Florian Caucheteux : Art-gens
Écrit par Best of Verviers   
Dimanche, 19 Décembre 2010 10:03
Florian Caucheteux est graphiste, habite Polleur de sa profession : professeur d'infographie et de graphisme à Saint-Luc. A ses heures perdues, Florian est aussi artiste et c'est dans ce cadre qu'il vient de présenter à l'Atelier Marguerite à Theux, ses dernières toiles. Florian, bonjour ! Voici un beau projet qui touche à sa fin.  Nous avons voulu partager quelques réflexions de fond avec vous suite à cette exposition.

Artiste et graphiste, ne sont-ce pas deux mondes très différents ?
Non, ils sont liés. Je sais pas si je suis un graphiste ou un artiste sans doute beaucoup des deux.
Le côté graphiste : là je me charge de créer des outils de communication pour divers clients et ce comme freelance depuis 7 ans. Il faut avoir la tête un peu dans les nuage et les pieds bien sur terre. J'ai terminé mes études de graphiste à Saint-Luc en 1998. C'est déjà si loin.
Le côté Artiste : il est présent depuis ma plus jeune enfance. Ma mère est pianiste, mon père a fait les beaux-arts : dès notre plus petite enfance (Mes deux soeurs et moi), nous avons (comme beaucoup d'enfants) été plongés dans cet univers artistique. Après avoir tenté du violon et des percussions, j'ai vite opté pour les beaux-arts en préparatoire. Les cours étaient donnés par S. Gangolf et Dubois (deux artistes très connu à Verviers). Depuis cette époque, je n'ai plus arrêté mon parcours scolaire orienté artistique. Tamara (ma petite soeur) est maintenant pianiste et professeur de piano.


La rencontre, ce petit moment magique de la vie, entre deux personnes, est-ce quelque chose qui a de l'importance pour vous dans votre vie.
Vous n'imaginez pas l'importance que cette rencontre peut avoir à mes yeux. C'est la base de la vie.
Les valeurs humaines sont de plus en plus obsolètes et noyées par l'argent.



Notre société semble tellement évoluer qu'on a l'impression que certaines valeurs changent.
L'éducation d'une part et la vie au quotidien où les enfants sont confrontés à toutes les facettes de la société de consommation d'autre part, semblent induire chez nos jeunes des sentiments qui nous éloignent de l'essentiel.

Je veux pas jouer au vieux con, car je n'ai que 34 ans, mais je trouve que beaucoup de personnes perdent vite pied et toutes valeurs de respect de la dignité humaine. Très souvent la cause, c'est l'argent. Lorsque je fais allusion (dans le reportage de télévesdre) à toutes ces personnes qui roulent dans de gros Ranch ou autre 4x4, je mets l'accent sur le fait que ces personnes sont omnubilées par le résultat et l'argent.

Je suis certain que ces personnes ont le droit de montrer d'une manière ou d'une autre leur réussite professionnel. Mais je le trouve tellement cliché. Je suis toujours amusé de constater que ces palabres en 4x4 sont toujours pendus à leur GSM au volant... je me dis alors; plus de sous pour se payer un kit main libre ou bien la cerise sur la gâteau, j'ai de quoi payer mes procès... lol
D’un point de vue général, on vit dans une société où tout va vite ! Très vite. L’information vient à vous à la vitesse de la lumière, c’est impressionnant.



En tant que professeur à Saint-Luc, trouvez-vous que l'enfant, le jeune, l'adolescent, trouve encore suffisamment de quoi rêver, nourrir son imagination, sa créativité ?

Oh oui, en tout cas chez nous, oui. On lui donne de quoi cultiver son imagination. Ce que nous demandons bien souvent à nos élèves c'est de penser, rêver comme lorsqu'ils étaient enfant. Exemple : Un enfant, prendra un bout de bois, il en fera une épée si c'est un garçon, si c’est une fille, ça deviendra une baguette magique.        
Notre rôle: c’est de permettre à nos élèves de devenir non seulement de bons techniciens en infographie mais surtout de bons créatifs. La formation que je donne à Saint-Luc est une formation exigeante mais passionnante. Nous observons que les élèves qui réussissent le mieux, sont ceux qui ont un objectif scolaire et parfois même déjà professionnel bien abouti.
Je donne des cours de création graphique et des cours d’infographie depuis 7 ans. Je n’ai vraiment pas l’impression d’exécuter un travail mais plutôt de transmettre des compétences et une passion.   



Comment est née l'idée de l'expo ?
L’idée de l’expo ! C’est une suite logique. Je ne me suis pas dit, je vais faire une expo. J’ai d'abord commencé à créer. Ensuite, j’ai eu l’opportunité de montrer mes créations à LIBR’Art en septembre. Je les ai ensuite mises en dépôt à Mons avec une expo d’un WE au SHAPE de L’OTAN.
Maintenant, je suis déjà sur d’autres créations sur base des billets de banques. Je continue à produire.



Quelle était votre envie, votre but en réalisant ce travail sur les billets de banques ? Artistique d'abord mais philosophique aussi, j'imagine ?
Le but, c’est de dabord travailler ma créativité. J’en ai besoin c’est vital. L’an passé, j’ai décidé de me remettre à créer pour moi et me recentrer sur mon graphisme. Pendant cinq ans, j’ai développé divers projets commerciaux et graphiques important. Le magazine Nature et Privilège, la Fête de la Nature, le Salon Saveurs et Vous, le Guide Nature... tous ces supers projets m’ont passionné. Je suis vraiment content de les avoir réalisés. Mais à la fin, je n’étais plus épanoui mais plutôt stressé par les résultats et les échéances.

Durant ces cinq années, j’ai rencontré des personnes supers qui m’ont fait confiance et avec qui je travaille toujours aujourd’hui. Mais j’ai aussi rencontré des personnes sans scrupule, malhonnêtes... pas la peine de parler plus longtemps de ces personnes. En mai 2010, alors où j’avais déjà commencé mes créations graphiques, j’ai du prendre une décision importante, continuer Nature et Privilège (la version papier) ou l’arrêter. J’ai décidé d’arrêter.
J’ai donc pu me consacrer à 100% à mes créations et à mes clients courants.
Mon objectif avec les billets de banque : Créer, observer, retranscrire, réinventer un langage, évoquer, expérimenter, évoluer.
J’avais envie de mettre à l’honneur le graphisme et la culture de chaque pays à travers un médium plutôt important. Les billets de banque. Beaucoup de personne sont capables du pire comme du meilleur pour de l’argent.

A l’heure actuelle, tout se vend, tout est payant, tout doit être valorisé...  J’ai donc eu envie de redonner une valeur à des objets papier qui n’en ont plus. Vu que je travaille principalement avec des billets de banque qui n’ont plus court. C’est quand même amusant de penser qu’un bout de papier passe du jour au lendemain à d’une valeur de “n” francs, dollar, yen... à rien du tout.  


Mes créations sont réalisées principalement à l’ordinateur (dans Photoshop et illustrator avec une tablette graphique wacom). Lorsque ma création est terminée, je l’imprime sur toile et la monte sur un chassis. Ce geste pourrait être reproduit à des milliers d’exemplaires, mais non, grâce au billet de base (car j’en ai bien souvent un ou deux exemplaires) j’intègre le billet dans la toile afin de la rendre unique.  La toile est ainsi retouchée avec le billet, des badges, de l’acrylique, de la couture, du collage, etc. La création ne se limite pas à une seule technique.
En résumé, je fais de l’art avec de l’argent alors que d’autres personne font de l’argent avec de l’art.

 


 

Aimez-vous les symboles ?
Je vis avec, comme beaucoup de monde, mais je les crée aussi. Lorsque je crée un logo pour une entreprise, je crée également un symbole. Les billets de banques sont remplis de petits symboles. C'est une matière graphique inépuisable.


Sortez-vous différents après avoir réalisé ce travail ?
Oui, je dois vous avouer que lorsque j’ai réalisé ma première création avec l’ancien billet de 100 francs belges, j’ai eu un peu du mal à détruire cet objet de papier. Il me rappelle tellement de souvenirs. Mais lui donner une seconde vie, c’est quand même amusant.
D’un autre point de vue, mon expression artistique me permet de rencontrer des personnes et d’échanger des points de vue. Ça me permet d’évoluer. Je reçois de plus en plus de vieux billets du monde entier. Pas plus tard qu’hier, j’ai reçu d’un Theutois, une pochette avec quelques billets asiatiques dont un énorme billet de 10 000 000 de Yen, (aucune valeur monétaire) mais un potentiel graphique extraordinaire. A la question, sortez-vous différents après avoir réalisé ce travail, je réponds oui et ce n’est que le début...


L’expo est visible dans son atelier à Polleur.

Merci Florian pour cet échange de fond !

Adresse : Florian Caucheteux

Avenue Félix Deblon 27, 4910 Polleur 

http://www.florkey.be - 0476 54 75 7

Mise à jour le Dimanche, 19 Décembre 2010 10:26