La migration des oiseaux
Écrit par Christian Desart Guide nature   
Mardi, 24 Novembre 2009 21:39

Aristote croyait que si les Rouges-queues à front blanc disparaissaient l'hiver, c'était pour se changer en Rouge-gorges.

Linné pensait que les hirondelles passaient l'hiver serrées les unes contre les autres dans la vase des étangs. Qu'en est-il réellement?

De nombreuse espèces d'oiseaux entreprennent chaque automne des voyages migratoires de longue distance et sont capables au printemps de revenir très précisément sur leur site de reproduction. On estime que 5 à 6 milliards d'oiseaux traversent ainsi l'Europe pour se rendre en Afrique pour y passer la mauvaise saison. Pour beaucoup ce grand voyage sera sans retour.

On distinguera plusieurs sorte de migration :

  • La migration terrestre : En Antarctique, les colonies d'oiseaux comme les manchots empereur, installées à grande distance de l'eau qui est leur seule source de nourriture, vont parcourir de 80 à 120 km en marchant et en glissant sur la glace pour gagner le site ou les femelles pourront pondre leurs œufs.
  • La migration à la nage : Certains canards dont les jeunes de l'année incapable de voler sont obligés de migrer à la nage parfois même jusqu'à 1000 km ou encore les fous de bassan dont les jeunes se jettent à l'eau vers l'âge de 75 jours pour nager dans le sens migratoire jusqu'à ce qu'ils aient entre 95 et 105 jours, moment où ils seront seulement capable de voler.

  • La migration en boucle : La plupart des migrateurs survolent à l'aller comme au retour les mêmes régions. Certains oiseaux comme la fauvette à tête noire emprunte un autre itinéraire pour le retour. C'est le cas également du gobe-mouche et de l'hirondelle de cheminée. Le record revient à la Sterne arctique qui fait pratiquement le tour du globe avec ses 40.000km.

  • La migration nocturne : La plupart des insectivores, qui ne se nourrissent en vol , migrent la nuit . C'est également le cas des grives, des alouettes et des grues cendrées qui sont capables de migrer de jour comme de nuit.

  • La migration diurne : Les granivores, les bergeronnettes ou encore les pipits migrent dès l'aube afin de parcourir un maximum de km le matin avant de se nourrir et se reposer.


On estime ainsi que 5 à 6 milliards d'oiseaux vont traverser l'Europe pour se rendre en Afrique pour y passer la mauvaise saison. Pour beaucoup, ce grand voyage sera sans retour.


La préparation au voyage.

Le processus de départ est déclenché par des facteurs tels que la diminution de la lumière et l'horloge interne des oiseaux. Ceux-ci ressentent alors une pulsion qui va les pousser à se suralimenter. La quantité de graisse qu'ils mettront en réserve est directement proportionnelle au nombre d'heure qu'ils auront à voler sans pouvoir se reposer. Pour les migrateurs nocturnes, après avoir volé 3 à 4 nuits d'affilée, les réserves de graisse ont fortement diminué. Il vont alors s'arrêter dans un biotope favorable afin de reconstituer de nouvelles réserves pour poursuivre le chemin. Cet arrêt peut durer plusieurs jours. On appelle ces arrêts des haltes migratoires.

                                                                         

Comment les oiseaux se dirigent-ils?

Plusieurs facteurs entrent dans l'orientation comme le soleil, les étoiles, le champ magnétique, la mémoire génétique, la mémoire visuelle ou encore la mémoire auditive. L'explication la plus courante est l'utilisation des repères astronomiques : le soleil ou les étoiles. Pour ce faire, les oiseaux doivent être capable de se rappeler à tout moment la position des astres dans leur territoire familier. La comparaison entre l'image enregistrée et ce qu'ils voient, leur indiquerait la direction à prendre. Les navigateurs, pour faire un point astronomique doivent connaitre deux informations : la position du soleil et l'heure exacte. Un oiseau qui vole vers le sud se dirige droit vers le soleil à midi, mais ensuite, pour maintenir son cap, il doit laisser le soleil sur sa droite, faute de quoi, à 3 heures de l'après-midi, il aurait déjà tourné de 45° et il irait se perdre dans l'Atlantique. Ceci implique que les oiseaux possèdent une sorte d'horloge interne et qu'il savent évaluer le mouvement des astre dans le ciel. On remarquera l'incroyable précision à laquelle les hirondelles retrouvent chaque année leur nid. Alors que l'été est toujours là, on notera également que les coucous nous quittent pour suivre à travers l'Europe, la Méditerranée et le Sahara, le chemin qui les mène à leurs quartiers d'hiver en Afrique équatoriale. Ce n'est que plusieurs semaines plus tard que les jeunes abandonnent leurs parents adoptifs pour partir à leur tour. Sans que personne ne leur indique le chemin à suivre, ils vont se diriger instinctivement vers le sud, passer le détroit de Gibraltar, entrer en Afrique et ne s'arrêter que quand ils auront atteint les latitudes où l'espèce hiverne depuis toujours. On peut parler alors d'un comportement génétiquement transmis. Ce cas n'est pas unique au coucou car de nombreuses espèces migratrices s'en vont seuls, avant ou après le départ de leurs parents, pour un voyage au long cours qu'ils n'ont encore jamais fait.

                                                                                

Les dangers de la migrations.

Les premiers dangers lors du vol migratoire sont les conditions climatiques que les oiseaux vont rencontrer (notamment en montagne et dans le désert). Viennent ensuite les risques de rencontrer des rapaces, des fils à hautes tension, des chasseurs ( principalement dans le bassin méditerranéen).

Il y a également le passage de la Méditerranée et ensuite le plus grands des dangers, la traversée du désert du Sahara avec ses 1700 à 2000 km de large. Enfin sur place, tout danger n'est pas écarté, c'est le cas pour les espèces se regroupant en dortoirs qui servent de ressources de nourriture pour les populations locales. Tout ceci n'est qu'une première étape car l'hivernage terminé, les mêmes dangers les guettent au retour.


Où observer la migration ?

On peut observer ces passages d'oiseaux un peu partout pour autant que l'on se situe dans un endroit bien dégagé. Il faut pour cela se placé sur un point haut surplombant une vallée. Dans nos régions, la vallée de la Meuse et ses contreforts constitue un couloir réputé de grande migration. Les oiseaux venant de Hollande s'y engouffrent afin d'éviter le massif ardennais. Le pays de Herve est également un endroit intéressant et plus près de nous encore à Verviers, le lieu dit Ramecroix sur les hauteurs de Heusy . Là bas depuis plusieurs années un petit groupe d'ornithologues bénévoles passent des heures à scruter le ciel et à compter tous ces volatiles de passage par chez nous. Toutes leurs données sont répertoriées avec plus d'une centaine de lieux de comptage sur un site Hollandais : http://www.trektellen.nl/default.asp?site=0&taal=3&land=2

Il vous suffit de cliquer sur la 11e ligne Ramecroix Heusy Verviers dans la colonne dernier comptage et de là vous pourrez accéder à n'importe quelle date pour voir ce que les observateurs ont répertoriés. Bonne visite


extrait de : Aves: leçon d 'hornitologie, la migration des oiseaux par Roger Ponsen


Christian Desart

Guide Nature

Mise à jour le Samedi, 12 Décembre 2009 15:23