Stavelot 44, une ville au coeur de la guerre jusqu'au 31/01
Écrit par Best of Verviers   
Samedi, 05 Décembre 2009 15:00

Avec l'exposition "Stavelot 44, une ville au coeur de la guerre" notre dessinateur Philippe Jarbinet est au centre d'une exposition de grande qualité.  Philippe Jarbinet, votre nouvel album "Airborne 44", un diptyque chez Casterman, reçoit de nombreux retours très positifs. Racontez-nous quelques impressions et anecdotes des lecteurs qui viennent vous parler durant ces séances de dédicaces.

Philippe Jarbinet : Depuis le 19 septembre, je suis stupéfait par l’accueil reçu par ces deux albums. Et heureux, aussi… Vraiment. On ne sait jamais comment le public va recevoir votre travail. Là, je ne sais que dire… J’ai fait ce que j’avais envie de faire et mon histoire touche les gens. Que demander de mieux ou de plus ? Je suis honoré par toutes ces critiques positives qui viennent du public et des pros de la BD. Cela peut sembler aller de soi mais quand je me suis lancé dans cette aventure, j’étais assez seul à y croire.
Les responsables des éditions Casterman – qui y ont cru - ont fait un très bon boulot parce que, progressivement, les planches tombaient et les séduisaient de plus en plus. Sans eux, rien de tout ce qui m’arrive aujourd’hui n’aurait été possible.

Je ne parle même pas du soutien que Philippe Gillain et Didier Comès m’ont apporté quand je doutais. J’en ai déjà parlé. Ce qui me fait aussi très plaisir, c’est de recevoir du courrier de scénaristes et de dessinateurs qui me disent tout le bien qu’ils pensent de mon travail. Ca me fait chaud au cœur. Par le passé, je n’ai jamais hésité à contacter un auteur pour le féliciter de m’avoir touché. J’ai plein de défauts mais j’aime reconnaître les qualités des autres quand elles sont là.

Le public a témoigné d’une telle  gentillesse envers moi que je ne sais pas quoi dire, là non plus. Que dire de plus ?

 

Vous êtes donc actuellement régulièrement sur les routes de Belgique et de France pour présenter ce nouvel album. Cet hiver 44 dans notre région, doublé d'une excellente histoire où des hommes se découvrent dans leur humanité malgré les atrocités de la guerre, engendre de nombreuses réactions par rapport au thème développé.

Depuis le 19 septembre, j’ai fait 25 séances de dédicaces, sans compter les albums  « volants », ceux qu’on me refile entre deux portes. A vue de nez, cela représente entre 650 et 700 dessins. Il n’y a pas de secret : les gens ont aimé ce diptyque. Cela me conforte dans l’idée que la bande dessinée peut aborder des thèmes difficiles et rester grand public. C’est un aspect que j’aime beaucoup dans ce métier.

 

Vous serez présent à Stavelot dans le cadre de l'exposition "Stavelot 44: une ville au cœur de la guerre". Vous avez la joie et l'honneur de voir exposées 40 planches originales réalisées à l'aquarelle, extraites du diptyque "AIRBORNE 44". Plus qu'une BD, cette exposition invite à préserver ce devoir de mémoire. C'est important !

Je suis plus qu’honoré de présenter ces planches dans le cadre prestigieux de l’abbaye de Stavelot. Mais ce n’est pas une expo comme une autre, qui ne tournerait qu’autour de ma petite personne. C’est surtout une présentation bien faite des événements qui ont marqué la fin de la Seconde Guerre mondiale, en particulier à Stavelot. Cette ville, où mon père est né et où mon grand-père a enseigné, a un passé qui lui est propre.

On peut cependant étendre ses souffrances à toutes les villes d’Europe qui se sont trouvées, à un moment ou à un autre, sur une ligne de front.

Parlez-nous en quelques mots de cette exposition.

La guerre est moche, la guerre est sale, la guerre est tout simplement dégueulasse. Les jeunes le devinent et les vieux le savent.

Obtenir la capitulation d’un pays par l’élimination progressive de ses citoyens, c’est quand même un procédé consternant. Dans le cas du régime nazi, je ne crois pas qu’on pouvait faire autrement. Il aurait fallu intervenir avant, à la fin des années 20 ou au tout début des années 30.

Après, c’était déjà trop tard. Si les démocraties ne s’étaient pas coalisées pour enfin intervenir, même si tardivement, combien de personnes sans défense auraient encore été assassinées ? Qu’est-ce qu’un enfant juif peut bien avoir fait pour être envoyé à Treblinka pour courir sur un sentier de sable sous les aboiements de chiens enragés vers une chambre à gaz où il cessera de vivre ? Qu’est-ce qu’un enfant de Stavelot peut bien avoir fait pour être tué par un SS le long d’une route ? Ce ne sont que des enfants…

 

L’expo de Stavelot va aborder la Seconde Guerre mondiale dans ses aspects locaux et plus généraux. Elle va faire le lien entre les événements survenus ici et les raisons pour lesquelles ils sont survenus ici.

Dans le fond, tout se tient. C’est pour cette raison qu’elle sera axée sur les plus jeunes. Ce sont eux qui, demain, prendront les rênes de notre société. J’espère qu’ils comprendront que ce qu’on fait aujourd’hui aura des conséquences demain.


Pour cette expo, j’espérais qu’on dépasse le cadre de la bande dessinée pour s’attaquer à quelque chose de plus profond. Pour le coup, c’est réussi. Tous ceux qui travaillent à l’abbaye, ou autour, ont fait un magnifique boulot pédagogique, sans jamais verser dans la sensiblerie ou le pathos. Les objets présentés ont été soigneusement choisis, soit par rapport à ce qui s’est passé localement, soit par rapport à ce qui s’est passé loin d’ici, dans les camps. On en a retiré certains, parce qu’ils ne trouvaient pas leur place pour cet événement précis. Rien ne dit que, dans le cadre d’une expo différente, ils ne seraient pas exposés. Encore une fois, il s’agit d’un travail d’équipe.

 

- Le mot de la fin est à vous.

Je n’aime pas le mot fin…A suivre, donc…

 

Merci Philippe et bonne découverte de l'exposition à l'Abbaye de Stavelot ainsi qu'en découvrant ces deux tomes.

N'oubliez pas de lire également notre longue interview réalisée pour la sortie de l'album

 

Mise à jour le Dimanche, 06 Décembre 2009 08:48