Perrine, réaliser mes rêves : Alice Spring 23/12
Écrit par Perrine Reul   
Samedi, 19 Décembre 2009 11:43

Bonjour, Mon Prénom est Perrine, qui veut dire “Petit caillou” en breton et mon nom de famille est Reul, de « y a que les Reuls qui sont malins ! ». Je viens de la fabuleuse rue des Eglantines à Stembert où mes parents habitent toujours et j’ai deux frères mécanos (le bien connu garage Reul Sport)

J’ai 26 ans mais sur la route depuis longtemps… J’ai fait mes secondaires à Notre-Dame Heusy, puis est venu, comme pour tous, le moment de choisir un métier et d’en faire les études. Mon choix fut : Mes rêves !!!

Il était temps de refaire mon baluchon. Après avoir fait un tri dans mes affaires, je n’avais plus un sac mais un baluchon. Je voulais voyager léger, j’étais à nouveau libre comme l’air.

J’avais laissé partir Emilie avec le petit van que l’on avait acheté quelques mois auparavant. Elle était devenue comme une sœur. Nos envies et nos rêves prenaient des chemins différents et nous voulions continuer à les vivre même si cela signifiait chacune de notre côté. J’ouvrais ma carte d’Australie avec les mêmes yeux que si je l’ouvrais pour la première fois. 

L’idée de me remettre en route pour de nouvelles aventures plus désertiques me faisait sauter de joie. Alice spring était en plein milieu de la carte, entourée de désert. 1500 kilomètres la séparaient de toutes autres villes. Partir à sa découverte devenait alors ma carte aux trésors.

J’accompagnais Chris qui lui aussi allait à Alice dans le but d’acheter deux chameaux. Nous avions prévu d’y aller par le chemin le plus court, à travers le désert Tanami. Je me réjouissais à l’idée d’être dans le désert mais la traversée fut longue et ennuyeuse. Les plaines du Tanami sont loin de ressembler au Sahara. Elles sont peuplées de petites végétations et d’arbustes épineux, loin d ‘être photogéniques puisque assez solides pour tenir le coup sans eau !

 


J’étais heureuse d’arriver. Chris repartit après quelques jours en direction de Broome. Et je me retrouvais alors plongée dans le coeur de l’Australie avec pour seul ami, mon sac à dos. Je me sentais comme téléportée dans un autre monde. Cet endroit ne ressemblait en rien à ce que j’avais connu jusque là. Tout semblait différent. Les gens semblaient se séparer en deux catégories bien distinctes. Les touristes, venus visiter Ayers rock et de passage en ville. Facilement reconnaissables avec leurs chaussettes blanches et l’appareil photos prêt à déguainer. Et les locaux, blancs et aborigènes venus d’un peu partout, ils étaient arrivés un jour dans cet oasis pour n’importe quel raison et ne l’avaient plus quitté...

Mais qui étais-je? Loin de ressembler à une locale, je ne voulais pourtant pas être une touriste non plus. Je n’aimais pas cette image de blanche venue d’ailleurs pour dépenser son argent. J’avais besoin de trouver ma place dans ce nouvel environnent et le seul moyen d’y arriver était la raison pour laquelle j’étais venue jusque là : les chameaux.

Depuis mon arrivée dans le nord du pays, j’étais fascinée par ces animaux aussi attachants que têtus. Et je voulais mieux les connaître. J’établis alors la longue liste des trois fermes de chameaux de la région d’Alice. Après deux réponses négatives, je me disais alors que si personne ne voulait de moi, je n’aurais plus qu’à pleurer sur mon sort et en vouloir à vie à mon optimiste intuition. J’appelais alors Neil Waters avec tout l’espoir qu’une petite fille peut avoir dans la voix, ce qui n’aide pas vraiment car bégayer tout en assurant qu’on parle bien la langue n’est pas tout à fait crédible. Quoi qu’il en soit, une personne s’en allait et je pouvais prendre sa place. La ferme était située à 90 kilomètres au sud d’Alice. Pas de réseau téléphonique, ni de connections au net. Je m’apprêtais à vivre pour quelques mois caniculaires dans le désert avec pour nouveaux amis, ces étranges créatures à bosses. Je m’acclimatais rapidement à la ferme. J’aimais énormément ces longues journées à l’extérieur comme si j’y avais toujours été habituée. J’étais heureuse d’apprendre à manipuler méticuleusement et autoritairement les chameaux.

 

 

Bien que certains d’entre eux me donnaient la frousse. Je fredonnais alors un petit air de Edith Piaf pour dissimuler mon stress et probablement le claquement de mes genoux l’un contre l’autre. Le plus grand supporteur de “la vie en rose” était ce jeune et immense chameau nomme Smokey. Tout jeune, sa tête arrivait aisément à 2m50 de haut et il devait peser dans les 800 kilos. Nous devions nous apprivoiser l’un l’autre mais je devais rester le maître.

 

J’avais par contre bien du mal à supporter les 45 degrés quotidien qui semblaient, ici, ne déranger personne. Je dégoulinais de grosses gouttes à chaque mouvement et je pouvais lire un petit rire moqueur sur les lèvres des chameaux, regardant le petit pingouin blond s’esquinter à attacher la corde autour de leur nez. Chaque jour qui passait m’apportait une raison de sourire et c’était ça pour moi la définition du Bonheur. C’est : Quant au réveil, on a ce sourire aux lèvres parce qu’une belle journée nous attend, sans savoir encore ce qu’il va arriver.



Chaque jour, j’étais exténuée. Après deux semaines de travail, je ressemblais plus à une guerrière qu’à une jeune femme. Mes pieds étaient remplis de cloches qui sonnaient à chacun de mes pas. Mes jambes étaient griffées, éraflees et sèches comme deux morceaux de bois et mes mains rassemblaient toutes ces qualités. Je n’osais plus serrer la main des touristes venus faire un tour à dos de chameau. A mon grand étonnement, la plupart d’entre eux me prenaient pour une locale. Peut-être avais-je réussi à me fondre dans le décor et à trouver ma place.

Alice me prenait dans ses bras et je m’y sentais bien...

Mise à jour le Mercredi, 23 Décembre 2009 08:58