Un Verviétois dans le trio fondateur du mythique GR 5 jubilaire
Écrit par Jean Brasseur   
Jeudi, 16 Avril 2009 20:55

Pour les randonneurs chevronnés, le GR 5 est un monument. C’est le sentier qui joint la mer du Nord à la Méditerranée.

Henri Léonard n’est pas un inconnu. Son nom revient souvent dans les infos des quotidiens régionaux parce que, à 79 ans qu’il ne fait pas du tout, le Verviétois de Nessonvaux est un conférencier hors normes, amoureux de sa région et un illustrateur qui sait, avec talent, écrire, causer et photographier.

 Et Henri, toujours actif, peut s’honorer d’être dans le trio fondateur du mythique GR 5, ce chemin de grande randonnée qui célèbre en avril, les 25 et 26 avril, à Spa, les cinquante ans de son balisage belge, un tronçon initial de 390 kilomètres de sentiers entre Bergen-op-Zoom, près d’Anvers et la mer du Nord, et Ouren, dans la vallée de l’Our.

 


 

« Il faut se replonger dans l’environnement des années cinquante, évoque Henri Léonard, invité d’honneur aux festivités jubilaires. A l’époque, les randonnées pédestres sont conditionnées par les possibilités de se déplacer grâce aux services publics, trains, trams et bus. La voiture est l’exception. Mais, pendant les grandes vacances, certains mordus sont dans le sud de la Provence. C’est le cas des amis Lucien Cailloux et Alain Dawance ».

Ici commence l’histoire belge du GR 5. Sur le plateau du Vaucluse, les deux Liégeois logent à l’auberge de jeunesse de Regain où François Morenas, le patron, est un accroc des pistes touristiques qu’ils tracent dans son Colorado du Lubéron. Lucien et Alain se joignent aux baliseurs formés par François qui, déjà, a du blanc et du rouge (les repères des GR en France, Belgique, Portugal et Espagne) jeté avec méthode entre Menton, et la Méditerranée, jusqu’à la frontière luxembourgeoise.

« En août 1959, poursuit Henri Léonard (il va avoir 29 ans), Alain qui est à Regain écrit à Lucien et lui suggère de prolonger les sentiers français en Belgique pour rejoindre, en finale, la mer du Nord. L’idée est née. Elle se concrétise dès septembre, le 6 très exactement où Lucien et moi montons à Hockai, sur la Hoëgne, pour donner les premiers coups de pinceau en blanc et rouge qui amorcent le balisage du premier Sentier ardennais de grande randonnée ».

Les trois géniteurs sont déchaînés. Le 12 septembre, à Liège, ils créent le Comité ardennais des sentiers et le 8 décembre 1961 voit le jour, officiellement, le Comité national belge des sentiers de grande randonnée qui, cinq ans plus tard, se constitue en asbl avec 30 membres fondateurs dont, bien sûr, le Verviétois aux souliers de marche qui, déjà, arpente les fagnes, le val de Hoëgne et la Haute-Ardenne en motivant des groupes qui, alors, sont composés de jeunes adultes que rien n’arrête.

Ainsi naît, grâce à Henri et à quelques téméraires, un sentier de référence au tracé entrecoupé d’auberges de jeunesse et de gîtes d’accueil d’Angleur à Vielsalm en passant par Fraipont, Hautregard, Spa, Charneux (Jalhay), Hockai, Mont-Xhoffraix, Stavelot et Logbiermé.

 

Le temps héroïque des pionniers

En septembre 1959, les baliseurs du GR5 naissant sont des pionniers et des bénévoles. Henri Léonard n’a pas oublié cette période épique où, avec son épouse, il allait en train ou en bus rejoindre le terrain à délimiter.

Au dos, un sac. À portée de main, les seaux avec les peintures rouge et blanc, les pinceaux à usure rapide et l’indispensable brosse métallique à passer obligatoirement, et délicatement, sur l’écorce de l’arbre qui doit porter les traits repères.

Bénévoles, ils le resteront quelques années, sans se plaindre, heureux quelque part de créer quelque chose de grand qui sera subsidiée par Georges Gentinne d’abord, le dynamique directeur de la fédération du tourisme de Liège.

À noter, chez les créateurs, un sens pratique de bon aloi puisque, au départ, les étapes ardennaises du Hollande-Méditerranée préconisent entre 20 et 25 kilomètres par tronçon avec, chaque fois, une possibilité de dénicher un gîte et, souvent, le couvert.

Si, en 50 ans, le tracé ardennais n’a guère évolué, il s’est quand même raccourci dans la jonction Spa-Malmedy. Pendant très longtemps, les randonneurs prenaient le temps d’admirer la Chawion, la Hoëgne pollinoise, le moulin de Jalhay, Charneux et Gospinal, le rocher de Bilisse sur la Statte et la fagne de Freyneux avant la ferme Libert, Challes et Stavelot.

La version d’aujourd’hui réduit la distance en optant pour Malchamps, sa tour et ses fagnes en ligne directe. C’est d’ailleurs ici que les Sentiers feront la fête fin avril.

La promotion du GR5 n’est pas une mince affaire. Les années soixante multiplient les rallyes avec l’aide des guides Cosyn. Celui de 1969, par exemple, se déroule entre Hockai et Sart-lez-Spa. Ils sont près de 300 participants, répartis en 30 équipes, qui font la fête, le soir, à Tiège et repartent chez eux avec les prix glanés.  Les marches populaires et celles de l’ADEPS ont pris le relais en abandonnant les questions de haute sagacité touristique.

 

 


 

 

VITE DIT

Jubilaire fêté à Spa

Si la première balise du GR5 belge à Hockai (Stavelot) pour origine, c’est à Spa que les Sentiers de grande randonnées célébreront, les 25 et 26 avril, les 50 ans de la mythique randonnée qui s’insère dans le sentier européen E2 long de 4 850 kilomètres entre Galway, en Irlande, et Nice, en France.

En Wallonie, il développe 200 km de Visé à Ouren.

Le samedi 25, un bus conduira les célébrants de Spa à Stavelot où une randonnée de 18 km est prévue sur, bien sûr, le GR 5. Les randonneurs, partis à 10 heures, se retrouveront à Bérinzenne sur le coup de 13 heures pour le pique-nique et, à 14 h 15, l’inauguration de la plaque commémorative posée au pied de la tour d’observation de la fagne de Malchamps.

La randonnée se terminera à Spa avec, en soirée, des animations musicales au Lido.

Gaëtan, le conteur

Dimanche, il sera loisible de se balader autour de Spa dès 9 h 30. Gaëtan Bobelin, qui porte bien son nom, sera le conteur attitré qui fera connaître les histoires, petites et grandes, du Café de l’Europe.

Les organisateurs annoncent un hyperbarbecue à l’ancien hôtel Olympic, près de la piscine de Spa et de la Fraineuse, où l’ADEPS reçoit dès 13 heures.

On s’inscrit en téléphonant au 070 223 023 de Jacky Hecq ou par courriel  Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir. . Il en coûte 35 euros pour le repas au Lido de samedi soir et 15 euros pour le barbecue de dimanche.

Réédition du topo-guide

Le premier topo-guide du tronçon ardennais date de 1961. Il compte 21 feuillets sous forme de bloc-notes et aucune carte ; Déjà, il préconise du 4 km dans l’heure et calcule le temps de parcours sans arrêt. Le [Un jour de sentier, huit jours de santé] est déjà souligné que, sur le terrain, les blagueurs transforment en [Un jour de sentier, huit jours de sommier].

En 1971, le Hollande-Méditerranée devient un vrai topo-guide au format actuel et le tronçon belge part de Bergen-op-Zoom, aux Pays-Bas, mais est… un sentier cyclable qui devient pédestre à Mouland qui, alors, est encore en province de Liège.

Au fil des éditions, le contenu se peaufine et les cartes viennent compléter le descriptif et le terrible « Pas de ressources » qui, aujourd’hui, est encore plus d’actualité puisque les villages se retrouvent de plus en plus sans cafés ni négoces.

Fin avril, un tout nouveau topo-guide du GR 5 belge sortira de presse. Il est annoncé dans les deux langues nationales. Avec cartes et photos.

Le 5 et ses ajouts

Le GR 5 a fait des petits. Entre 1959 et 1962, il tisse sa toile dans les provinces de Liège et de Luxembourg. Au 5 d’appel s’ajoutent des chiffres qui précisent les tracés. C’est d’abord le GR 56 des Cantons de l’Est, puis le 57 de l’Ourthe et le 571 de l’Amblève. Les sentiers de la Salm (1 967) sont dans le top 572, la Vesdre prend le 573 et le tout compose un réseau pédestre balisé de 900 kilomètres.

Le temps des pionniers

En 1959, Henri Léonard et ses amis baliseurs sont des bénévoles. Ils usent de la mobilité publique pour rejoindre les zones à traiter, emportent seau à couleurs, brosses pour le nettoyage des surfaces à peindre et pinceaux à poils solides. Ils logent sous tente et aiment ça.

Le Verviétois est aussi l’initiateur, en 1964, du premier périodique [GR Informations] qu’il stencile à la Maison des jeunes « Les Contemporains » de Liège qu’il anime. Il refuse la publicité mais accepte les dons. Des mécènes offrent même 100 francs en totale discrétion, la cotisation étant de 20 francs en 1966. L’année s’entend.

Mise à jour le Mercredi, 08 Avril 2009 08:26