Camille Kairis au Cercle des Beaux-Arts. Jusqu'au 29/11
Écrit par Albert Moxhet   
Jeudi, 15 Novembre 2012 01:31

Samedi Coup de cœur d’Albert Moxhet

Le sous-titre de l’exposition est : Tout Camille 1962-2012. Et en effet, c’est il y a cinquante que, dans la même salle de la rue du Palais, à Verviers, Camille Kairis avait sa première exposition. Aujourd’hui, cette jeune octogénaire continue à peindre avec vigueur et enthousiasme, ouvre son atelier aux jeunes artistes et nourrit divers projets.


 
Professionnellement, elle s’occupait de la photogravure aux Éditions Marabout et nous verrons qu’elle a continué à travailler l’image au labo. Sa carrière de peintre formée à l’Académie des Beaux-Arts de Verviers a débuté dans le figuratif, avec paysages et portraits, puis Camille, qui aime les grands formats, peu praticables sur le terrain, et voulait faire autre chose, a opté pour une abstraction rigoureuse. Cela lui permettait donc de travailler plus aisément en atelier des œuvres d’une ampleur certaine, ainsi que le montre l’exposition présentée actuellement au Cercle des Beaux-Arts. L’abstraction géométrique qu’elle cultive joue sur le contraste de formes tranchées comme sur les rythmes et l’opposition de couleurs franches.

La rigueur des compositions n’a ici rien de monotone, d’abord parce que l’artiste joue volontiers sur des aplats aux contours anguleux et que, par exemple, cet effet "baïonnette", s’il se répète, engendre un rythme dont les saccades se combinent avec des changements de couleur mesurés. Camille n’hésite pas à multiplier les créations où s’opposent le noir et le blanc, mais elle ose aussi les couleurs en de subtils voisinages qui suggèrent des perspectives plutôt que des superpositions. Le mouvement qui s’installe intuitivement dans le regard du visiteur est également renforcé par l’audace de l’artiste qui intègre dans ses surfaces à bords rectilignes des formes rondes, sombres, mais parfois regrattées de tons plus clairs qui donnent une impression de rotation. Leur importance est telle que, dans l’un ou l’autre tableau, le contour des figures géométriques semble avoir lui-même adopté la ligne courbe.

 


 

Primée à diverses reprises, Camille Kairis pratique aussi la photographie avec originalité. Elle a le talent de repérer dans les chantiers de casse automobile et autres lieux ou matériels abandonnés, l’élément qui sera présenté avec une autre portée que celle qu’y perçoit le passant pressé. C’est, si l’on ose dire, une bien belle politique de valorisation des déchets. Par ailleurs, Camille fournit un travail de labo argentique plein de ressources et nécessitant une attention particulière, comme c’est le cas pour la solarisation ou le tirage sur des supports transparents.

[Camille Kairis expose : Tout Camille 1962-2012 au Cercle des Beaux-Arts, rue du Palais, 157, Verviers, jusqu’au 29 novembre, me-dim : 14-17h]
Mise à jour le Jeudi, 15 Novembre 2012 01:54