Le carnet de Loreta : février 2013, seizième volet
Écrit par Loreta Mander   
Vendredi, 01 Mars 2013 06:58

Loreta, nous partage sans fausse pudeur, avec simplicité, coeur et passion, son carnet de bord, celui d'une femme sur le chemin, là où la montagne se dresse.
Son 16ième volet est comme toujours touchant ou bouleversant,... comme les autres lettres qui ont précédé !  

Comme un cri, elle nous disait : "Il ne faut pas attendre le pire pour s'arrêter et réfléchir un peu à soi.  Je ne suis pas plus forte qu’une autre, mais une espèce d’instinct animal me pousse à me battre de plus en plus hargneusement et ça je ne peux l’expliquer
Lors de son premier échange Loreta se présentait ainsi : "La maladie est pour moi une forme de chance, comme un rappel à la vie".
Tout allait pour le mieux pour moi : j’ai rencontré mon cœur jumeau, je reconstruis ma vie et je suis tout simplement heureuse.
J’ai 2 enfants. Il a 2 enfants. Nous voici famille recomposée de 4 enfants, qui s’entendent très bien.
Je suis née à Verviers et y ai vécu jusqu’en 2000. Pour des raisons professionnelles et amoureuses, j’ai migré vers la périphérie bruxelloise, où je réside encore à l’heure actuelle".
Voici son carnet de bord, seizième volet

 


 

 

Février 2013
Ah un court mois qui commence. Le nouvel-an chinois va fêter l’entrée dans l’année du serpent. Je suis serpent d’eau. Bien que je ne lise jamais les horoscopes, ce coup-ci, ça m’arrange. Il semblerait que ça soit l’année de la transformation et de l’amélioration. Que Têt m’entende alors.


Je ne demanderais pas l’avis de l’astrologue RTL qui zozotte, parce que je ne sais pas si j’aurais entière confiance, mais si vous avez d’autres horoscopes qui prédisent le meilleur, je suis preneuse. Je m’accroche à toutes les branches qui se présentent. Un bon chaman, un bouddha aimable et zen, un marabout (pas celui qui répare les mobylettes SVP) ou tout autre augureur de bel avenir….. j’écoute tout le monde. Je dis ça, mais, au fond, je ne crois qu’en moi, parce que je suis la seule qui puisse me sortir de cet accident de parcours. Déblayer le chemin, zénifier mon esprit, purifier mon corps, évacuer les toxines, et toutes les choses qui m’enquiquinent. L’autre jour, j’ai lu le commentaire d’un époux d’une malade atteinte du cancer, qui disait qu’on arrête de bourrer le mou aux malades avec toutes ces choses pseudo-spirituelles.

Et bien, tant mieux pour lui si il arrive à assumer sans l’aide de personne. Mais chaque être humain a besoin de buts concrets dans la vie. Mon seul objectif est guérir, bien que je sache que je serai jusqu’à la fin une malade chronique. Mais on peut être malade et ne pas trop subir les affres des traitements. Donc je continue à poursuivre ce but tant convoité. Pour cela, j’ai besoin de « faire le ménage » dans ma tête, dans mon corps, dans ma vie, dans mes amis et les techniques de méditation, les lectures diverses un peu philosophiques m’y ont aidée. C’est comme ça et puis chacun réagit à sa façon.


Lundi 11 février 2013
Rien de spécial depuis le début du mois. La fatigue se tasse tout doucement. Mais demain re-chimio, donc on est repartis pour un tour. Quand mon charmant oncologue m’annoncera que c’est bon et qu’on arrête les chimios ? Je sens que mon corps commence à se lasser et récupère de moins en moins vite. Bon, je n’ai plus 20 ans, d’accord. Sortir en boîte jusqu’à 6heures du matin, ça n’est plus mon truc (ça ne l’a d’ailleurs jamais été, je ne sais même pas pourquoi je prends cet exemple !), mais l’injection de tous ces poisons depuis si longtemps, ça n’arrange pas les choses. En plus, j’ai des tas de taches rouges qui me viennent sur la peau (en plus, sur le visage – merci le maquillage !). Elles semblent indélébiles comme de la couperose. J’en ai parlé au médecin, mais ça n’a pas l’air de lui sembler étrange, donc je lui fais confiance. Ca doit être de l’acné sénile. Si, si, ça existe, je viens de l’inventer. Mon poids se stabilise.

C’est plutôt une bonne nouvelle pour le portefeuille, car je n’arrête pas de modifier ma garde-robe pour passer à la taille en-dessous. Comme me disait Maud : « tu te demandais qui pouvait bien porter des pantalons si petits, maintenant, tu sais ! ».
Ce week-end, nous avons été au showcase d’Acta, un artiste belge que nous aimons beaucoup. Sortie de son troisième album pour lequel nous avons fait les photos. C’était vraiment très sympa. En plus, on a retrouvé Xavier, Christopher, Sandra, Julie, Marc, Nicole et les autres. On se serait crus aux Francos ! Session énergique pour un groupe dans lequel passe un courant très positif. Et ça se ressent sur les photos.
La météo n’arrête pas de m’étonner. Alors qu’on annonçai

t une apocalypse hivernale, le soleil était là et sa lumière nous a bien réchauffés. Ce matin, par contre, un tapis blanc se déroulait sous nos pieds et nos pneus. Enfin, pas tout à fait, puisque je suis restée bien au chaud. Mais, la voiture, elle, se les gèle dehors. Tout comme les petits oiseaux, que je nourris généreusement. Elle met du vieux pain sur son balcon……. Encore un signe supplémentaire de mon grand âge !
C’est marrant mais ça ne me gène pas de vieillir. J’accepte les affres du temps et je m’en accommode. Une nonna lisse comme une peau de fesse n’est pas une vraie grand-mère. Et c’est important pour les petits-enfants. Même si les mamies ont bien changé depuis mon enfance, il y a un âge pour tout. Dans mon cas, c’est vrai que je ne suis pas bien traditionnelle au niveau look, mais pour mes petits-enfants je serai toujours la nonna qui a envie de les guider raisonnablement vers leur devenir.

Tiens, le pape démissionne. Je ne suis pas croyante donc ça ne me touche pas trop. Qu’on mette un jeune africain ou asiatique et le tour sera joué. Je dis ça, je ne dis rien, c’est pareil. Mais de là à ce qu’on nous casse les pieds pendant des jours avec cette info, c’est insupportable. Après tout, comme chacun, il fait ce qui lui plaît et vu ses idées rétrogrades, ça ne serait pas plus mal de renouveller par quelqu’un qui a des idées du 21ème siècle.

Autre info : la France s’offusque d’une loi sur le mariage homosexuel et l’adoption dans ces couples. D’après ce que j’ai vu à la télé, la plupart des manifestants ont l’air d’être des cathos bien trempés. Je pensais que la tolérance devait être la qualité primaire d’un vrai catholique. Et ben, on en est loin !
Super info : on nous a fait bouffer du cheval à la place du bœuf dans les lasagne surgelées. Je ne mange jamais de lasagne surgelées, je les fais moi-même. Les mêmes qui s’en offusquent sont ceux qui vont manger des pita durums dans les snacks qu’on trouve en ville. Et là, en général, bonjour l’hygiène. Un copain de ma fille y a travaillé comme étudiant, à dégoûter le plus sagouin des sagouins.

Quand on prépare soi-même sa cuisine, on n’est déjà pas certains de ce qu’il y a dans nos assiettes, à moins de s’approvisionner directement chez le producteur (et encore), alors ne nous fions pas à ce qu’ils fristouillent dans les surgelés de toutes sortes. En plus, la question principale à se poser : si on peut proposer des mets surgelés aux prix genre Aldi ou autre, doit-on s’attendre à avoir le top du top de la qualité et de la fraîcheur ? La qualité a un prix. Pareil pour les textiles. On se fait du mouron pour les petits exotiques qui risquent leur vie à partir de leur plus jeune âge en travaillant dans des conditions peu enviables, mais on veut trouver des vêtements de qualité à bas prix. Il faut juste savoir dans quel camp on veut jouer. La surconsommation nous pousse à acheter des choses inutiles, de mauvaise qualité et puis on râle….. Ne pouvons-nous pas nous contenter de ce qu’on peut avoir. Une bonne soupe de légumes n’est vraiment pas compliquée à cuisiner et ne prend franchement pas beaucoup de temps. On ne deviendrait pas un peu paresseux ?


Je n’ai pas l’habitude de prendre parti au niveau de l’actualité, mais ici, ça me gave. Si j’ai blessé quelqu’un, je m’en excuse mais comme le pape, j’ai aussi le droit de dire ce que je pense.

Mardi 12 février 2013
Pas trop le moral depuis quelques jours. J’en ai vraiment marre de ces chimios. D’ailleurs, ça me fait penser que je dois aller à l’hôpital aujourd’hui pour ma 23ème séance de chimio. Je n’y vais vraiment pas de gaîté de cœur. Autant, jusqu’ici, je me disais que quand il faut y aller, faut y aller. Mais là, un profond dégoût. 3 semaines pour me retrouver debout dans mes bottes et clac, faut y retourner. L’oncologue a beau me dire que je dois prendre mon cancer comme une maladie chronique, un peu comme uns dialyse, ça ne m’arrange plus !

Donc, j’y vais. Il fait très froid. N’aime pas le froid, n’aime pas l’humidité, n’aime pas le ciel sans lumière, je crois qu’aujourd’hui, je n’aime rien.
Séance comme à l’accoutumée. Prise de sang, visite chez le médecin, chimio et retour casa. Et le pancréas qui fait le malin. La valeur de je ne sais pas quoi dans le pancréas est maximum 78.000. Aujourd’hui, ils sont contents, parce que c’est redescendu de 700.000 à 400.000. Et bien, ils se contentent de peu. Il m’annonce ça comme si c’était une victoire :
-    ah bonne nouvelle, au niveau du pancréas, on est redescendu à 400.000
-    Bien, lui dis-je, mais c’est quoi la valeur normale ?  
-    78.000 …..
-    ben oui, ça c’est plutôt une bonne nouvelle, mais c’est quand même un peu trop, non ?
-    Ne vous plaignez pas, au contrôle précédent, vous étiez à 700.000 !
-    Oui oui oui….. et on meurt à quelle limite ?
-    Ca l’a juste fait sourire …..
Il est vrai qu’aujourd’hui, rien ne me fait plaisir, j’admets.

J’ai aussi vu la dietéticienne, car je maigris trop et ça finira par créer un problème. C’est le comble, moi qui ai toujours rêvé de maigrir, voilà qu’ils veulent me faire grossir. Après un mini-bilan sur ma façon de me nourrir, elle m’a dit que je ne mangeais pas assez. Ben oui, mais t’as vu ce que je peux manger. Tu t’empiffrerais toi avec un menu chaque jour égal ? Jamais un bon petit bout pour taquiner mes papilles. Elle m’a enfin dit ce que je peux manger, ce que je dois manger, ce que je ne peux absolument pas manger.

Commençons pas l’interdit : alcool, vin, soda, vrai beurre, cacahuètes et autres fruits secs, chocolat, cake, sucres rapides. Ca limite déjà l’horizon !
Ce que je dois manger : fruits, légumes, viande rouge 1x/semaine, poisson 1x/semaine, huile d’olive pour assaisonner ou cuire à diviser en 5 repas par jour.
Ce que je peux pour me faire un peu plus plaisir : sauces avec du boursin ou de la crème light (enfin un peu de couleur), une tranche de pain d’épices, des biscuits pour bébé (en route vers la sénilité), yaourt pas maigre, pudding, tartes aux fruits maison, confiture maison, sirop de liège, glace light, purée.
Et voilà que je peux élargir mon horizon gastronomique.

Et cerise sur le gâteau. A 20 heures, je me mets à grelotter comme si on m’avait planté au milieu de la mer de glace par une nuit de grand froid, genre moins 60 degrés. Et de plus en plus. JM m’oblige quand même à tâter du thermomètre. Après le bip d’arrivée, je lis 39,7°. C’est quand même beaucoup. Le médecin m’avait dit que quand je faisais de la température au-dessus de 38° pendant plus d’une heure, il fallait filer aux urgences. Et bien, compte là-dessus mon grand. Ca va passer avec un Dafalgan, mais je ne retourne pas aux urgences pour une petite fièvre qui ne durera pas. La fièvre a tenu jusqu’à 23 heures. J’avais si chaud, j’étais trempée, mais j’ai passé une super nuit de sommeil, complètement abattue et crevée. JM a veillé sur moi une bonne partie de la nuit. Quel homme extraordinaire quand même. Je ne sais pas ce que je ferais sans lui. Même le chat m’a veillé. Il est venu se blottir contre moi jusqu’à ce que la fièvre disparaisse. On peut dire que je suis bien entourée.

Dans 3 semaines, gros contrôle. On croise les doigts. Voir si tous ces efforts seront à nouveau payants.


Mercredi 13 février 2013

J’ai passé une très bonne nuit. Je me lève pleine d’entrain. C’est bizarre de passer de l’état un peu bof à l’état youpie en si peu de temps. Je prends quand même un Dafalgan pour me détendre et éviter tout malentendu thermique. J’ai quand même eu le courage d’aller faire mes courses au Carrefour, mais c’est le max que je pourrai donner aujourd’hui. Ca me fatigue.
Après un repas boudin rouge/compote (oui, oui, ça je peux !), je me couche dans le divan parce que je ne suis plus bonne à rien pour le reste de la journée. Mon mac sur les genoux, j’écris mes pensées.

Jeudi 14 février 2013
Bonjour Monsieur Valentin. Double fête pour nous. Neuvième anniversaire de mariage et fête des amoureux. En fait, pour nous, c’est la fête des amoureux tous les jours. C’est notre nourriture, notre sève, notre ciment, c’est comme ça.

Déjà 9 ans que nous avons dit oui à la Dame du Château Malou de Woluwé. Une bonne grosse échevine avec une écharpe qui ressemblait à un morceau de tenture, qui a disparu de la salle des mariages avec nos alliances pendant un très long moment, mais qui nous a bien fait rire. Entourés de nos enfants, beaux-enfants et témoins, nous avons officialisé notre concubinage. Au grand bonheur de tous. Le mariage était suivi d’un séjour de 3 jours à Venise. C’était superbe et en plein carnaval. Le carnaval de Venise est unique et n’a rien en commun avec le carnaval tel qu’on le connaît ici.

On a l’impression qu’on est projeté dans un autre siècle. C’est tout simplement magique. Par contre, qu’est-ce qu’on marche. Un super souvenir à agrafer aux autres.


Lundi 18 février 2013
Passé un super week-end. Mila a fêté ses 4 ans (déjà) le 9 février. Elle fêtait ça dimanche. J’ai confectionné un gâteau « Hello Kitty », qui, paraît-il était très bon. Une belle réunion de famille. Maud était resplendissante. Elle est de plus en plus confiante, vu que la cicatrisation de sa dernière plaie est en très bonne voie. Tout espoir lui est enfin permis. La souffrance et les désagréments sont toujours là, mais elle gère comme une chef. Je suis très fière de toi, ma fille. Nous sommes faites d’un bois inconnu, mais très résistant, qui s’appelle l’envie d’y arriver.


Des projets plein la tête et très envie de les réaliser. J’ai décidé d’essayer d’écrire un roman. J’ai déjà les personnages en tête. Il ne reste plus qu’à trouver un style, un pitch et écrire tout cela de façon cohérente. Je n’ai jamais fait cet exercice et il y a très longtemps que ça me trottait dans la tête. On verra et je vous tiendrai informés de la suite de cette folie. Ce lundi, une surprise au réveil et de taille…. le soleil est revenu. Il fait très froid mais que cette lumière fait du bien et réchauffe mes os refroidis.

Vendredi dernier, nous sommes allés à l’Acte3 à Braine-l’Alleud. Ca n’est pas trop loin de la maison, donc je peux rentrer en un minimum de temps si je me sens trop fatiguée. Bouldou et ses Sticky Fingers tenaient la scène. Quel super soirée. Beaucoup de monde, des lights superbes et un très bon son. Mon cœur jumeau a même joué avec eux. Il a pris un pied d’enfer. Il était un peu tard quand nous avons rejoint Morphée, mais ça nous a fait un bien fou. Juste un petit bémol personnel. Avant de partir à cette soirée, je remarque une petite tache bleue sous mon œil gauche.

Je me dis que décidément ma vue baisse au point de prolonger le maquillage sous les yeux. Puis, cette tache s’étend et je me retrouve avec un bel œil au beurre noir autour de l’œil. Probablement des vaisseaux qui ont lâché. C’est joli. Quand une femme arbore ce genre de fioriture, les autres la regardent toujours avec beaucoup de compassion. Heureusement, que la plupart connaissent JM et le savent incapable de m’en mettre sur la figure, sinon les commentaires iraient bon train. Ben, voilà encore une nouveauté avec laquelle je ferai bonne figure !

Jeudi 21 février 2013
Enfin, un peu de lumière dans ce ciel gris depuis si longtemps. Ca réchauffe les os et c’est bon pour le moral. Bien qu’entrecoupées de nuages et de neige, les petites embellies sont l’espoir du printemps qui arrivera bientôt (enfin, j’espère !). Ce matin, en ouvrant les yeux, j’ai encore dit merci à la vie. Elle est là. Yessss…..
Hier, j’ai commencé l’écriture de « mon roman ». Exercice très agréable, mais difficile quand même. Plein d’idées se bousculent dans la tête, on voudrait tout écrire en même temps, mais le fil conducteur doit être suivi. Je pense que ça sera quelque chose sans prétention du style Nicole de Buron ou script pour téléfilm. J’écris comme je parle, donc ça doit rester très vivant.

J’ai d’abord planté mes personnages sur une feuille de papier, trouvé des prénoms, forgé leur caractère et leur place dans la hiérarchie familiale. Ca, c’est fait. J’ai fait le pitsch, qui changera probablement en cours d’avancement, mais je sais où je veux arriver. C’est déjà ça. C’est un travail de longue haleine, il faut s’organiser, il faut être précis, éviter les redondances et garder l’esprit en éveil. Mais, comme on dit, on n’a rien sans peine. En plus, c’est amusant. Je laisse poser tout cela quelques jours et je m’y remets. En plus, j’ai du temps, des idées et le luxe de ne pas avoir de date butoir, donc je prends mes aises. C’est un premier essai (il en faut toujours un). Peut-être que je me lasserai en cours de route, mais je voudrais vraiment le porter jusqu’au bout.

Pour revenir à des considérations plus terre à terre, la fatigue commence tout doucement à s’estomper et je peux reprendre normalement mes activités. A part un gros rhume couplé à une sinusite qui viennent encore mettre des bâtons dans les roues. Jamais tranquille. Mais, j’ai trouvé un remède miracle : l’huile d’origan, mais en gélule parce que les huiles essentielles en direct, c’est mauvais, c’est très mauvais au goût.
Je profite à fond du moment présent, car dans une dizaine de jours, gros contrôle trimestriel avec l’espoir de bonnes nouvelles, mais je sens bien que mon pancréas est très fragile. Un écart et c’est caisse !

Je me suis quand même autorisé quelques aliments que je n’avais plus mangé depuis longtemps et ça tient le coup. Mais toujours sans aucune exagération. C’est toujours cela de pris. La télédistribution est en panne depuis 2 jours, ça met en veilleuse la boîte à conneries. Ils viennent de venir réparer


 

Mercredi 27 février 2013
Les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Samedi soir, nous avons passé la soirée avec un couple de vrais amis. C’est toujours bien agréable de partager ces moments avec des gens qu’on aime vraiment. Une soirée toute simple, autour d’une raclette (bon pour moi, c’était moins festif avec le fromage light limité à 2 tranches et une tranche de dinde, mais ce n’est pas cela qui est important pour moi, c’est juste le partage de moments uniques), à parler de choses et d’autres, à préparer des petites escapades, à juste profiter de ces moments présents. Dieu que les amis sont précieux, surtout quand ils sont sincères.


La lumière me manque, la chaleur également. J’ai l’impression que cet hiver est si long, alors qu’il n’y a pas de raison. Un hiver, normalement, dure de décembre à mars, pourquoi sommes-nous si impatients. L’hiver, il fait froid, il neige et il n’y a pas des masses de lumière, donc pourquoi voulons-nous transgresser les saisons ? Je persiste quand même à dire que j’ai horreur du froid et tout son cortège de blanc manteau, même si c’est joli. J’ai dû être loir dans une vie antérieure, de ces petits animaux qui rentrent sous terre pour ronfler pendant que la vie au-dessus se contente tant bien que mal de l’hiver. Et puis, en s’étirant longuement, revenir à la surface quand le printemps revient, avec sa douceur, son lent cheminement vers l’été…. Ahhhhhh !

On a quand même le droit de rêver, non ? Pour ceux qui ne l’avaient pas encore saisi, je suis définitivement une fille du sud.
Hier, re-belote ! Vers 11 heures du matin, j’ai commencé à trembler au point de ne plus pouvoir tenir quoi que ce soit entre les mains. Un froid intérieur terrorisant, indescriptible, comme si je venais de me figer dans un immense glaçon. Quelle sensation désagréable. Le tout suivi d’une fatigue indescriptible, la même qu’au temps de ma première chimio, de celle qui vous laisse comme un corps sans armature qui s’effondre sans pouvoir rien faire. Je pensais ne plus devoir connaître cette sensation d’amollissement lent et inexorable. Juste à bonne à me coucher dans le divan, couverte de 3 couches de fringues additionnées d’un sac de couchage et 2 couvertures avec le chauffage poussé au max. Je plains mon cœur jumeau, que j’oblige à vivre dans une étuve dans ces moments un peu plus difficiles. Et puis, bien sûr, la fièvre a commencé à monter jusqu’à 38,4°. Quand tout cela va se terminer ? Dans une dizaine de jours, le verdict tombera à nouveau : passera, passera pas ?

C’est l’éternelle question que l’on se pose quand on passe les contrôles. Bien que le moral ne lâche pas prise, ces questions restent toujours ouvertes jusqu’au moment de la rencontre avec l’oncologue. Je pense que ce coup-ci, c’est mon pancréas qui me joue des tours.

Pourtant, dieu sait, si je le chouchoute au jour le jour, en lui évitant trop de taf et en ne lui envoyant que du fâcile à digérer en petites quantités. Il est ingrat ce pancréas. Veut-il me dire quelque chose ? Qu’il s’exprime parce que je ne comprends pas les messages. Mais, comme d’habitude, je fais avec et j’attends que ça se passe. Merci Msieur Dafalgan, tu es un vrai sauveur, tu me permets de souffler de temps en temps. Allez, aujourd’hui est un autre jour, la fièvre est tombée, je me sens à nouveau mieux et je repars pour une « bonne » journée. On finit par se contenter de ces petites choses que la vie nous offre miette par miette. Le sourire revient, l’activité aussi….. en route pour le meilleur !

Jeudi 28 février 2013
Mauvaise pioche aujourd’hui. J’ai très mal dormi, fait des cauchemars, donc pas du matin. Pourtant, je me sens patraque, j’ai pas la pêche et c’est rare chez moi. N’y tenant plus, j’ai appelé Hilde, l’infirmière responsable du test clinique pour lui dire que j’avais eu 2 fois de la fièvre, un œil au beurre noir (sans m’être cognée), un moral dans les chaussettes, marre de la chimio du test et autres petites choses qui me bousillent le quotidien. Rendez-vous à 14 heures à l’hôpital. Pour plus de sécurité et sentant que mon pancréas va me jouer un mauvais tour, j’ai préparé mon sac en me disant qu’ils me garderaient pour plusieurs jours. Et puis, sensation étrange, une angoisse indescriptible, j’ai complètement pêté les plombs. Et oui, ça arrive même à ceux qui paraissent les plus forts.

Persuadée du pire, j’ai regardé mon cœur jumeau droit dans les yeux, j’ai regardé la maison et j’ai eu ces mots épouvantables que je n’y reviendrai plus jamais. Il a été complètement scié de ma réflexion et on a pleuré longtemps dans les bras l’un de l’autre. Il fallait que ça sorte. Ca n’a pas duré très longtemps, je me suis reprise en main, me suis excusée de la peine que je venais de lui causer, de me causer. Pourquoi cette subite idée noire m’est venue à l’esprit ? L’approche du contrôle trimestriel, le malaise avec ce foutu pancréas, la privation alimentaire des bonnes choses de la vie que j’aimais tant avant, bref, tout m’emmerdait aujourd’hui. J’ai sorti la première stupidité qui me venait à l’esprit et c’est tombé sur l’être que je chéris le plus. J’aurais mieux fait de le dire au chat !

Je pense que ce moment intime et unique, malgré sa brutalité nous a fait le plus grand bien. A force de se protéger et ne pas vouloir prononcer les mots qui fâchent, on les garde trop longtemps en soi, il fallait que ça sorte. Ca, c’est fait !


Prise de sang à l’hosto, attente de 2 heures pour avoir les résultats. En plus, ils sont très bons. Normalement le taux de je ne sais pas quoi dans le pancréas doit atteindre maximum 78.000. Il y a 3 mois, c’était monté à 700.000, il y a 3 semaines à 400.000 et aujourd’hui à 220.000. Petit à petit, on va y arriver.

Je me sens reboostée surtout pour les prochains examens. Tout ça, va être bon. Il faut continuer à y croire, d’où l’importance du moral qui se doit d’être toujours au top. Et il le sera, je le promets. Journée à bannir de mon calendrier personnel. Demain, un nouveau mois commence et dans 3 semaines, les jonquilles pointeront le bout de leur nez. Les oiseaux commencent déjà à chanter le matin….. ça sent bon tout cela.
Comme on dit, fidèle à mon crédo : take the best, f*** the rest !!!!

Mise à jour le Vendredi, 01 Mars 2013 07:12