Le déclin de notre industrie motocycliste liégeoise.
Écrit par Michel Mohring   
Dimanche, 26 Juin 2011 15:33

Pourquoi  a-t-on perdu  ces constructeurs d’engins exceptionnels de la région liégeoise en si peu de temps et aurait-il été possible d’éviter ce désastre ? Question pertinente. 

Difficile d’ y répondre. Personnellement je pense qu’aujourd’hui on pourrait voir dans nos rues une moto conçue et fabriquée à Liège,si…. Mais avec des si, c’est bien connu… Toute cette triste fin commence dans l’immédiat après-guerre.

 Trois grandes  marques de motos dans le même quartier, c’est déjà beaucoup dans une relance économique difficile. Le haut de gamme de nos fabrications d’avant-guerre  ne correspond plus à la demande. Nos alliés ont laissé chez nous une grande quantité de motos militaires de toutes sortes que les gens ont adapté à leurs besoins.

Nos trois constructeurs dont la quantité de production est faible ne possèdent pas la trésorerie  pour un revirement total face aux besoins du marché. Les trois ne sont pas prêt à s’unir et ne former  qu’un. Chacun de son côté a essayé de vendre de nouveaux produits, la 500 bycilindres baptisée « atlantic »,magnifique grosse moto dans le style anglais chez Saroléa ainsi qu’une 175 au nom de « oiseau bleu,tandis qu’FN sort de ses chaines de production une 250 bicylindres 2temps et  le modèle type XIII dont l’originalité est la suspension  en anneaux de caoutchouc  et ce en version standard ou luxe et plusieurs cylindrées.

 


 

Gillet quant à lui propose pas moins de 19 modèles différents en 1952 du petit cyclo à la grosse 500. Force est de constater que c’est beaucoup pour un si petit pays .

L’état a sa part de responsabilité aussi puisqu’il impose une taxe à l’exportation alors que nos voisins reçoivent de leur gouvernement une prime pour  faciliter la relance. C’est beaucoup de choses en même temps. Chacun a le mérite d’essayer au point que dans les années 50 des sigles FN apparaissent sur des réservoirs Saroléa et vice versa. FN conçoit un petit 50cc au nom mélodieux de « princesse «  ou de « rocket » tandis que Saroléa fait appel au constructeur allemand Sachs et JLO pour équiper son petit cyclo .L’ensemble des trois constructeurs proposent donc énormément de modèles sur le marché.

Au milieu des années 50, la Belgique importe 7 fois plus de motos qu’elle n’en exporte, le rapport est inégal. N’oublions pas non plus l’arrivée des petites voitures populaires ,4cv Renault, la 2cv de Citroen, l’Austin, et j’en passe.

La mode est aussi au scooter, Vespa et Lambretta par exemple. Manifestement il n’y a pas place pour tout le monde.

En 1955,deux allemands, les frères Kuchen, proposent  aux différents fabriquants européens un moteur. IL est moderne de cylindrée moyenne 250cc , compact, performant, bref, il a toute les qualités pour plaire et simplifier le marché.

La FN reçoit ce moteur pour essai,mais voilà,un grain de sable a du enrayer l’initiative,car,rien n’est sorti de cette idée. Dommage c’était peut être la solution. J’ai eu la chance de récupérer ce moteur  qui est placé dans une partie cycle du modèle M22. Incomplète. A ma connaissance aucun pays n’a exploité cette solution pour commercialiser un modèle à moteur commun. Les Suisses de chez Motosacoche l’ont exploité de façon unique en version course,ce qui m’a donné l’idée de créer aussi une « « FN Kuchen »de course purement issue de mon imagination dont voici des photos.

 

 


Ne terminons pas l’histoire de nos motos liégeoises sur une note triste, car durant ces années nous nous sommes illustré brillamment dans une nouvelle discipline qu’est le Moto-Cross.

Les bons vieux moteurs de courses d’avant –guerre, que sont le »monotube » chez Saroléa ou letype » XV » chez FN ont repris du service avec succès. Ils ont été amélioré constamment jusqu’à obtenir le titre de champion d’Europe en1954 avec Auguste Mingels  et titre suprême en 1958 comme champion du monde avec comme pilote René Baeten. La cerise sur le gâteau pour couronner toute notre histoire motocycliste.  Une page d’histoire se tourne. Elle est d’autant plus malheureuse que ,en 1959 apparait en Belgique les premières motos japonaises qui vont révolutionner le monde de la moto avec le concept de la moto loisir et non plus comme moyen de transport social pour se rendre au travail.   

Avec des si…
    

Conclusion toute personnelle
Nos enfants ne devraient t’ils pas connaitre cette merveille histoire pleine d’enthousiasme ? Riche en valeur humaine, de savoir-faire ,d’ingéniosité, de découvertes et d’exploits. Cette richesse nous l’avons en nous , elle ne demande qu’à s’exprimer de nouveau. Ce potentiel pourrait donner aujourd’hui un élan nouveau à notre économie régionale. On peut rêver.

 

 

Mise à jour le Mercredi, 31 Août 2011 15:03