se rencontrer chaque matin dans la glace, on s’habitue à notre reflet, on trouve qu’on n’est pas si mal conservé…. mais si on fouille dans les anciennes photos, on voit bien la différence.

C’est à ce moment qu’on se dit qu’on ressemble de plus en plus à nos aïeux. Pourtant, vieillir est aussi une justice sur cette terre. C’est le sort de chacun. Egalité pour les pattes d’oie, les rides, les bidous rebondis et autres joyeusetés qui prouvent qu’on a l’expérience de la vie. Nous, les femmes, avons la chance que des multinationales se penchent sur notre cas. Ils inventent des crèmes qui, promis, te feront perdre 10 ans en 10 jours et qu’on ne verra plus la différence entre ta fille et toi. Mon œil ! Comme tout le monde, j’ai essayé et je peux vous dire que ça ne marche pas. Au mieux, on arrive à masquer quelques ridules, mais les vrais rides d’expression, comme on les appelle pudiquement, sont bien là et bien visibles.

A quoi bon combler tout cela avec des produits soi-disant miracle qui te font ressembler à un vieux potiron fâné dans lequel on aurait injecté de l’air pour lui donner l’aspect lisse d’un ballon de foot. C’est ridicule, je trouve. Aurais-je aimé avoir une grand-mère qui avait la peau lisse d’un bébé, des lèvres gonflées et des yeux qui seraient tellement tirés vers le haut qu’elle aurait fini par ressembler à une descendante de la civilisation des Ming ? Non, bien sûr. Ce que je retiens de ma nonna est qu’elle avait la peau ridée, les cheveux blancs et un tablier noir. Ca voulait dire qu’elle était intouchable et avait une réponse à toutes les questions.

C’est fou ce que les gens ont peur de vieillir. Peut-être parce que cette période de la vie nous rapproche de plus en plus de la fin ? C’est encore plus vrai avec les personnages publics. Si tu es vieux et ridé, tu ne plais plus. Il faut donner une image d’éternelle jeunesse. Ah les fameux standards de la société. Etre mince, être lisse, être grande, avoir des mensurations de rêve…. Franchement, vous imaginez une société où tout le monde serait bâti sur le même moule ? Sans personnalité ? Non, je préfère devenir une nonna qui porte le masque du vécu.

La fameuse image qu’on projette sur les autres. Ces autres qui jugent, qui donnent leur avis, qui, de toute façon, y passeront également. La roue tourne. Quand j’avais 3 ans, je ne voulais pas embrasser la voisine de palier parce qu’elle piquait, je trouvais les copines de ma mère très vieilles (alors qu’à l’époque, elles avaient tout juste 35 ans). Ca a commencé quand les copains de mes enfants m’appelaient « Madame » quand ils venaient à la maison. Ca fout un coup de vieux mais ça prouve qu’ils ont la notion du respect. Comme quoi, il y a toujours un côté positif dans chaque chose. A nous d’opter pour cette solution et tout le monde sera heureux de ce qu’il est. Nous sommes ce que nous sommes, c’est ainsi.

Rester naturel avec nos avantages et nos inconvénients, être plutôt que paraître, la vie sera bien plus simple à vivre. Je suis comme je suis, n’en déplaise aux autres, et je n’ai pas l’intention de changer. A prendre ou à laisser, comme on dit !

Et pour terminer ce laïus…. Je persiste à crier take the best…. Vous connaissez la suite !

 


 

Mise à jour le Dimanche, 01 Décembre 2013 17:35