Michel Demarets, collaborateur d'Hergé. Dison. Jusqu'au 28/01
Écrit par Albert Moxhet   
Lundi, 16 Janvier 2012 17:55
 Samedi Coup de cœur d’Albert Moxhet

Habitué à ne voir que des produits finis, le public ignore généralement la somme de talents divers et  le savoir-faire qui sont impliqués dans la réalisation de tout ce qui est mis à sa disposition. Cela se vérifie aussi dans le domaine de la bande dessinée, ainsi qu’en donne un bel exemple, à la Maison d’Adolphe Hardy, l’exposition des calques de Michel Demarets, collaborateur d’Hergé durant trente ans.
Fils d’un instituteur verviétois qui était aussi chanteur et dessinateur – pendant la guerre, il caricaturait les Allemands pour la presse clandestine – Michel Demarets a fait, à l’Académie des Beaux-Arts, la connaissance de Roger Leloup, le futur créateur de Yoko Tsuno. Tous deux ont travaillé pour Jacques Martin, le « père » d’Alix, qui habitait Verviers à cette époque.

 

Lorsque, en 1954, Hergé a demandé à Jacques Martin de le rejoindre au Studio Hergé à Bruxelles, Leloup et Demarets faisaient partie du voyage.

Peut-être parce qu’il avait, au départ, fait des études de tourneur-ajusteur, Michel Demarets avait un sens très aigu du dessin précis, tellement important lorsqu’il s’agit de montrer machines, voitures, chemins de fer et autres moyens de transport. Il va donc travailler d’abord aux images didactiques de la collection « Voir et savoir » signées par Hergé. Très rapidement, il collabore aux albums de Tintin en tant qu’accessoiriste, dessinant machines et véhicules avec une précision qui s’adapte parfaitement à la ligne claire caractéristique d’Hergé. Celui-ci intègre ces éléments dans le décor des aventures de son héros en y ajoutant éventuellement des détails voulus par le scénario (personnages, nom d’une compagnie aérienne, du marchand de légumes, etc.)

 



L’exposition propose un grand nombre de calques montés chaque fois individuellement en regard de la vignette correspondante extraite des albums édités. On ne s’étonnera donc pas de rencontrer  souvent des inversions, le dessin de Michel Demarets ayant été reproduit par contact et crayonnage au dos du papier calque, une technique que tous les élèves pratiquaient autrefois, avant la généralisation de la photocopie et du scanner. Si l’on connaît mieux l’intervention des coloristes dans la réalisation d’une BD, cette exposition donne à voir un autre aspect de l’envers du décor, ce qui se rapproche aussi de la façon dont travaillaient les ateliers  des grands peintres des siècles passés.

Revenu dans la région verviétoise, Michel Demarets s’y adonne à l’aquarelle avec beaucoup de bonheur. Ce qui ne l’empêche pas de rester soucieux du détail précis : pour reconstituer la Porte de Heusy sous différents angles, il s’est livré à des recherches de perspective à partir de cartes postales anciennes.


 
[Maison d’Adolphe Hardy, place du Sablon, 79, Dison, jusqu’au 28 janvier, lu-ven : 10-15h30, sa : 14-17h]
Mise à jour le Mercredi, 18 Janvier 2012 18:00