Philippe Jarbinet prix du meilleur scénario pour "Airborne 44"
Écrit par Best of Verviers   
Mercredi, 22 Juillet 2009 08:16

Le dessinateur de BD verviétois Philippe Jarbinet a décroché le 15 octobre 2010 le prix du meilleur scénario au festival français de Chambéry pour «Airbone 44».

Best of Verviers vous propose de (re)découvrir notre interview.

Son nouvel album « Airborne 44 », paru le 23 septembre 2009, a fait l'objet d'un long entretien entre lui et Best of. Comme toujours avec Philippe, il s'agit d'un réel échange de fond. Pas pour rien que son article dans "Nos gens" reste celui qui est le plus lu du site. Nous vous invitons donc à découvrir ce garçon attachant, passionnant, talentueux et engagé.


BoV : "Philippe, lorsqu'un artiste travaille depuis de nombreux mois sur un nouveau projet, on se demande comment il vit et évolue au fil des mois face à son nouveau défi ?"

Philippe Jarbinet :
"Pour ce projet, le mot défi est très juste. Ce ne sont pas des mois mais des années qu’il m’a fallu pour le mener à son terme.
J’ai commencé à y réfléchir sérieusement en juillet 2003, lors de cette fameuse canicule.

J’ai rapidement commencé à recueillir de la doc un peu partout. Le problème, c’est que plus j’en accumulais, moins je savais comment l’utiliser. Je me suis dit que le mieux était de me jeter à l’eau et de voir où tout cela allait m’entraîner. Dans la vie, je suis quelqu’un de très rationnaliste et structuré. Par contre, en matière d’écriture, je sais que je dois fonctionner à l’instinct. J’ai donc beaucoup vagabondé, j’ai beaucoup lu, beaucoup regardé de films, beaucoup fréquenté les musées, beaucoup arpenté les sites divers dont je savais qu’ils pouvaient servir de décor à l’histoire.

Entretemps, j’ai commencé à écrire une première version en 2004, qui contenait tout ce dont j’avais envie de parler. Je savais que ça ne ferait pas une bonne histoire mais il fallait que je mette sur papier tous les thèmes que je voulais aborder pour me permettre de choisir par la suite. Il y a tellement de choses intéressantes à explorer dans cette époque troublée qu’il m’était impossible de déterminer un champ de travail acceptable. J’avais envie de parler de tout, ce qui est irréaliste, et je le savais.


J’ai donc fonctionné comme je le fais d’habitude : au feeling. Je laisse venir les idées et les images (très importantes pour moi) sans les trier. Je les note, j’essaye de les assembler entre elles quand c’est possible, je regarde si l’une peut s’ajuster à une autre… Un peu comme un tas de moellons dont on doit faire un mur qui tient debout, sans ciseau ni maillet ni ciment. Il faut accepter d’écarter de belles pierres parce qu’elles ne peuvent pas trouver leur place dans la construction générale. Ca, c’est un acte difficile à faire mais il est nécessaire.

 

Vous pouvez buter des semaines sur un problème de narration si vous ne réussissez par à découvrir l’élément qui déstabilise le tout. Je vous assure que c’est frustrant quand ça vous arrive. Je dors aussi beaucoup, contrairement à mon habitude. Dès que j’essaye de structurer des idées entre elles, je m’endors quasiment sur place. C’est comme si j’obligeais mon cerveau gauche à s’inactiver pour que fonctionne le droit à plein régime. Inconsciemment, je choisis probablement de privilégier la partie intuitive de mon cerveau, celle qui jongle avec les options comme un enfant le fait avec des légos.

Souvent, au sortir de ces drôles de siestes, je me mets à écrire. Je ne peux pas expliquer le pourquoi ni le comment mais les choses semblent s’être organisées durant mon vague sommeil et coulent presque aisément sur la feuille.
Tout ce tralala pour dire qu’en fait, le processus de création reste pour moi un mystère que je ne cherche pas à rationnaliser. Parfois je suis une éponge saturée, parfois je suis sec comme un désert.

 


 

Des périodes de doutes ?

Il n’y a QUE des périodes de doute. Jamais je ne me dis que je suis sur la bonne voie, en tout cas durant l’écriture. C’est pour cette raison que, bien qu’écrivant des scénarios (je devrais dire scenarii pour parler français mais je n’aime pas cet accord) qui ne sont destinés qu’à moi, j’écris tout de A à Z. Quand je commence à dessiner la première case, je sais très bien ce qu’il y a dans la dernière, 46 pages plus loin. Pour ce diptyque de 92 pages, je savais ce qu’il y avait dans la page 92. C’est seulement en travaillant de cette façon qu’on peut inextricablement lier le début à la fin. Car ce qui commande le début d’une histoire, c’est sa fin. Sans cette fin, pas de début. J’applique à la lettre la fameuse maxime de Jean Racine : « ma pièce est terminée ! Je n’ai plus qu’à l’écrire. »

C’est comme en voiture. Si vous ne savez pas où vous allez, vous irez quand même quelque part mais ça risque de ne pas être un endroit que vous aimez, surtout si votre plein d’essence est limité. En bande dessinée, c’est pareil. On dispose de 46 pages – ou du double - pour emmener le lecteur d’un endroit à l’autre.

Comme le doute est un sentiment épuisant, je le réduis en m’obligeant à structurer très fort chaque séquence, chaque scène, chaque case. Mais un doute en remplaçant toujours un autre, c’est un processus qui n’a pas de fin car il se fait alors sentir dans les dialogues puis dans le dessin, puis dans les couvertures… Si vous n’aimez pas vivre avec le doute comme compagnon de route, il ne faut pas écrire. Imaginez-vous sur une route inconnue accompagné par un type qui vous dit à chaque carrefour : « le chemin qu’on prend semble être pas mal mais je me demande si l’autre ne serait pas mieux ! »

 


 


Qu'est-ce qui t'a motivé à écrire et dessiner un double album (diptyque) dont l'action se déroule durant la seconde guerre mondiale ?

 

Chacun de mes parents a connu la guerre dans des endroits différents : ma mère – bébé - à Blégny, au contact de soldats américains qui ont vécu chez elle de septembre à décembre 44 et mon père – jeune gamin – qui a dû fuir avec sa mère et sa sœur devant l’offensive allemande avant d’être tous capturés pour être envoyés en Allemagne. Heureusement pour lui et grâce à une faille dans la réputée mécanique allemande, le camion qui les emmenait est tombé en panne à Born et on les a libérés. Ils sont restés cachés dans la cave d’une maison abandonnée pendant des jours. Ensuite, des SS se sont installés au rez-de-chaussée, les laissant en paix. Puis les Américains ont bombardé le village pendant trois jours sans en tuer un seul. Pour couronner le tout, mon père est tombé malade – il avait deux ans et demi – et c’est un médecin SS qui l’a soigné. Comme quoi, il n’y a pas de quoi désespérer de l’Homme même dans les pires moments. Bref, ils s’en sont sortis vivants. La preuve : je suis né.

Par ailleurs, une grand-tante possédait une ferme à Cheneux, près de La Gleize. Imaginez qu’elle a survécu à toute la guerre et combien d’espoirs elle a nourris après le débarquement en Normandie et la libération de la région par les Américains en septembre 44.

Malheureusement pour elle, le matin du 18 décembre 44, cette pauvre femme est allée faire son pain dans une maison en bas du village. C’est le moment qu’a choisi Jochen Peiper pour traverser l’Amblève à cent mètres de là. Repérée, la colonne a été bombardée pendant deux heures par des P-47 Thunderbolt américains. Plusieurs véhicules allemands ont été mis hors d’état de marche et la maison a été éventrée par une bombe. Ma grand-tante a été tuée dans la cave. Les SS ont ensuite tué plusieurs habitants en traversant le village et, coincés à neufmoulin sur la Lienne par des soldats de la 82ème division aéroportée américaine, ils sont revenus y installer un hérisson destiné à défendre l’accès à La Gleize. Le 504ème régiment d’infanterie parachutiste de la 82ème a reçu l’ordre de reprendre le village à tout prix. Vingt-cinq soldats américains ont été tués dans les deux attaques successives, fauchés par des tirs de canons de 20 mm destinés au combat anti-aérien ou dans des combats à l’arme blanche d’une sauvagerie inouïe.

Or, dans mon enfance, ce village pour moi était le paradis sur terre. Comment a-t-il pu être le théâtre d’événements pareils ? De fil en aiguille, j’ai appris ce qui s’était passé et étant le petit-fils d’un historien, je ne me suis plus arrêté de chercher à tout savoir sur tout. Les pommes tombant des pommiers, voilà comment tout a commencé. Mes maquettes et mes dioramas de gamin ne faisaient jamais que raconter ce genre d’événement. Je suis donc un gamin de 44 ans…

 


 

Nous te savons attaché aux valeurs de respect, de tolérance, de liberté.

C’est la moindre des choses que de respecter les autres. En tout cas, c’est le seul que j’ai trouvé pour qu’on me respecte, moi. La tolérance, j’y suis aussi très attaché, même si je trouve que ce mot porte en lui une part négative. Si on se force à tolérer, c’est qu’on est porté à adopter une vision initialement différente. Quant à la liberté, c’est la valeur suprème. Pour moi, rien ne la dépasse.


Dans la vie de chacun, la défense de ces valeurs fait parfois l'objet de luttes. Parfois même au prix du don de sa vie ?

Bonne question… Comme le dit Jean-Jacques Goldman dans une de ses chansons, « on ne saura jamais ce qu’on avait dans nos ventres. » Je me plais à croire que j’aurais été un grand résistant et que je me serais battu pour cette liberté au-dessus de laquelle je ne place aucune autre valeur. Mais de là à être sûr que j’en aurais eu le courage, il y a de la marge. Personne ne peut dire avec certitude ce qu’il aurait fait à cette époque. La seule chose que je peux affirmer, c’est que si l’extrême-droite devait de nos jours prendre les rènes du pays dans lequel je suis né et dans lequel mes filles vont vivre leur vie, je prendrais les armes sans hésiter. Je suis pacifique mais ça, je ne le laisserais pas passer. Avis à tous les fachos qui ont des idées dans le genre… Il y aura de la casse.

Dans les années 30, personne n’avait envie de revivre les drames de la guerre 14-18. Je comprends que les nations européennes aient tenté d’éviter la guerre à tout prix mais au vu du résultat, elles auraient dû réagir autrement. Churchill avait dit à Chamberlain quand il est allé voir Hitller : "Vous avez dû choisir entre le déshonneur et la guerre. Vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre !" Je crois qu’il avait raison.

Mais bon, la situation était différente, et les hommes aussi. Hitler étant mort, je suis certain qu’on ne vivra plus jamais de nazisme, sous quelque forme que ce soit. Du fascisme, oui, mais pas du nazisme.


Dans ta relation intime aux hommes et femmes que tu dessines et dont tu nous dépeins tellement bien la vie, les valeurs et les sentiments, peut-on dire que peu importe la période, il est important que l'homme lutte pour sauvegarder ses valeurs ?

Les hommes préhistoriques ont lutté pour préserver leur famille, leurs enfants, leur nourriture, leurs biens, leurs ressources vitales, leur culture, leur langue, tout cela pour des raisons que nous comprenons très bien. Parce qu’il est dépourvu de tout moyen de protection efficace, l’homme – qui n’est jamais qu’un animal – a au cours de l’évolution utilisé de plus en plus son cerveau pour élaborer des méthodes de survie efficaces.

Notre espèce ne peut survivre qu’en tissant des liens sociaux qui nous donnent une force que nous n’aurions pas si nous étions isolés. Nous sommes obligés de vivre ensemble pour survivre, donc de mettre en place des systèmes très compliqués basés sur nos liens sociaux. La politique parlementaire est le summum de ce que nous pouvons élaborer de mieux pour éviter de nous faire la guerre entre nous. Discuter dans une enceinte de problèmes graves, surtout avec des gens avec qui vous n’êtes pas d’accord, c’est quand même le meilleur moyen d’éviter les guerres. Bon, je vous l’accorde, nos mandataires sont parfois des cons mais ce n’est pas une raison pour jeter le bébé avec l’eau du bain. Notre système poiltique est basé sur des valeurs communes pyramidales.

C’est pour cette raison qu’il faut préserver ces valeurs. Comme contre-exemple, je citerai celui de l’Allemagne nazie qui a élaboré un corpus complet de nouvelles valeurs qui entraient en totale opposition avec ce que l’occident avait lentement construit au cours des siècles. Disposant de l’armée la plus puissante du monde, il ne lui a pas fallu longtemps pour mettre tout notre système par terre. Donc, oui, je crois qu’il faut être prêt à défendre l’édifice qui nous permet de vivre ensemble. Par les armes s’il le faut, même si c’est vraiment l’ultime recours possible. Dans un monde parfait, on se passerait volontiers d’une armée. Dans le monde réel, celui où nous vivons - qui est quand même basé sur les rapports de force - c’est une utopie dangereuse. J’en veux pour preuve que nous sommes incapables de vivre, à notre petite échelle et dans nos propres villes, sans un service d’ordre. « Si vis pacem, para bellum » : « si tu veux la paix, prépare la guerre ». J’ajouterais : « avec l’idée de ne jamais devoir la faire ! »

 

Est-ce un message important pour toi que tu veux nous livrer ?

Je dis que des millions de Juifs et de personnes soi-disant « non-conformes » sont mortes parce que, précisément, il n’y avait plus d’Etat de droit pour garantir leur sécurité et leur vie. Connaissant ce délire historique, qui accepterait encore de se défaire des moyens qui empêchent les sociétés civiles de basculer dans l’horreur ? Nous ne sommes sortis victorieux de cette calamité que parce que des milliers d’individus ont délibérément accepté de perdre leur vie - laquelle leur était aussi chère que la nôtre - pour réagir et se battre. Sans eux, où serions-nous aujourd’hui ? Pas dans la société où nous vivons, en tout cas. Je sais qu’elle est imparfaite mais à tout prendre, je la trouve plus humaine que toutes celles qui nous ont précédés.

 

Comment s'est déroulé ton travail de recherche documentaire ? Est-ce que ça te sert beaucoup ? As-tu récolté des témoignages oraux ?

Les témoignages oraux commencent à se faire rares, vu l‘âge des témoins. Par contre, mon grand-père a fait beaucoup de photos juste à la fin de la bataille des Ardennes, lesquelles sont aujourd’hui déposées au Musée de la Vie wallonne à Liège. J’ai moi-même fait des milliers de photos. Parole. Des gens extraordinaires m’ont par aussi donné de sérieux coups de main. Philippe Gillain, propriétaire du musée de La Gleize et grand connaisseur de l’armée allemande, m’a suivi jour après jour, pourchassant chaque détail, chaque erreur, chaque couac que j’avais laissé passé. Il est devenu un vrai ami avec qui, comme on le faisait jadis, j’entretiens une jolie relation épistolaire. J’ai également été très aidé par Didier Comès qui possède lui aussi une énorme documentation sur la seconde guerre mondiale. Lui aussi est devenu un ami. Dans mes pires moments de doutes, Philippe et Didier m’ont énormément aidé. Je leur dois beaucoup. Sans eux, ce projet n’aurait pas abouti.

Emile Lacroix, qui est à l’origine de presque toutes les stèles mémoriales de la bataille en Ardenne, m’a également beaucoup aidé, notamment en m’introduisant dans les cercles de collectionneurs pointus. Un ami, lui aussi… J’ai même fait la connaissance d’Anglais fêlés de reconstitutions historiques de la seconde guerre mondiale, des types qui ont même participé au tournage de la série « Band Of Brothers » produite par Tom Hanks et Steven Spielberg. J’ai fait 600 photos d’eux en uniformes au cœur même du village de Cheneux. Un vrai saut dans le passé. Je les leur ai envoyées et ils sont ravis. C’est un échange de bons procédés et en plus, ils sont charmants.

 

Quel est le défi majeur dans ce type de récit ?

Tout d’abord, bien faire son travail, chercher et trouver de la bonne doc sans la laisser figer le récit. J’aime que mes histoires soient inscrites dans le réel.

En l’occurrence, je raconte une histoire qui se déroule dans un contexte précis, entre le 16 décembre 44 et le 1er janvier 45. Je fais aussi des incursions dans la campagne de Russie, dans les massacres perpétrés par les Einsatzgruppen en 41 et 42… Je veux que cela soit documenté, ciselé et irréprochable au niveau des détails. Mais il faut aussi garder un cap narratif qui emmène le lecteur exactement où je veux qu’il aille. Ecrire une histoire, c’est toujours prendre position. Rien n’échappe au scénariste. Tout ce qu’il met en place occupe une fonction mais en définitive, rien dans le récit ne doit sentir cette construction. Mon grand-père m’en a raconté des centaines quand j’étais gosse. J’ai dû en garder des traces. La fluidité et le rythme, c’est le secret des histoires bien racontées. Ceci dit, ce n’est pas à moi de dire de bonnes histoires. Je n’en sais rien. Moi, je ne vois que les erreurs… Par contre, j’essaye de dire des choses importantes qui dépassent le cadre restreint de la bande dessinée.

 


Et au niveau du dessin, sont-ce les ambiances de neige qui sont les plus délicats à reproduire ?

Les ambiances de neige sont assez simples à réaliser. J’aime la neige en dessin, depuis toujours. Adolescent, mon album préféré était SILENCE de Comès. Tout est dit. Dès qu’un album se déroule dans la neige, je l’achète. On me dira : « eh, c’est facile, la neige ! » Peut-être bien que oui mais pourquoi devrais-je me refuser des plaisirs après lequels j’ai envie de courir ?

 


As-tu déjà tissé des liens d'attachement avec certains personnages de tes histoires ?

Oui. Héléna dans Mémoire de Cendres. Sam Bracken dans la série éponyme. Luther, Casmir, Gabrielle, Louis et Rachel dans Airborne 44. Impossible de faire autrement. Ils sont tous une partie de vous, même s’ils ne vous ressemblent en rien. Quand on crée un personnage, il est assez vide au début mais très vite, il se remplit de choses très variées. Il est le fruit de votre imagination et pourtant, il vous échappe progressivement, comme un enfant qui devient ado en quittant la maison par la fenêtre puis qui un jour la quitte par la grande porte. Il est tout ce que vous ne pouvez pas être, faire tout ce que vous ne pouvez – ou voulez – pas faire. Il peut dire des choses terribles, voire carrément ignobles, mais c’est sa personnalité qui le guide. Peut-être que ça m’aide à ne pas devenir fou… Il paraît qu’il y avait des gens limite, dans mes ancêtres… J

 


Te mets-tu dans la peau de tes personnages ?

Oui. J’essaye d’être honnête avec eux, de leur donner une chance, de leur trouver des excuses ou à tout le moins, des raisons personnelles de faire ce qu’ils font. Sans eux, l’histoire ne pourrait pas exister. Essayez donc de faire un barbecue tout seul dans votre jardin… C’est une expérience pénible, non ?

 


Traites-tu ce double album comme un récit historique ?

Non, ce n’est pas un récit historique, au sens où cette histoire ne s’est jamais déroulée (enfin, pas à ma connaissance). Si quelqu’un vient me dire que c’est l’histoire d’un membre de sa famille, alors ça deviendra historique, mais à mon corps défendant.

Je raconte une histoire qui se déroule dans un cadre historique. Ce n’est pas la même chose. J’aime la contrainte de l’histoire, parce qu’elle ancre le récit dans le réel. C’est un vrai plaisir de résoudre les problèmes que cela engendre. Le scénariste est un malade qui passe sa vie à résoudre des problèmes qui n’existeraient pas s’il ne les avait pas inventés.

 


Parle-nous de la sortie des albums en septembre prochain ?

Normalement, ils sortent le 23 septembre. En tout cas, la deadline pour la livraison en vue d’une sortie à cette date a été respectée de mon côté, même si les deux derniers mois, j’ai travaillé quize heures par jour. J’espère qu’ils plairont au public même si la crise est là, et bien là. Quand vous avez des fins de mois difficiles, vous devez faire des choix. Les loisirs sont les premiers à faire les frais d’une rétraction des dépenses. Mais bon, puisque les albums sortent ensemble, on peut peut-être répartir la dépense sur deux mois. Les bandes dessinées ont nettement moins augmenté que le reste des produits. Je croise les doigts.

 


Qu'est-ce que tu as envie de nous dire aujourd'hui en primeur et qui te tient à coeur concernant ces albums ?

Tout ce qui est dedans. Résister face à l’adversité, savoir saisir l’amour quand il se présente, être capable de résistance, faire preuve d’abnégation, connaître sa place dans le monde où on vit et l’assumer, rattraper ses erreurs, savoir oublier pour pardonner, … Des tas de choses importantes à mes yeux.

 

Merci Philippe pour ton talent et ta sincérité !

 

NB : Philippe dédicacera ses albums au Fil d'Ariane le samedi 26 septembre 2009 de 13h à 17h.

AIRBORNE 44 : Le résumé


15 décembre 1944. Deux enfants juifs quittent de nuit la ferme ardennaise où ils sont cachés depuis deux ans.


21 décembre 1944. La bataille des Ardennes fait rage depuis cinq jours. Les pieds dans l’eau d’un ruisseau perdu au cœur d’une forêt, deux soldats blessés se tiennent mutuellement en joue. L’un est américain, l’autre est allemand.
Au même moment, dans le haras de feu ses parents situé près de la frontière allemande, une jeune femme survit en attendant la fin de cette guerre interminable qui lui a tout pris.


L'histoire en deux tomes d'AIRBORNE 44 conte le destin de ces individus qui n’auraient jamais dû se rencontrer et que cette même guerre va réunir pour le meilleur et pour le pire.


La sortie simultanée de ce diptyque édité chez Casterman est prévue à la mi-septembre 2009.

Mise à jour le Samedi, 23 Octobre 2010 07:24