Best Of Verviers

Créé en 2006 par le Ministre Courard en étroite collaboration avec Madame Moussia Haulot, ce prix s’inscrit dans le prolongement de l’action entreprise par Monsieur Arthur Haulot dans sa lutte contre toute forme de totalitarisme, de racisme et d’antisémitisme. Ce prix récompense chaque année des projets présentés par des Conseils communaux et provinciaux des Enfants et de la Jeunesse de l’ensemble de la Wallonie.  Plus précisément, il met en avant des projets d’action visant à entretenir le travail de Mémoire, à savoir un travail de réflexion active sur les tragédies récentes de notre Histoire, dans une perspective progressiste d’éducation à la tolérance et à la citoyenneté

Et cette année, le Conseil Communal des Enfants de Verviers a obtenu une « mention spéciale » de la part du jury, soit un prix de 1000€ pour son projet « Raconte moi ton Histoire ».

Ce prix a été remis lors de la séance du Parlement Wallon du 18 mars 2009 à l’Echevin de la Jeunesse, Freddy Breuwer, prévenu la veille de la bonne nouvelle et invité à représenter la Ville lors de cette cérémonie.

Madame Bertholet (échevinat du service jeunesse) en quoi consistait ce projet ?

Sur le thème du travail de la Mémoire, de l’intergénérationnel et prenant pour cadre la Seconde Guerre Mondiale, ce projet entendait faire se rencontrer des personnes âgées ayant connu cette époque de l’Histoire et des enfants, en l’occurrence nos jeunes conseillers.

Sur base de ces rencontres et entretiens, le projet prévoit que les enfants recréeront une histoire unique, celle d’un enfant de leur âge durant la seconde Guerre Mondiale, par exemple.

Grâce aux nombreux témoignages récoltés par les enfants et grâce au concours de témoins comme Monsieur Wynants et Monsieur Hubin, les prochaines réunions seront consacrées à la mise en forme de l’histoire qui sera par la suite exprimée sous forme de cadres, illustrés par les enfants (poèmes, dessins, photos…) et grâce à des documents d’archive.

Le résultat de ce travail sera exposé au moment du 20^e anniversaire de la Déclaration des Droits de l’Enfant, soit à partir du 20 novembre 2009.

Témoins d’un passé lointain de plus de 50 ans, les personnes âgées semblent être les (désormais rares) interlocuteurs privilégiés pouvant relater cette époque.  En discutant avec les jeunes, en leur racontant leurs souvenirs, en leur montrant photos et objets chargés d’histoire, ils transmettent ainsi un savoir et effectuent ce si précieux « Travail de Mémoire ».

Comment vivait-on à l’époque ? Etre un enfant de 11 ans aujourd’hui a  t-il la même signification qu’il y a 50 ans ? Les enfants étaient-ils réellement des enfants, ou ont-ils du grandir trop vite à cause des faits dont ils étaient témoins et parfois victimes ?

L’exercice de réflexion et de construction de cette histoire permettra aux jeunes conseillers de réaliser la difficulté de la vie sous l’Occupation, la fin des libertés et par extension, leur permettra de mesurer l’importance d’une citoyenneté active et démocratique.

Marion Wergifosse (Ensival) pourquoi as-tu particpé à ce projet?  « J’ai décidé de participer au prix Arthur HAULOT parce que je veux que l’on créée un livre pour informer les jeunes de ce que c’était la guerre. Qu’ils soient conscients des conditions dans lesquelles les gens vivaient à ce moment et au courant de l’existence des camps de concentration et de leur horrible réalité pour que cela ne se reproduise jamais. Cela m’intéresse de recueillir des témoignages de mes grands parents, qui sont parmi les derniers témoins vivants de cette guerre. »

Et toi, Lucas Moreau : « Moi, je voulais participer parce que quand j'ai reçu l'information, et que j'ai lu l'histoire d'Arthur, j'ai trouvé que c'était vraiment bien ce qu'il avait fait. J'ai trouvé que c'était important et ça m'a donné envie de faire comme lui.

Je pense qu'il faut raconter ces "mauvaises" choses pour que chacun puisse savoir et comprendre... mais aussi pouvoir dire toutes les bonnes choses que ça a amenées.

Pour moi, ça représente un espoir pour l'avenir, qu'il n'y ait plus de guerre, plus ces événements horribles et que les gens puissent vivre en paix. »

Jacques Wynants, vous êtes notre chroniqueur historique sur Best of Verviers, président de la société verviétoise d’histoire et d’archéologie, historien spécialisé entre autres au niveau de la seconde guerre mondiale,….  Vous avez été partie prenante du projet. Quel regard portez-vous sur cette action ? :

« Appelé comme "consultant " pour ce projet, j'ai pu voir ces enfants à l'oeuvre. Ils ont accompli un travail remarquable et récolté des témoignages très intéressants.

Et les enfants issus de l'immigration ont, eux aussi, apporté une contribution originale.On a senti que tous s'y mettaient avec coeur et que cette recherche, et cette époque, signifiaiernt quelque chose pour eux.

Excellente initiative. Transmettre la mémoire des drames, des périls et des sacrifices du passé reste une priorité pour notre société d'aujourd'hui et de demain.

Bientôt, tous les acteurs et témoins directs auront disparu. Le souvenir doit-il disparaître aussi ?

Il nous faut recueillir ces souvenirs pour qu'ils  ne meurent pas avec les témoins. Les négationnistes de tout poil auraient beau jeu, alors. Mais la collecte des témoignages nous permettra, à nous et à nos descendant, d'opposer aux objections saugrenues ou vicieuses, le poids des faits indiscutables. »

Les acteurs du projet :

Nous avons choisi de laisser le choix aux enfants de participer ou non au projet. Notre souci principal était de toucher les enfants les plus motivés et de laisser la possibilité à ceux qui ne se sentaient pas suffisamment enthousiasmés par le projet de ne pas y prendre part. Onze enfants ont choisi de s’inscrire pour le projet. Il s’agit des conseillers suivants :

-          Clara Dechamps

-          Loïc Gilson

-          Sophie Lox

-          Chloé Bailly

-          Marion Wergifosse

-          Armelle Gilon

-          Sophia Potier

-          Nilay Sam

-          Lucas Moreau

-          Loïc Carabin

Avec l’aide précieuse de Messieurs Jacques Wynants et Jean Hubin

 

Et Fabienne Bertholet de l'échevinat du service jeunesse de poursuivre :

"Actuellement, nous avons rencontré les enfants à 3 reprises. Il faut dire qu’entre leurs réunions de commission et leurs autres activités extra-scolaires, il n’est pas évident pour eux de dégager davantage de temps.

Pourtant, chacun d’entre eux a fait montre d’une grande motivation à récolter des témoignages, anecdotes et à poser des questions  sur la seconde guerre mondiale.

Le groupe, accompagné de l’Echevin de la Jeunesse Freddy Breuwer et de l’Echevin des Anciens Combattants, Pierre Moson s’est également rendu au Territoire de la Mémoire à Liège.

De l’aveu même des enfants, cette visite, qu’ils ont qualifiée de choquante, leur a permis d’ouvrir les yeux sur la réalité de l’univers concentrationnaire.

Nous sommes très fiers d’avoir reçu cette gratification et espérons que la réalisation de ce projet pourra pleinement remplir ses objectifs, ceux également poursuivis tout au long de sa vie par Monsieur Arthur Haulot : informer les générations futures des dérives et atrocités qui peuvent découler de l’intolérance et du rejet de l’autre."

Toutes nos félicitations à ces enfants pour ce magnifique projet et aux responsables, consultants qui les ont entourés et motivés à devenir gardien et passeur de mémoire.