Séraphine
Écrit par Jean Wiertz   
Dimanche, 30 Novembre 2008 13:45
 

Un film de Martin Provost (France 2008) Le film raconte quelques épisodes de la peintre Séraphine de Senlis.1914 : Séraphine (Yolande Moreau, véritablement habitée par son personnage), 48 ans, farouche et solitaire, est femme de ménage.

Sa vie est dédiée à la Vierge Marie, sans doute suite aux quelques années qu’elle a passées comme bonne à tout faire dans un couvent. 

Elle aime se promener dans la nature, contempler la vie sauvage. « Quand on est triste, dira-t-elle plus tard, il faut parler aux arbres, aux fleurs et aux insectes, ça fait du bien ».La nuit, elle peint en cachette, à l’insu de tous, sur des panneaux en bois ; elle fabrique elle-même ses peintures à partir de ce qu’elle récolte dans son environnement immédiat : argile, extraits de fleurs sauvages, sang, paraffine des bougies dérobée de la chapelle ; un seul ingrédient artificiel, le ripolin, qu’elle achète à contrecœur dans le magasin du village. Volonté manifeste d’utiliser les matériaux de son quotidien pour peindre des thèmes qui lui sont inspirés par MarieUn amateur d’art allemand, Wilhelm Uhde (Ulrich Tukur), venu se reposer à Senlis, découvre ses œuvres, et est frappé par la force qui s’en dégage : Séraphine peint des fruits, des feuilles, suspendus à un entrelacs de ramifications ; de belles compositions, aux évidentes connotations charnelles, qui semblent jaillir d’un inquiétant chaos originel.Wilhelm achète quelques peintures, et l’encourage à continuer. L’artiste et son mélancolique mécène vont se soutenir mutuellement, jusqu’à ce que le début des hostilités entre la France et l’Allemagne les séparent…Le cinéaste accompagne son héroïne dans sa grandeur, ses faiblesses, ses ambiguïtés, et la folie qui la guette.Il décrit avec minutie le quotidien austère des gens au début du siècle dernier.On est frappé par le nombre de plans évoquant l’eau : ruissellement des rivières, ablutions, marécages, pavés mouillés des rues, bassin et vase dans les chambres… : de la terre et de l’eau naissent les arbres, superbement rendus dans le film, et motifs de base des peintures de Séraphine. S’agissant d’une artiste peu connue du grand public, le cinéaste a heureusement inséré quelques plans nous montrant certaines de ces œuvres.

Un film fascinant, tout imprégné du mystère de cette artiste et de sa belle démarche artistique.

 

 

 
 
Mise à jour le Dimanche, 30 Novembre 2008 15:27