Fanchon Daemers : Contre la résignation
Écrit par Albert Moxhet   
Samedi, 17 Janvier 2015 00:05

Samedi Coup de cœur d’Albert Moxhet

Fanchon Daemers n’est pas de ces artistes qu’on entend régulièrement en radio. Elle a pourtant un répertoire d’une richesse éblouissante, une voix qui se prête à de surprenantes variations, une large culture centrée sur la condition humaine, comme le confirme son nouveau CD, Contre la résignation.

 
Les nombreux récitals, souvent thématiques, que Fanchon Daemers donne en Belgique et à l’étranger forment un catalogue où s’entrecroisent des textes et musiques du Moyen Âge, de notre époque, de la Grèce antique comme des Indiens Lakota, des moines cisterciens et des carriers en révolte, la poésie surréaliste voisine avec la Renaissance, les épicuriens avec la poésie féminine et les traditions celtes et ardennaises. Et si Fanchon crée certains de ses instruments et certaines de ses partitions, elle chante aussi dans des lieux inhabituels : grottes, cimetières, forêts, maisons du Peuple, abbayes, ateliers, carrières…

Tout comme l’était Le chant des abîmes, enregistré dans les grottes de Comblain-au-Pont, son nouveau CD est un bijou ciselé par une artiste pour qui la recherche se pratique dans le choix des textes comme dans celui des mélodies et de leur interprétation. Le sous-titre de Contre la résignation en définit clairement le contenu : chants d’amour et de révolte. Parmi les signatures des auteurs et compositeurs des douze chants qui constituent cet album, on remarque notamment celles de Georges Moustaki ou Étienne Roda-Gil à côté de Paul Vaillant-Couturier, Sébastien Faure, Zo d’Axa, Raoul Vaneigem ou Maurice Marc, le frère duettiste de Francis Lemarque, mais aussi Heinrich Heine et des airs traditionnels de Russie ou des Asturies.

Dans l’un ou l’autre cas, on retrouve aussi cette démarche si courante dans les chansons des rues d’ autrefois de placer sur un air connu des paroles nouvelles en relation avec un événement de l’actualité. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que, si certains textes sont marqués par le style de leur époque, de nombreux passages de ces chansons ont gardé toute leur force, que l’écoulement du temps rapproche de notre sensibilité actuelle :

- Chômeurs, chômeurs, chômeurs,                                      

  Mes frères de malheur…

  La ville semble un grand asile

  Dont tout le bonheur s’est vu chassé […]

  Mais regardez où va le monde,

  Ça n’peut pas durer longtemps comme ça

                                                        (Sylvain Itkine) 

 

 

 -Y’a trop d’autos mais l’on s’entasse                                  

  Dans les métros et l’autobus […]

  Y’a trop d’hommes qui n’peuvent plus bouffer,

  On gaspille comme des dégueulasses […]

  Les oignons flottent à la dérive,

  Le lait s’transforme en affluent,

  On n’compte plus tous les fruits qui s’perdent

                                          (Paul Vaillant-Couturier)

 

 

 - Le travail tue, le travail paie                                                   

   Le temps d’achète au supermarché,                                    

   Le temps payé ne revient plus,

   La jeunesse meurt de temps perdu.

 

   Les yeux faits pour l’amour d’aimer

    Sont le reflet d’un monde d’objets.

    Sans rêve et sans réalité,

    Aux images nous sommes condamnés.

                                                    (Raoul Vaneigem)  

 

 

Sur ce disque produit en souscription, Fanchon Daemers assure le chant, certaines compositions  et arrangements ainsi que l’accompagnement à la harpe celtique, Jacques-Ivan Duchesne et Jean-Pierre Froidebise l’accompagnent  sur d’autres instruments et pour les arrangements.

 

[Fanchon DAEMERS, Contre la résignation, Chant Libre – C.L. 02, 2014. Diffusion : Chant Libre asbl : www.chantlibreasbl.wix.com/chantlibre-asbl , Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir. , 32(0)479 329 600]  

 

 

                           

 

Mise à jour le Samedi, 17 Janvier 2015 00:39