Le carnet de Loreta : octobre 2013, vingt-quatrième volet
Écrit par Loreta Mander   
Dimanche, 03 Novembre 2013 17:52

Loreta, nous partage sans fausse pudeur, avec simplicité, coeur et passion, son carnet de bord, celui d'une femme sur le chemin, là où la montagne se dresse.
Son 24ème volet est comme toujours touchant ou bouleversant,... comme les autres lettres qui ont précédé ! 

Comme un cri, elle nous disait : "Il ne faut pas attendre le pire pour s'arrêter et réfléchir un peu à soi. Je ne suis pas plus forte qu’une autre, mais une espèce d’instinct animal me pousse à me battre de plus en plus hargneusement et ça je ne peux l’expliquer. Lors de son premier échange Loreta se présentait ainsi : "La maladie est pour moi une forme de chance, comme un rappel à la vie".

Tout allait pour le mieux pour moi : j’ai rencontré mon cœur jumeau, je reconstruis ma vie et je suis tout simplement heureuse.
J’ai 2 enfants. Il a 2 enfants. Nous voici famille recomposée de 4 enfants, qui s’entendent très bien.
Je suis née à Verviers et y ai vécu jusqu’en 2000. Pour des raisons professionnelles et amoureuses, j’ai migré vers la périphérie bruxelloise, où je réside encore à l’heure actuelle".
Voici son carnet de bord, vingt-quatrième volet
 

 


 

Vendredi 4 octobre 2013

Le mois commence avec un grand ciel bleu et les couleurs de l’automne brillent de tous leurs feux. Encore un joli cadeau de la nature. Les avez-vous bien regardés ce matin ?

Et pourtant, tout devrait être rose puisqu’un jour, quelqu’un, quelque part a décidé que Pink serait la couleur d’octobre ! C’est, paraît-il, le mois où l’on se doit de se faire dépister, de soigner ses lolos, de les palper, de ne pas laisser le crabe envahir nos seins…. Ils appellent cela le mois du cancer du sein. L’idée, en soi, est bonne. Sauf, que toutes les marques (même les produits qui sont aussi les amis du cancer de par leur composition) en profitent pour tout peindre en rose. Les bidons de lessives, les adoucissants, les savons, les cosmétiques, les loques à reloqueter, la bouffe pour les chats, les vêtements.

Et vas-y que tout les people arborent fièrement le ruban rose, le bijou rose, la rose rose et j’en passe. Le mois prochain, ils passeront au ruban blanc, au ruban jaune, au ruban bleu pour défendre une autre cause. Sauf que, pour nous les malades, c’est pink tous les instants, toutes les minutes, toutes les heures, toute l’année. Ceci dit, cette initiative a quand même du bon pendant un mois de l’année, mais est vraiment très envahissante et nous rappelle, à chaque détour des allées des magasins, que nous en sommes aussi ! Et les témoignages (avec ou sans larmes), les hommages (avec ou sans larmes aussi) se succèdent.

On ne parle plus que de nous, enfin non, de notre crevée maladie de merde, qui, un jour, nous est tombée dessus sans que nous n’ayons demandé quoique ce soit à personne. Peut-être portait-on un tee-shirt rose ce jour-là ? Je ne m’en souviens plus, à vrai dire. Ce jour de l’annonce a été le pire de ma vie, comme un boulet de canon qui m’a touché en plein cœur, comme un grand point d’interrogation dans ma tête, comme une punition non méritée et injuste. Ne faudrait-il pas aussi insister sur le combat de ces femmes (dont je fais partie malheureusement) qui, toujours avec foi et optimisme, ont décidé de se battre, de dédier le reste de leur vie à ce crustacé féroce et insidieux et ce, jusqu’à la mort. Au moins, pendant un mois, les agendas des centres de dépistage vont déborder, du moins, je l’espère. Ne laissez pas cette bestiole vous ronger. Combattez là avant qu’elle ne s’installe. Ca n’arrive pas qu’aux autres. D’après les statistiques, une femme sur 8 dans le monde est atteinte par cette saloperie. Mais toutes ne meurent pas. Enfin si, tout le monde meurt à la fin de sa vie. Comme disait Pierre Desproges : « La vie, on ne s’en sort jamais vivant ! ». Il faut insister sur l’espoir, sur l’importance du moral dans le combat, sur le fait que des millions d’anonymes se battent, sur l’accompagnement pendant la maladie et sur toutes ces petites choses du quotidien qui font que nous résistons.

Donc, moi aussi, je porterai le ruban rose mais pas qu’en octobre. Un ami m’a dit l’autre jour qu’il était prêt à s’habiller avec un tutu rose si ça pouvait éradiquer la maladie. Chiche ! Habillons nos hommes en rose. Lol !

Avant-hier, retour vers l’hôpital. Je n’aime pas ça. J’ai mal dormi, je me suis levée tôt, trop tôt avec la boule au ventre. Mes jambes me portent, mais mon corps dit qu’il ne veut plus. Mais, il ne faut pas tout jeter et y aller. Vas-y ma Pepette, courage, ça ne durera pas longtemps.

Rendez-vous à 9h30 pour la prise de sang. 10h30 … échographie du cœur, encore un moment de joyeuseté. Sentir ce gel glacé sur son corps pour regarder battre son cœur sur un écran d’ordinateur. Il bat bien le bougre et régulièrement en plus, me dit le médecin. Ca me rassure. Des fois qu’il ne battrait plus, je m’en serais quand même rendu compte en venant jusqu’ici. Ben oui, Madame, il bat, ça t’étonne ? Si elle pense me rassurer avec ces quelques mots, les seuls qu’elle a prononcé pendant la durée de l’examen. Ceci dit, je venais pour ça, donc « check », « RAS », « well done » girl. Retour au 4ème étage pour l’Herceptine.

Beaucoup de personnes me demande ce qu’est l’Herceptine. Voici donc l’explication technique de l’affaire. Herceptin ou trastuzumab (Herceptin®, appelé également couramment « herceptine ») est un anticorps monoclonal recombinant qui agit sur les récepteurs HER2/neu (également appelé ErbB2). Il est utilisé comme médicament anti-cancéreux dans certaines formes de cancer du sein. Afin d’inhiber la croissance tumorale contrôlée par HER 2, des anticorps monoclonaux spécifiquement dirigés contre le domaine extracellulaire du récepteur HER 2 ont été développés. Le plus puissant est l’anticorps murin Mab 4D5. Son caractère immunogène, limitant son utilisation a entrainé le développement d’anticorps monoclonaux recombinants humanisés (IgG1) comme le trastuzumab (Herceptin®) dont l’affinité pour HER 2 est 3 fois plus importante que le 4D5.

Je sais, c’est un peu technique, mais pour résumer, quand on a un certain type de cancer du sein, avec lequel on ne peut pas recevoir de traîtement hormonal, on reçoit l’Herceptine, sorte d’empêcheur de développement des cellules cancéreuses. Je suis ce traîtement depuis presque 7 ans maintenant. Il n’y a pas d’effets secondaires conséquents, bien que ça reste un produit chimique. L’injection dure ½ heure.

Avant cela, une petite formalité m’attend. Je signe ma démission du test clinique. J’appose mon paraphe au bas de la page et je me sens soulagée à nouveau. Ouf, ils n’ont pas essayé de m’y retenir, ils ont enfin compris. Mais, d’un air dépité, ils me disent quand même que c’est dommage. Ah oui ? Dommage pour qui ? Pour eux ou pour moi ? Je n’aurai jamais la bonne réponse, mais ma décision passe avant tout. Si je me suis trompée, j’assumerai.

L’Herceptine arrive et à 13h, je suis sortie. Tu penses que tout est OK ? Ah que nenni. Pendant l’injection, je sentais déjà le froid qui m’envahissait avec quelques frissons. Comme je reprends le traitement après un arrêt de quasi 2 ans, c’est comme si on recommençait à zéro, et comme pour tout nouveau traitement, j’ai toujours une réaction allergique. Je prends un antihistaminique. Je reprends mon auto, je rentre à la maison et là, bardaf….. j’ai de plus en plus froid, comme un état grippal, je ne peux quasi plus marcher.

Meilleure solution dans ce cas-là, direction divan avec 3 couches sur le corps et 2 couvertures par dessus. J’ai une envie de dormir que tu n’imagines même pas, comme si j’avais escaladé le Mont-Ventoux sur un vélo des années trente et qui pèserait 100 kilos. Qu’est-ce qu’on fait dans ces cas-là ? On dort madame, on dort et ça fait un bien fou. Du coup, mon petit vélo se remet à voyager dans ma tête. Ah non, pas encore ces effets secondaires comme pour les chimios. Je suis définitivement convaincue que mon corps me redit STOP. Mais, tu sais petit corps fragile et courageux, je ne peux pas tout jeter. Je dois rester raisonnable, mais peut-être as-tu raison, peut-être que tous ces traitements ne servent plus à rien, que tu t’es bien battu pour en venir à bout.

On ressent toujours un sentiment de culpabilité à hésiter entre ce que le corps nous dit et ce qu’il FAUT faire. Mais le faut-il vraiment ? La médecine est là pour aider le malade, mais ne nous voilons pas la face. Les firmes pharmaceutiques font partie des secteurs économiques qui réalisent des profits plantureux. Tant qu’ils vendent leurs produits, la machine à sous se met en marche. D’un autre côté, tout cela est vrai mais ces produits m’ont quand même aidé à m’en sortir. Je suis dans une profonde réflexion. L’avenir me dira ce qu’il fallait faire.

En attendant, je garde mon statut de bon petit soldat et j’accepte, en toute connaissance de cause. J’en parle avec le médecin, qui me comprend bien et qui, pour me remettre du baume au cœur, me dit que dans quelques mois, l’Herceptine pourra s’injecter à la maison par une simple piqûre, donc plus de trajet vers l’hôpital. Ca, c’est une bonne nouvelle, tiens !

Le lendemain matin, je me lève fraîche comme une rose. Vas-y comprendre quelque chose. Je mets donc ce petit couac sur le dos d’une allergie de première prise. On verra la prochaine fois.

En attendant, je continue à vaquer à mes occupations. J’ai tondu la pelouse, ça j’aime bien faire. Ca me repose et pour pousser le vice jusqu’au bout, je fais un second passage, car ça sera probablement la dernière tonte de l’année. J’aime voir un beau travail bien fait et je trouve que la pelouse est très belle. En plus, sous le soleil, ça fait un bien fou.

Aujourd’hui, à nouveau un peu de ciel bleu, un peu de soleil, un petit vent…. Que demander de plus ?

 

 

Vendredi 11 octobre 2013

Rien de bien neuf ces derniers jours, d’où le fait que je n’ai pas écrit. Je deviens comme les indiens, je parle et j’écris quand j’ai quelque chose à dire ou à « sortir ». Mais quand même, je ne peux pas rendre une copie blanche, non plus. Mais je me sens tellement bien, que j’en oublie la fatigue qui se dissipe lentement. En écoutant du Gratefull Dead, je vous livre mes impressions du moment.

Nous voici en plein dans « Octobre rose », LE mois du cancer du sein ! Il y a beaucoup d’initiatives, mais ça commence à gaver. Et puis, il n’y a pas que ce type de cancer. Les nanas du showbiz en profitent pour montrer leur atours à qui veut bien les regarder. « Regardez, comme ils sont beaux mes nénés, j’en ai encore deux … moi ». Je comprends la démarche, mais ça frise parfois l’indécence. Info ou intox ou en mots plus simples « Je me fais un peu de pub ou j’y crois vraiment ? Je n’ai pas d’avis. Il y a un truc que je n’ai jamais bien compris. Une star se doit d’être toujours présentable, mince, bien sapée, bien coiffée, maquillée comme photoshop.

On annonce qu’elles ont un cancer et …. pouf, comme par magie, tu les retrouves 3 mois après qui annoncent leur guérison et ils sont à nouveaux tout beaux, tout nets avec une poitrine toute nette. Par quelles mains peuvent-ils bien passer pour retrouver en un coup de baguette magique une si jolie image de soi ? Parce que je peux vous affirmer qu’après un si court laps de temps, on n’est plus beau, on a des boutons, on n’a plus de cheveux, on a des vilaines cernes, parfois un organe en moins et on crève la fatigue. Je ferais bien star moi, tout compte fait. Ou alors, ils trichent pour ne pas perdre pied sur le podium. C’est certainement ça, ils ont peur, comme tous les autres malades de n’être plus comme avant.

Mais, Angelina, Anastasia et les autres, sachez que vous ne serez plus jamais comme avant. Du moins au point de vue social et psychologique. Il faut vous refaire une nouvelle image d’une nouvelle vie. Vous êtes et resterez d’anciens malades en rémission. Mais revoir vos minois tout mignons, vous donnez certainement de l’espoir aux autres malades, qui n’ont pas vos moyens, ni votre temps, ni vos coaches de toutes sortes. Après un cancer, on redevient vrai dans tous les sens du terme. On abandonne nos vieilles chaussettes, on nettoie le cerveau, on se refait une nouvelle vie, on change de look, on oublie ceux qui nous ont oublié quand ça n’allait pas et on découvre d’autres qui, par un petit mot, un sourire, nous ont aidé à gravir la pente. On porte le même nom, le même prénom, mais on a envie de réaliser un rêve, de devenir celle ou celui qu’on aurait toujours rêvé être, c’est-à-dire nous-mêmes. Finies les armures pour se protéger des mauvais, les belles robes pour plaire même à ceux qui nous pourrissent la vie, les courses pour être à l’heure, cette envie de toujours se croire indispensable. Et non, indispensable tu ne l’es pas. Il faut te faire à cette idée et ne pas t’y accrocher comme un morpion.

Quand tu n’auras plus rien, ta cour ira voir du côté des bons-vivants, on annoncera ton départ avec des mots qui feront pleurer ou se réjouir, au mieux, tu auras un petit article dans une gazette du coin (en tout cas un avis nécrologique). Si tu es célèbre, peut-être, en fin de journal télévisé, un petit encart en précisant que ta disparition marquera la planète entière et, quand l’express te déposera à la gare « Paradise » ou « Inferno », tu iras t’asseoir sur le rebord du ciel et tu verras qu’on t’aura déjà remplacé par quelqu’un qui est ton « élève », mais qui va, enfin, révolutionner tout ce que tu as mis en place. Alors, arrêtes de te dire que tu ne peux pas te reposer, que tu ne peux pas prendre congé, que tu n’as pas le temps d’aller passer un check-up à l’hôpital, parce que ce temps-là ne se récupère JAMAIS, tu entends ? JAMAIS. Nous ne sommes finalement que des parcelles microscopiques qui passons en laissant (ou pas) une trace (indélébile ou pas).

Et la vraie vie là-dedans ? Rien, nada, niente….. tu n’as pas pris de temps pour toi, tant pis, ça ne sera pas noté sur ta carte de pointage, c’est du bénévolat, pour lequel personne ne te remerciera. Alors, réfléchis, prends soin de toi, chouchoutes-toi, fuck les casse-pieds et préfère ceux qui te font du bien, acceptes les sourires, retournes-les le plus souvent possible, offres ton sourire au grincheux que tu croises, il en sera tout retourné, ris, aimes, danses, laisses tomber le matériel et la jalousie.

Quand tu seras au bord du précipice, tu n’auras de toute façon pas d’autre solution que de lâcher tout pour te reprendre en main et t’empêcher de tomber. N’oublies pas, tu es une belle personne avec sa personnalité, ses qualités, ses défauts et plein d’amour à donner à qui le veut. Tout ceci est à prendre au positif, bien entendu et ne doit pas être lu comme une leçon, mais un vrai partage.

 


 

 

Mercredi 16 octobre 2013

Revenons un peu les pieds sur terre. Hier soir, le football belge était en fête.

Je suis loin d'être une spécialiste et une fan de foot, mais quand "notre" équipe nationale fait un beau parcours, je m'applique. Que dire de ce que j'ai vu hier à la télévision ? Je n'émettrai pas d'avis sur le match et les joueurs, vu que je n'y connais pas grand chose.

Moi, j'ai trouvé ça plutôt bien. Puis il paraît que nous allons au Brésil et que c'est déjà un exploit. De plus, il semblerait que nous devenions l'exemple "mondial" de l'équipe à qui personne n'a rien à envier.
En ce qui concerne les interviews et commentaires, j'ai franchement cru qu'il s'agissait d'une caméra cachée ou un quelconque reality show (il ne manquait même pas la blonde). J'ai appris que notre prince Philippe avait participé au marathon des 20kms de Bruxelles, qu'on pouvait gagner des places pour les matches mondials.

Rassurez-moi, tous les supporters de foot, ne sont pas comme ceux "interviewés" dans les grandes villes de Wallonie. Pauvres de nous, quelles meutes !

Et là me vient une réflexion. J’ai regardé, ébahie, par tant de …, je ne trouve même pas le mot ! Rage de vaincre ? Fierté d’appartenir à une même communauté ? Rage de boire ? Je suis complètement interpellée par ces gens qui hurlent comme des chiens (et encore, c’est méchant pour les chiens), qui ne sont pas capables d’aligner deux mots correctement. Ils lancent une espèce de cri sauvage, qui fait franchement peur et qui me fait douter sur le niveau mental de certaines personnes.

On peut être content, on peut être fier de faire partie d’un pays qui fait parler de lui, on peut être au Nirvana parce que votre équipe a marqué, mais, pourquoi gueuler tels que des hommes des cavernes? Dans le micro, en plus. Cela amplifie l’effet sous l’œil bienveillant de « reporters stagiaires », qui doivent franchement ce demander ce qu’ils foutent là. Se taper autant d’années d’étude de journalisme pour se retrouver au milieu de quelques centaines de demeurés hurlants, est-ce que ça vaut bien la peine de payer si cher des études à nos enfants ?

Bien sûr, un journaliste doit gravir les échelons, mais là, ça dépasse l’entendement. Ceci dit, certains de ces jeunes journalistes n’avaient probablement jamais regardé un match de foot de leur vie à entendre les questions qu’ils posaient. Et ceci n’est pas un phénomène typiquement belge. Parfois, ces demeurés sont aussi violents, on les appelle des hooligans. Ca fait vraiment peur quant à la santé mentale des générations futures.

J’ai eu l’impression, tout à coup, que je me retrouvais dans un monde irréel, qui n’était en tout cas pas le mien. Peut-être que je vieillis réellement et que je deviens un peu raisonnable. Qui sait ? Tout arrive !

 

 


 

Mercredi 23 octobre 2013

La météo est plus que clémente. De quoi couler tout doucement vers l’hiver en zappant un peu d’automne. Un genre d’été indien, qui revigore bien les corps et les esprits.

J’en ai profité pour mettre la dernière main au jardin. Et la nature m’a fait un énorme sourire de remerciement. En route pour une petite hibernation qui s’ensuivra des bourgeons et des fleurs à nouveau, mais en 2014.

Le week-end dernier, nous sommes partis en Ardenne. Mon fils et sa compagne fêtaient leurs anniversaires. C’était vraiment super ces retrouvailles ! Une super ambiance, cool et pleine de sourires. J’y ai revu des amis et amies que nos chemins avaient séparé depuis plusieurs années. Et bien, c’est comme si c’était hier…. avec quelques rides en plus, mais tellement de belles conversations. Les enfants de Jean-Marie y étaient également et ça nous a fait un bien fou à tous de se lâcher pour quelques heures.

Nous avons logé dans une maison d’hôtes, tenue par un couple de hollandais, mais plutôt irlandais puisqu’ils y ont vécu pendant des dizaines d’années. La dame est d’ailleurs la sœur d’un des musiciens des Dubliners. Nous avions donc de beaux sujets de conversation. Un accueil très chaleureux que je recommande à ceux qui veulent trouver un peu de paix le temps de quelques jours. Le genre de maison, dans laquelle on se sent bien dès qu’on y met le premier pied.

Hier, retour à la réalité. Deuxième séance d’Herceptine. Ca a été rapide. Un peu de fatigue en rentrant, une bonne nuit à dormir les poings bien fermés et c’est reparti pour 3 semaines de paix. J’ai de plus en plus de mal à retourner à l’hôpital. Je ne m’y trouve plus à ma place. C’est bizarre comme sensation.

On dirait que je perds l’habitude. C’est plutôt bien comme ressenti. Ca veut dire que je me sens de moins en moins concernée. J’ai vu le médecin qui m’a dit que tout avait l’air de se remettre en ordre surtout au niveau du foie. Donc, jusqu’à présent, je ne regrette pas mon choix d’avoir arrêté le test clinique. Par contre, je sens qu’on s’occupe moins de moi au niveau médical. Plus de contrôle prévu, sauf si j’ai des douleurs ou des plaintes. Et bien non, pour le moment, ça va ! et plutôt très bien. Je revis, je savoure à nouveau ma vie.

 

 

Dimanche 3 novembre 2013


Ouille ouille ouille….. j’ai du retard à rattraper moi ! Très occupée à préparer mon soixantième anniversaire, que j’en ai oublié d’écrire. Heureusement que j’ai une bonne mémoire (hum).

Jamais, je n’aurais imaginé arriver à fêter mes 60 ans. Certains sont déprimés à l’idée de vieillir. Moi, je me dis que c’est la suite logique des choses et que, de toute façon, on n’efface pas les rides. Elles sont le reflet de notre vécu, de nos expériences. Pourquoi lifter notre CV ? En plus, depuis l’arrêt du test clinique, je me sens si bien dans ma peau. Je revis en quelque sorte.

Alors, j’ai décidé de fêter cela avec ma famille, avec mes amis. Je veux marquer le coup et je veux que ça soit bien. On y pense depuis le mois de mai, donc tout est fin prêt. Cœur jumeau a préparé un super montage photos et musique pour introduire la soirée et moi, j’ai planché sur mon mot de bienvenue pour être certaine de ne rien oublier, ni personne. Sauf que le moment venu, j’avais oublié mes lunettes, j’étais émue et j’ai improvisé. Si j’ai oublié certaines personnes qu’elles me pardonnent, mais ça n’était pas intentionnel. Je m’en veux tellement d’avoir été si approximative, mais l’émotion, ça me fait toujours cela.

Le 31 octobre venu, nous voilà parti à Verviers pour préparer la salle et pour enjoliver la bête, en l’occurrence moi. Quelques astuces de maquillage pour paraître plus en forme et voilà le travail…. presque neuve ! J’étais heureuse de revoir mes amis et surtout mes enfants et ma petite-fille. Dans ce genre de soirée, on a pensé à tout, sauf au fait qu’il faut essayer de voir tout le monde, parler un peu avec chacun, faire quelques prestations scéniques et être disponible. Et bien, ce ne fût pas le cas. Dès que j’ai vu entrer les premiers invités, j’ai eu l’impression que mes pieds ne touchaient plus le sol et que je planais au-dessus de tout le monde. J’ai reçu de jolis cadeaux, des fleurs et une cliniclown m’a offert son nez rouge et ça m’a fort touché. J’ai pu mettre des « vrais » visages sur mes amis facebook.

Je n’ai pas pu m’occuper de mes hôtes au mieux, mais l’ambiance était très relax. Les musiciens ont donné le meilleur et ce fût un superbe cadeau. Encore merci à Joe, Diego, Jean-Pierre, Alain, Rudy, Jean-Pierre, Corentin, Lolo, Max, Nico, Philippe, BJ, Jacques, Christian, Alain et John (qui avaient fait le déplacement du nord de la France pour être là), ma petite contribution à faire connaître certains jeunes artistes. J’ai pu chanter avec BJ Scott, avec Philippe et avec mon double.

 

Je me suis bien amusée. Elle était telle que je l’avais rêvée. Elle aurait dû être un peu plus longue, ainsi j’aurais pu assurer mon rôle complètement. Que les amis que je n’ai pas salués ou vus me pardonnent. Les amis photographes ont fait un super boulot et nous voici avec un tas de souvenirs, que je regarderai souvent pour revivre ces instants. C’est probablement une des plus belles fêtes de ma vie et elle restera longtemps encore gravée dans mon cœur. De plus, les bénéfices engendrés seront intégralement versé au service de musicothérapie de l’UZ Leuven, où je suis soignée. Je remercie les participants pour leur générosité qui sera utilisée à bon escient.

J’ai pu lire, à tête reposée, les dizaines de mots qui m’ont été offerts. J’ai vraiment été très touchée. Je n’imaginais pas à quel point les carnets de bord ont pu être utiles. Ceci dit, sans vanité, bien sûr.

Comme a dit une de mes amies, une décennie est une page tournée, mais le livre reste ouvert et les pages sont pleines de projets. Prochain échelon à mon escabelle…. 70 ans, mais je ne sais pas si j’y serai encore vaillante. Alors, autant profiter de la pêche actuelle.

Encore un mois qui se termine. On file vers le repos de la nature, la lumière tombante et les soirées au chaud près du radiateur. Voici revenu le temps des potées, des grosses soupes et des gaufres….. mais je vous jure que dans quelques dodos, le printemps sera à nouveau là.

Une nouvelle décennie s’ouvre à moi. Faisons en sorte qu’elle me remplisse de joie, de beaux moments présents et surtout d’une santé un peu mieux retrouvée.

Et n’oublions pas de garder le meilleur, de dire à ceux qu’on aime qu’on les aime profondément et de vivre à fond le cadeau qu’est la vie.

 

Mise à jour le Dimanche, 03 Novembre 2013 18:06