Le DVD du "Chant de la Fleur"
Écrit par Albert Moxhet   
Jeudi, 27 Novembre 2014 15:39

 

Samedi Coup de cœur d’Albert Moxhet

Lors de sa sortie sur les écrans, en septembre 2013, j’avais fait part ici de tout le bien que je pensais du film Le Chant de la Fleur, document exceptionnel de Jacques Dochamps (réalisateur aussi des émissions RTBF Noms de dieux) et José Gualinga sur le combat pacifique des Indiens Kichwa de Sarayaku, en Amazonie équatorienne, qui défendent la forêt et leurs droits contre les invasions illégales des multinationales du pétrole. Ce film sort maintenant en DVD. Excellente occasion pour y revenir.

Il est bon de savoir que cette production Iota ne manque pas d’ancrages régionaux puisque, non seulement le réalisateur est theutois, mais aussi que Télévesdre figure parmi les coproducteurs. Et l’on sait également que Sabine Bouchat, l’épouse de José Gualinga, alors président de Sarayaku, est theutoise elle aussi  et que l’asbl Frontière de Vie, qui soutient ce peuple dans sa lutte, a son siège à Verviers.

 


 

 Invité ou sélectionné dans de nombreux festivals – en Belgique, en France, au Québec, en Italie, en Inde du Sud, en Serbie, en Slovaquie,  au Qatar, en Équateur, notamment, Le Chant de la Fleur fait partie de la sélection officielle du Premio Anaconda 2014 à La Paz, en Bolivie, après avoir remporté à Montréal  le Grand Prix 2014 Rigoberta Menchú, du nom de l’Indienne maya guatémaltèque Prix Nobel de la Paix en 1992, et reçu le 3e Golden Award du Festival Al Jazeera, à Doha (Qatar), une manifestation qui rassemblait 960 films originaires de 160 pays.   

Revenons sur les qualités du film. Formellement d’abord, puisque c’est ce qui  accroche en premier le regard et l’attention : l’image est excellente, faisant ressentir la somptuosité des lieux dans les plans larges, mais aussi, en plus rapproché, les détails du quotidien autant que les menaces du pétrole. La musique d’Ozark Henry s’intègre à l’ensemble avec justesse et discrétion, sans jamais se faire remarquer pour elle-même.

La construction générale est astucieuse, car, en plaçant dès le début la visite de la Cour Interaméricaine des Droits Humains, on crée un temps fort dont les autres éléments du film seront la démonstration concrète de ce qui a été dit au président de la Cour par la population. Et le spectateur se rend ainsi compte de la réalité des arguments avancés. On perçoit que ce film est ressenti par l’intérieur, que ce n’est en rien un documentaire réalisé par des "explorateurs" visitant une région méconnue. Ici, on ne regarde pas vivre une population, on vit avec elle et le concept de démocratie surgit de lui-même dans son authenticité, par exemple dans les interventions des habitants sur la situation endurée lors des invasions pétrolières, mais aussi et surtout peut-être dans cette formidable séquence de la pirogue halée dans la forêt, avec cette simple phrase de José Gualinga : « Nous travaillons tous ensemble pour le bien-être de chacun. »  

 

 

Avoir placé tout le film entre les deux séquences nocturnes où don Sabino définit ce qu’est le chant de la fleur donne une grande unité à l’ensemble, pourtant très diversifié dans les aspects du quotidien. La grande sérénité de ces séquences nocturnes accentue encore le contraste avec  le choc des séquences de la pollution pétrolière initiées par la torchère brûlant dans la nuit après avoir été aperçue au-delà des arbres.

L’alternance, au montage, des séquences de la pollution et de celles qui montrent le travail de plantation et ses corollaires est particulièrement efficace et la voix off de José Gualinga, intervenant avec concision et clarté, renforce la sensation  de perception par l’intérieur qui sous-tend tout le film.

Il y a énormément à dire sur la cohésion interne de ta réalisation. Tout se tient de manière véritablement organique, comme dans un fruit. Pour autant que je puisse en juger, tout ce qui fait de Sarayaku un témoin-clé de notre époque est dans ce film. C’est ce qui donne sa portée universelle à la phrase que dit José : « La forêt est notre mère, nous sommes l’embryon, le fœtus. Si on détruit la mère, nous mourrons aussi. »

 Le DVD du Chant de la Fleur est accompagné d’un livret illustré de 16 pages qui donne de façon concise et claire toutes les informations concernant le film et le projet  "Frontière de Vie" élaboré par les habitants de Sarayaku.  Pour la Belgique et la France, on peut se le procurer au prix de 18 €, port compris, au compte Triodos BE03 5230 4151 6984 en communiquant votre adresse postale complète à Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir. . Pour les autres pays, contacter Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir. .


 

 

 

Mise à jour le Jeudi, 27 Novembre 2014 16:24