Le carnet de Loreta : septembre 2013, vingt-troisième volet
Écrit par Loreta Mander   
Samedi, 28 Septembre 2013 18:33

Loreta, nous partage sans fausse pudeur, avec simplicité, coeur et passion, son carnet de bord, celui d'une femme sur le chemin, là où la montagne se dresse.
Son 23ème volet est comme toujours touchant ou bouleversant,... comme les autres lettres qui ont précédé ! 

Comme un cri, elle nous disait : "Il ne faut pas attendre le pire pour s'arrêter et réfléchir un peu à soi. Je ne suis pas plus forte qu’une autre, mais une espèce d’instinct animal me pousse à me battre de plus en plus hargneusement et ça je ne peux l’expliquer. Lors de son premier échange Loreta se présentait ainsi : "La maladie est pour moi une forme de chance, comme un rappel à la vie".

Tout allait pour le mieux pour moi : j’ai rencontré mon cœur jumeau, je reconstruis ma vie et je suis tout simplement heureuse.
J’ai 2 enfants. Il a 2 enfants. Nous voici famille recomposée de 4 enfants, qui s’entendent très bien.
Je suis née à Verviers et y ai vécu jusqu’en 2000. Pour des raisons professionnelles et amoureuses, j’ai migré vers la périphérie bruxelloise, où je réside encore à l’heure actuelle".
Voici son carnet de bord, vingt-troisième volet

 

Lundi 2 septembre 2013

Marre d’être à l’hôpital. J’attends des nouvelles. Etrangement, à l’hôpital, les week-ends sont ultra calmes, comme si le temps s’était arrêté. On voit plus de visiteurs que de malades. Dommage que les maladies n’appliquent pas cette trêve, que ça ferait du bien. De mon côté, je me porte comme un charme, pas de fièvre, pas de douleurs et je m’emmerde. Le calme à l’hôpital m’emmerde. Alors, j’observe. Ma voisine de chambre, une jeune kurde de 30 ans avec 3 enfants a des complications de chimio pour un cancer du sein qui va être opéré. Elle est inquiète, elle me pose des questions sur le maintenant et l’après, puisque j’ai suivi le même parcours il y a 9 ans. Dans la chambre à côté, depuis 4 jours que j’erre dans le service, une vieille dame est dans un lit la bouche ouverte aux mouches et ne bouge pas. Mais depuis 4 jours, elle ne bouge pas du tout. Franchement, si c’est ça la thérapie, je n’adhère pas, sauf si l’état est passager, mais est-ce vivre ? est-ce profiter du moment présent ?

Ce matin, il y a beaucoup d’arrivées. A leur tête, on voit que c’est la première fois. Certaines chimios se passent pendant 2 à 3 jours à l’hôpital. On voit l’angoisse dans leurs yeux. Ils cherchent des infos mais n’osent pas ou ont peur de demander. Souvent, les médecins ne trouvent pas les mots, les infirmières n’ont pas le temps et les associations qui rédigent tous ces livres genre « la chimio pour les nuls » ne sont jamais passées par cette expérience. Le malade reste avec ses questionnements. Parfois, je me dis qu’un accueil fait par des anciens malades, des personnes qui connaissent les vrais effets secondaires, pas toujours exactement ceux qu’on nous dévoile et qui peuvent également expliquer comment ils ont résolu certains inconvénients de la vie privée. Un genre de « truc de grand-mère » pour les nouveaux.

 

 

Vendredi 6 septembre 2013

Depuis que je suis rentrée à la maison, je me sens bien. Fatiguée, donc je fonctionne au grand ralenti (et oui, j’ai passé la deuxième), mais bien. J’ai aussi beaucoup réfléchi et ma décision est prise, je resterai perméable aux arguments de l’oncologue, je ne continue pas le test clinique. Si ça se passe bien, ça sera toujours des précieuses minutes gagnées sur la vraie vie. Si ça se passe mal, il reste encore des solutions et puis ce produit sera commercialisé début 2014. Il faudrait vraiment très peu de chance pour qu’il y ait un changement dans le comportement de mes métastases d’ici là. Mon corps me dit clairement qu’il en a assez d’être régulièrement abreuvé de produits toxiques et chimiques, même si j’essaye d’arrondir les angles avec des produits naturels et des huiles essentielles. Aller à l’hosto toutes les 3 semaines, comme on va à un boulot à temps partiel, j’en ai ras la casquette. Depuis 9 ans que je pratique ce mi-temps, j’ai du mal à supporter la fatigue, la fièvre et tout le toutim. Après tout, je veux bien participer à un test clinique (qui m’a été très bénéfique, je l’avoue), mais je n’ai pas dit que je donnais directement mon corps à la science. Je ne sais jamais si je deviens un cobaye à l’état pur ou une malade qu’on soutient. Il y a tellement d’intérêts financiers derrière tout cela. En tant que malade, j’accepte les offres qu’on me propose pourvu qu’elles donnent des résultats positifs. Ce qui est le cas, mais ça devient trop long. Depuis le 21 novembre 2011, à raison d’une chimio toutes les 3 semaines, faites le compte, moi j’ai arrêté de compter. Il faut savoir dire non à un moment donné. C’est peut-être une erreur, l’avenir nous le dira. Mon intuition et mon intime conviction, qui me trompent rarement, me disent de suivre mon instinct. Je vais maintenant commencer à faire une valise. Dimanche, en route vers le nord de la France, au bord de la mer. Si il fait beau, ça sera super, mais si il fait moche, ça sera super aussi. Du repos, des promenades, profiter du moment présent, méditer et… cherry on the pie, des photos. J’ai envie d’aller à la rencontre des autres, des gens vrais, ceux qui savent vivre leurs passions. Oser engager la conversation, m’intéresser à leur vie, à leur métier, faire un petit bout de route avec eux, sans me poser de questions, ni me prendre la tête…. loin des lumières de la ville.

L’autre jour, une personne avec laquelle je discutais de ma santé (parce qu’elle me demandait des nouvelles) me dit : on mais le cancer, aujourd’hui, ça se soigne, ça va aller !!!! Ah oui ? Mais au prix de quelles souffrances, de quelles remises en question, de quelles privations, de quelle transformation de l’image de soi et j’en passe. Mais, oui, ça se soigne ! Elle m’a bien fait rire finalement, parce qu’il vaut mieux ne pas tout savoir dans certains cas !


Vendredi 13 septembre 2013

Nous sommes rentrés hier de Wissant. Quelle belle surprise cet endroit. J’ai réussi à lâcher totalement prise, même si, en temps normal, je ne me tracasse plus beaucoup de certaines choses. J’ai juste admiré la beauté et le côté sauvage de la nature. J’ai pris conscience de l’infiniment petit et de l’infiniment grand. Nous sommes juste des atomes. 60 ans pour m’en rendre compte. Comme quoi, tout arrive à temps et à heure. Dimanche, il y avait un super soleil. Comme il y avait une épreuve sportive à Wissant, nous en avons profité pour visiter Wimereux et Audreselles. De super petits villages. Les gens sont charmants, simples et accueillants. Nous en avons profité pour aller voir la maison que nous avons loué en décembre, juste en bord de mer. C’est juste magnifique. Nous avons hâte d’y retourner. Les autres jours ont été très mitigés au niveau de la météo, mais ça ne nous a même pas mis de mauvaise humeur ou gardés à l’intérieur. Bien emmitouflés, nous sommes restés toute la journée au grand air. Cap Gris Nez, Cap Blanc Nez et autres merveilles se sont offerts à nous. La nature c’est un peu comme photographier un bon concert de rock, les attachées de presse et les contraintes en moins. Tu observes les mouvements de la nature, tu cherches ou tu attends la lumière, tu t’installes et tu espères qu’à un moment donné, tu vas traquer le mouvement sous les lights. L’avantage c’est que ça dure plus que les trois premiers morceaux, que ton sujet n’a pas d’égo surdimensionné, qu’il n’y a pas de photographes débutants pour passer devant toi juste au moment où tu actionnes le déclencheur et que chaque personne que tu croises te dit simplement bonjour, voire engage la conversation. Ce sont des échanges permanents sans rien attendre en retour. Un petit mot également pour certains « confrères » photographes (débutants ou non d’ailleurs).

 

Etre photographe de live ne consiste pas à se faire un concert gratuit ou arborer fièrement son accréditation officielle. C’est malheureusement souvent le cas avec la nouvelle génération. Ils se la pètent, alors qu’ils devraient commencer par se créer un univers, et prouver ce qu’ils savent ou voudraient faire. Au secours le résultat parfois. Quand on regarde leurs photos (pas de tri, on balance 200 photos non retouchées et parfois sans intérêt). Tout cela n’arrive pas tout seul, ça se cultive. On apprend de ses confrères, on observe leur façon de travailler. On doit rester discret et pas essayer de séduire l’artiste. Le chapeau blanc et la jupe jaune font tache devant la scène. La photo doit être et rester une passion et la base de toute passion est l’humilité. Quand ils auront compris cela, ils commenceront seulement à apprendre. On apprend à chaque minute. Je ne généralise pas et je n’englobe certainement pas les photographes de presse qui, eux, préfèreraient parfois photographier des clochers ou des coqs, plutôt que des artistes, desquels parfois, ils n’ont rien à faire.

Il n’y a pas de plus belle photo qu’une autre. La plus belle sera toujours celle qui nous ramènera à l’instant du déclenchement, celui où on a senti que c’était le bon moment, celui qui nous a touche, pour se faire plaisir et essayer de rendre ce qui s’est présenté sous notre regard. Et je me rends compte que ce genre d’échange devient de plus en plus compliqué entre humains. La nature était là bien avant toi et te survivra encore longtemps, enfin j’espère. Des humains essayent de la préserver au mieux. A nous de respecter les quelques règles qui ne sont finalement que du respect et de l’attention. Nous avons beaucoup marché sous les embruns, le visage fouetté par le vent. Nous avons admiré une tempête nous offrant le spectacle des vagues qui venaient claquer le long de la digue. Nous avons nourri les mouettes, afin qu’elles volent autour de nous et immortaliser leur regard élégant et farouche à la fois. Comme c’est simple la vie, si on consent à voir au lieu de simplement regarder. Nous nous promenions sur la plage à marée basse.

Soudain, une tête de poupée complètement déformée, échouée d’un bateau ou d’une poubelle était posée à même le sable. Spectacle surréaliste. Un enfant a-t’il perdu ce petit bout de jouet, a-t’il été triste de n’avoir plus qu’une poupée sans tête ? Ainsi, tu écris ton histoire face à ce que la mer charrie. Idem avec un gant noir de surfeur. Il roulait au gré du vent et prenait des poses étranges face à nos objectifs. Qui, aujourd’hui, se laisse encore aller à ces morceaux de moment présent ? Pendant 4 jours, il n’y avait plus de Lo malade, de Lo inquiète, de Lo interrogative, il n’y avait que le moment présent de Lo, son cœur jumeau et l’amour qui nous rassemble. Une sorte de Nirvana qui est apparu sans quête particulière, sans arrière-pensée et sans effort. On était juste bien. Une part de bonheur quotidien qui, assemblé, forme un gros gâteau à déguster sans modération. On a beaucoup marché, ce qui est rare pour des grands sportifs comme nous. Autant vous dire que le premier jour, mes jambes tremblaient un peu et qu’à 6 heures du soir, je me suis endormie comme un bébé ours pour ne ré-ouvrir les yeux que le lendemain matin à 8 heures. Pfff…. comme on se sent bien. J’avais presque oublié que je promène un crabe en moi, car je n’en ai pas vu sur la plage. Probablement qu’il y a une saison du crabe, comme celle d’octobre rose ! Puis, je suis tombée nez à nez avec une pince de crabe qui gisait sur le sable et je me suis dit : bien fait pour toi, je t’abandonne ici, nos chemins se séparent. J’y crois dur comme fer, je crois à une guérison ou une rémission prochaine, je crois avoir accumulé suffisamment de force pour lutter, main dans la main avec mon amoureux et ceux qui me sont proches.

Sur le chemin du retour, j’avais l’impression de traverser une jungle sauvage. Des bagnoles sortaient de partout, le bruit assourdissant des moteurs et des klaxons, tout le monde en ligne sur le bandeau noir, à la queue leu leu, et surtout suivez bien la ligne blanche….. en avant les urbains, c’est par là. Je ne m’y sens vraiment plus à ma place après ces quelques jours de calme et de sérénité. Promis, dès que nous le pourrons, nous filerons là-bas pour encore nous imprégner de cette quiétude. Ca nous fait du bien.

Vendredi 13, rien à signaler, si ce n’est que j’ai reçu ma note d’impôt à payer. Vas-y l’urbaine, payes et fermes la. Ce que je fis, d’ailleurs.

Des framboises à profusion dans mon jardin, que j’ai cueilli, savouré et cuisiné pour en faire du coulis à déguster quand leur goût estival fera oublier la grisaille de l’hiver. Des prunes de notre prunier, à profusion également, se sont transformées en tarte et bientôt en confiture. J’aime ces parfums qui embaument la cuisine et qui continueront à m’enchanter quand j’ouvrirai les pots en hiver.

En attendant, on avance vers des jours plus maussades. Il faut re-tisser la carapace pour bannir le froid et se dire que dans quelques mois, le soleil réchauffera à nouveau nos vieux os. Vous savez tous que je n’aime pas l’hiver avec son cortège de journées trop courtes et trop grises. Alors, je replongerai dans mes photos, dans mes pots de confitures et dans mes coulis pour mettre un peu de soleil dans mes yeux.

 

 

Mardi 17 septembre 2013

Excellente nouvelle ! En total accord avec mon oncologue, j’ai pris la décision de quitter le test clinique en cours depuis novembre 2011. Après presque 40 séances de chimio toutes les 3 semaines, je pense que mon corps me crie stop. Je pense que c’est juste insupportable pour n’importe quel être humain. Marre de la fatigue, du moral en berne et des autres petits soucis inhérents au traitement… je me casse. Au début du test, l’oncologue m’avait dit qu’on le prolongerait jusqu’à ce que mon corps le supporte. Et bien justement, il ne le supporte plus. Je ne suis pas une âme aventureuse, ni quelqu’un qui prend des risques non calculés (de ce côté-là, je serais plutôt une grande peureuse), mais après mûre réflexion, après avoir pris les avis de mon cœur jumeau, de l’oncologue, de ma famille, de mon corps, de l’infirmière en charge du test, de mon moral, de mon âme, j’ai décidé.

C’est une véritable sensation de liberté, de renouveau, une incroyable envie de me battre toute seule comme une grande. Ingurgiter autant de produits chimiques ne peut pas être sain, de toute façon. Depuis 6 mois, je sentais que l’envie de me battre me quittait petit à petit. Je devais chaque fois calculer ma vie sociale en fonction des dates des chimios. Pas dans les 10 jours, parce que je vais avoir de la fièvre, parce que je serai trop fatiguée, je devais tout refuser ou annuler en dernière minute parce que je n’arrivais pas à mettre un pied devant l’autre. Les nausées, le manque d’appétit et tout le cortège de ces joyeusetés mettaient à mal mes projets. Je devais tout bâtir autour d’une obligation : les vacances, les sorties, les rendez-vous.

Quand on commence à ne plus avoir vraiment envie de rien, c’est comme des fragments de vie qui s’éloignent petit à petit. C’est comme voir passer les vivants derrière une vitre, sans pouvoir participer à leur bonheur d’être bien portants. Voir la vie au travers d’une vitre, ça n’est pas mon style. Quitte à me dire que ce n’était pas la bonne décision, mais je n’aurai aucun regret. Ce qui est fait est fait. Les décisions qu’on prend aujourd’hui ne doivent jamais être regrettées demain, car au moment où on les a prises, on pense qu’elles seraient les meilleures pour nous. Je me retourne rarement sur mon passé, sauf sur les choses qui m’ont laissé des souvenirs positifs. Aller de l’avant, telle est ma quête. C’est ancré en moi. Quand on est atteint d’un cancer ou toute autre maladie grave, on devient subitement des êtres en sursis, qui veulent avancer plus vite que les autres, qui veulent presqu’anticiper leur avenir pour ne rien perdre des belles choses à venir. Le crabe est en moi et il le restera. Il fait désormais partie de mon quotidien. Sans être mon ami, il est toléré avec gîte et logis en prime.

Mon seul projet important aujourd’hui est de prolonger la rémission. On ne guérit pas d’un cancer, on y survit. Mais on en ressort grandi, lavé de toutes sortes de parasites sociaux et surtout on sait à quel point la vie est belle et précieuse. Elle ne peut être belle que si on peut en profiter avec un maximum de force. Je ne sais pas si je suis « Born to be wild » ou « Born to be free », mais je sais que je veux tout prendre, le meilleur, le moins bon et respirer chaque atome d’air qui est autour de moi. Je veux pouvoir me dire que les jonquilles reviendront au printemps prochain, que le soleil nous réchauffera l’été prochain, que les framboises me nourriront l’automne prochain et que je ferai de la luge dans la prairie d’en face l’hiver prochain et tout vivre ces cycles pendant de longues années encore.

Je me sens bien et fière d’avoir pris cette décision. Il reste le problème de la pancréatite, mais je contrôle et vais essayer de gérer. Donc toujours pas de chocolat, de vin, de champagne, de gros hamburgers de festival, mais on s’habitue à tout, on fait avec, ça n’est pas bien grave au fond. Si vous êtes bien portants, vous ne mesurez pas à quel point vous êtes riche. Riche d’être pleins de vie, riche de pouvoir faire ce que vous voulez, quand vous voulez. Pas besoin d’argent pour tout cela. L’oxygène suffit amplement.


Mercredi 18 septembre 2013

Ce matin, lever sans réveil, sans le soleil …. à 6h30, mais je n’ai pas mis du pain sur mon balcon (lol).

Je me demandais toujours pourquoi les retraités se levaient si tôt et attendaient l’ouverture du GB à 8 heurs du matin. Maintenant, je sais. Tout simplement, parce qu’ils n’ont plus sommeil.

Une pêche d’enfer m’habite. Ma décision d’hier m’a comme libérée d’un gros poids. Je me sens très légère et prête à affronter tous les ouragans, car il y en aura encore. J’ai reçu plein de messages d’amis et de connaissances. Certains m’ont surpris par leur sincérité, car, parfois sur les réseaux sociaux, on connaît les personnes mais pas toujours intimement. Tout le monde me félicite d’être venue à bout du crabe. Teuteuteu…. j’ai une grande envie d’en venir à bout, mais la partie est loin d’être gagnée, vous savez. On pourrait dire que je suis en rémission depuis quelques mois, puisqu’il n’y a plus de traces de métastases et la chimie de mon foie redevient normale, mais ce p…… de test clinique m’a mise sur les genoux. Et, comme je trouve que j’ai assez donné à la science, j’ai juste décidé d’arrêter le test clinique. Je devrai quand même me rendre toutes les 3 semaines à l’hôpital pour recevoir de l’Herceptine, donc je suis encore un peu pieds et poings liés à mon crustacé. Ceci était juste une petite mise au point.

J’ai vaqué à plusieurs occupations, car j’ai besoin de bouger, de rattraper la fatigue, de vivre.

Demain, départ pour Spa au Heroes Tribute Festival. On va être très heureux de revoir nos chouettes comparses photographes, des bons groupes, de la bonne musique et tout ça, dans une ambiance sympa. J’en profiterai pour aller voir mes enfants, puisque je suis dans les parages.

J’ai une envie folle de mettre de l’ordre dans la maison, de jeter ce dont je ne me sers plus, de créer de l’espace, d’aménager la déco. Tout ça doit être lié à ma liberté retrouvée. Heureusement, que, dans ces cas là, je n’ai pas l’ »achetite » aigüe, sinon la carte de banque commencerait à cramer. C’est un peu comme un printemps…. Grand nettoyage intérieur avec la cure dépurative à la sève de bouleau que je viens d’entamer et grand nettoyage extérieur. Ce qui n’a plus servi depuis au moins 2 ans, ne servira plus dans les prochains temps, donc distribution et liquidation.

 

 

Jeudi 26 septembre 2013

Me voilà remise du Heroes Spa Tribute Festival du week-end dernier. Quel pied j’ai pris. Je me sens revivre, libre, alors que la guerre n’est pas du tout gagnée. Le crabe peut resurgir à tout moment, se montrer encore plus pinçant et agressif, mais je vis le moment présent et on verra quand il déclarera à nouveau la guerre. Entretemps, je vis, c’est le principal.

Nous avons revu une série d’amis qu’on rencontre une à deux fois par an, mais avec lesquels on se sent toujours bien. De bien belles découvertes, du gros son, du partage, quoiqu’en disent les détracteurs des groupes de cover.

Nous avons bien shooté et sommes contents de notre travail partagé. Quel plaisir de croiser ces sourires, un peu partout. La météo a épargné les participants. Il ne faisait pas trop chaud, mais il n’y a pas eu d’eau sur nos têtes et nos appareils.

J’ai bien appris de ce passage dans un test clinique. En fait, il reste toujours quelque chose à retenir de nos expériences, même si elles sont derrière nous. Quand ça ne va pas, on entame la descente. C’est la partie la plus difficile car il faut toujours être aux aguets. Le moindre écart et c’est le ravin, duquel on a beaucoup de mal à sortir, voire à ne plus sortir du tout. La montée est rude, mais il y a un but…. atteindre le sommet. On y laisse de la sueur et des larmes, mais on s’accroche. Au fond, combattre une maladie c’est comme décider de courir le Tour de France, alors qu’on n’a jamais fait de vélo auparavant. On s’assied sur la selle, on a peur, on commence à pédaler, de plus en plus vite, tout en craignant les descentes et les montées difficiles.

On sait qu’on doit y arriver, même le dernier, mais atteindre ce putain de sommet qui s’éloigne de plus en plus au fur et à mesure que l’on pédale. La route est longue. Le physique ne suffit pas, il faut un moral d’acier. On se forge ce moral au gré des difficultés. Ce qui nous paraissait insurmontable au début, devient un jeu d’enfant dès qu’on atteint une sorte de vitesse de croisière. C’est un entraînement. Sauf qu’en cas de maladie, on n’a pas prévu de s’inscrire à la course et on n’a rien préparé, même pas le vélo. On pédale comme un malade en se disant qu’on n’y arrivera pas. Puis, les coups de pédale deviennent de plus en plus supportables et on se persuade qu’on va peut-être pouvoir y arriver. On est entraînés par les coureurs chevronnés, ceux qui ont déjà fait cette course et qui montrent le chemin et la stratégie de course.

On s’accroche à leur roue et on va de plus en plus vite. Sans oublier, les amis, la famille, au bord de la route, qui vous encouragent. Rien que pour eux, on veut montrer que ce n’était pas de l’ego mal placé, mais la rage de vaincre qui nous anime. On devient les héros d’une petite victoire sur nous–mêmes. Chaque étape gagnée est un encouragement à poursuivre. Nous décidons de ce qui nous arrive, de la façon dont on va gagner, du meilleur moment où la victoire est possible. Mais rien n’est possible sans un soutien de toutes les minutes. Un mot, un sourire, un « comment tu vas aujourd’hui ? », un compliment, un conseil, tout est bon à prendre, à interpréter et à mettre en pratique. Seuls, nous ne sommes rien. Nous allumons la mèche, mais nous avons besoin d’autres pour que le feu s’anime et continue à danser sous nos yeux.

Le 3 octobre, je retourne à l’hôpital après 6 semaines. Ca faisait longtemps, ça me paraît une éternité de bouffée d’air frais. Je recevrai mon Herceptine, je dois passer une échographie du cœur, examen indispensable tous les 3 mois. Mais j’ai refusé de passé l’endoscopie pour aller scruter mon pancréas. Pour le moment, je vais bien. Si le problème se reproduit, il sera toujours temps d’y recourir. Je n’ai plus envie d’examens difficiles à supporter. L’oncologue était un peu surpris de ma détermination, mais je tiens bon. Moi seule sait ce qui est bon pour moi. Il ne peut pas se mettre à ma place.

Vendredi 27 septembre 2013

L’automne est de retour. Les jours raccourcissent, les couleurs se font or et rouge. On glisse lentement vers l’hiver. L’automne est la meilleure saison pour imiter la nature. C’est le moment de lâcher prise, de laisser tomber nos feuilles, de couper nos fleurs fanées, de couper les branches mortes, d’adopter des jolies couleurs pour repeindre notre hiver. Ressourçons-nous, posons nous les bonnes questions. C’est aussi l’instant idéal de poser nos sacs de pierres, surtout ceux qui deviennent trop lourds. Ils ne nous serviront plus. Quand nous marcherons dans la neige, nous serons heureux d’être plus légers. Ca sera alors le moment des réflexions. Remettre de l’ordre dans nos cœurs et nos esprits pour repartir vers le printemps.

Ne cherchons pas si loin. Nos trésors sont en nous. Parfois, ils sont enfouis si loin que nous ne les trouvons plus. La chasse est ouverte. Cherchons, trouvons, apprécions, profitons de tout ce qui fait de chacun d’entre nous un être unique, un trésor précieux. Parfois, la quête de ce trésor est douloureuse. Il faut affronter les vieux démons, les combattre et se rendre compte qu’être heureux est plus simple qu’il n’y paraît. Est-il plus facile de trouver des alibis à nos démons ou de les affronter ? Vous avez la réponse, vous seul. Personne n’a accès à votre for intérieur, sauf vous.

Moi, j’ai décidé, par nécessité, de trouver ces choses qui m’empêchaient de rester debout et d’avoir confiance. J’ai acquis une force incroyable qui me pousse en avant. De ces forces qui n’ont pas de nom, qui surgissent subitement, alors qu’on n’y croit plus. Une force incommensurable qui fait que je suis ce que je suis aujourd’hui. Je ne peux que vous souhaiter de la trouver en vous pour profiter pleinement de chaque instant de votre vie.

 


 

 

Samedi 28 septembre 2013

Le mois touche à sa fin. L’automne s’installe vraiment et c’est sous la douce lumière et les couleurs ors que je vous embrasse très fort. Et surtout …. n’oubliez pas de dire aux gens que vous aimez, que vous les aimez. Ne vous endormez jamais fâchés. Un sourire arrange beaucoup de choses. La sagesse vient aux gens heureux. C’est peut-être très bateau ce que je vous dis, mais je le pense sincèrement.

Et puis…. Take the best, fuck the rest reste encore et toujours ma devise, n’en déplaise aux râleurs, coupeurs de cheveux en 4, jaloux et autres emmerdeurs !



Mise à jour le Samedi, 28 Septembre 2013 18:49