Le carnet de Loreta : février 2012
Écrit par Loreta Mander   
Dimanche, 26 Février 2012 10:24

Loreta, nous partage sans fausse pudeur, avec simplicité, coeur et passion, son carnet de bord, celui d'une femme sur le chemin, là où la montagne se dresse

Comme un cri, elle nous disait : "Il ne faut pas attendre le pire pour s'arrêter et réfléchir un peu à soi.  Je ne suis pas plus forte qu’une autre, mais une espèce d’instinct animal me pousse à me battre de plus en plus hargneusement et ça je ne peux l’expliquer.

Lors de son premier échange Loreta se présentait ainsi : "La maladie est pour moi une forme de chance, comme un rappel à la vie.
Tout allait pour le mieux pour moi : j’ai rencontré mon cœur jumeau, je reconstruis ma vie et je suis tout simplement heureuse.
J’ai 2 enfants. Il a 2 enfants. Nous voici famille recomposée de 4 enfants, qui s’entendent très bien.
Je suis née à Verviers et y ai vécu jusqu’en 2000. Pour des raisons professionnelles et amoureuses, j’ai migré vers la périphérie bruxelloise, où je réside encore à l’heure actuelle".

Voici son carnet de bord, cinquième volet

 

Lundi 30 Janvier 2012

J’ai dévoré le bouquin d’Axel Bauer. Pour le connaître un peu, je ne suis pas étonnée de sa teneur. Un mec vraiment bien, qui m’a un peu montré le chemin et pour cela je lui en serai toujours très reconnaissante. Je vous le conseille. Un homme simple qui va au bout de ses rêves dans un milieu qui ne laisse pas beaucoup de place à la fantaisie des artistes. Souvent, pour des raisons purement rémunératives (pas toujours pour eux mais pour les producteurs et maisons de disques), ils doivent entrer dans des standards. J’attends son album avec impatience.


Mardi 31 Janvier 2012

4° chimio …. Comme un bon petit soldat j’arrive à l’hosto vers 9h30 pour en sortir à 17h. Tout s’est passé normalement. Une bonne humeur rêgnait dans le service aujourd’hui. On a beaucoup rigolé. Etrange, hein ? Mais je pense que les patients de ce genre de service apprécient tellement la vie, qu’ils la prennent à bras le corps sans se poser trop de questions. Ce sont des chambres à 3 fauteuils. D’un côté, une dame d’une soixantaine d’années qui avait quasi le même parcours que moi et qui est également dans le même test clinique. Elle, non plus, n’a pas trop d’effets secondaires. Son époux, un petit comique qui commentait tout. A ma droite, une dame polonaise, mais qui parlait 5 langues avec sa copine italienne. Ca, c’était l’Europe ! 18heures, l’heure fatidique ….. j’ai froid, je grelotte, sans fièvre, mais même sous 4 couches, j’ai froid. JM est en t-shirt en train de transpirer comme un forçat, mais chauffage à donf, j’ai horreur d’avoir froid. Voilà, que je deviens désagréable maintenant, c’est quoi ça ma belle ????? Un gros dodo là-dessus et demain il n’y paraîtra plus.


Mercredi 1er février 2012

Et voilà déjà le mois de janvier terminé. Fini les vœux, en route pour le printemps. Enfin presque, parce que dehors il fait vachement froid. Enfin, je crois. Je me suis levée et recouchée aussitôt. Je n’avais plus la moindre force, comme une grosse gueule de bois. J’ai donc passé ma journée au lit à dormir et ça m’a fait beaucoup de bien. Pourvu que ça s’arrange, mais c’est un effet quasi normal après la chimio. La nuit arrive et je m’endors à nouveau. C’est ce qu’on appelle glander par la force des choses. Après l’avoir malmené pendant des années, je suis maintenant obligée de faire face et d’écouter mon corps, même si je ne suis pas du genre à me plaindre et à profiter de la situation. Mais quand le chef corps dit stop, j’arrête, comme au jeu d’enfant 1,2,3 piano. Et si tu bouges, vlan …. Il te fait vasciller. Au fond, c’est ce qu’on aurait dû faire depuis longtemps, mais pas le temps d’écouter ce corps, qui subit, qui essaye de suivre et qui, à un moment donné, te rappelle que tu n’es pas Superwoman. Bien fait pour moi !


Jeudi 2 février 2012

J’ouvre les yeux, je me sens mieux et surtout, je vois le soleil qui brille dehors. Ca, ça me met toujours de très bonne humeur. Je tiens debout et je n’ai plus la gueule de bois, donc ça sera une super belle journée. J’ai parlé à Maud. L’opération est prévue pour la semaine prochaine. Encore quelques moments difficiles à passer. Je voudrais tellement partager sa souffrance, mais malheureusement, je ne peux pas ! 18 heures, re-heure fatidique : un grand froid intérieur m’envahit, purée et 38 de fièvre. Un bon Daffalgan et dodo.


Vendredi 10 février 2012

Que dire à ce stade ? Rien de spécial. La chimio suit son cours et je me sens plutôt bien. Maud se remet tout doucement avant sa greffe de peau. J’ai vu Maud et Mila avant-hier pour les 3 ans de Mila. Elle me donne une vraie pêche. Elle parle beaucoup et s’intéresse à plein de choses. Une vraie pipelette, mais elle me pousse à aller de l’avant. L’espoir haut comme 3 pommes. Rien que pour elle, je pourrais déployer des tonnes d’énergie pour ne jamais laisser tomber les bras !

Il fait très froid et tout d’un coup, on s’aperçoit que des êtres humains dorment dans la rue. Est-ce possible au 21ème siècle ? Depuis le système de la sécurité sociale, tous les citoyens actifs participent à la solidarité, en versant une partie non négligeable de leur salaire pour permettre à ceux qui n’ont pas la chance d’être actifs, de vivre au moins décemment. Sans faire de démagogie, cet argent n’est peut-être pas réparti au mieux de ses possibilités. Les politiciens se soucient de leur image, de leur carrière, mais certainement pas des citoyens de ce pays. D’ailleurs, de leur côté, c’est silence radio depuis plusieurs jours. Pas un roi, un prince ou un ministre dans la rue pour distribuer la soupe populaire. Les citoyens ont donc pris le relais. Pas les plus nantis, bien entendu, mais ceux qui savent que demain tout pourrait basculer. La perte de son emploi, le divorce, les dettes sont les causes possibles de devenir SDF. Que penser de tout cela ? Tout d’abord que nos gouvernants manquent de sens civique dans la gestion des budgets. Les SDF ne votent pas donc quel est l’intérêt pour eux ? Comment peut-on accepter qu’une famille avec 2 enfants puisse vivre décemment avec 800 ou 900 euros par mois ? Comment peut-on traquer les non-actifs comme une chasse aux sorcières ? Si nos gouvernants ne laissaient pas s’échapper des emplois vers l’étranger, là où les salaires sont moindres, et après que les sociétés aient empoché des aides de l’état, peut-être pourrait-on trouver du boulot pour chacun d’entre nous. La plupart cherchent du boulot mais sans adresse fixe, tu n’es inscrit à rien, tu n’as droit à rien, tu ne fais même pas partie des citoyens. Quand le printemps reviendra, ne les oubliera-t’on pas à nouveau ? La misère est aussi pénible au soleil que sous la neige, non ???? Puis, l’hiver prochain, on se redonnera bonne conscience. Bravo aux citoyens qui ont pris ce problème temporairement à leur charge, mais nom de dieu, nos gouvernants ne pourraient-ils pas se bouger un peu le c… et oublier leurs intérêts personnels ?


Mardi 21 février 2012

Quelle belle journée ! Aujourd’hui, le verdict du scanner, des prises de sang et tutti quanti. Je suis très relax, car j’ai un bon pressentiment. Je le sens bien. JM m’accompagne. Résultat : des 3 grosses métastases au foie qui étaient visibles en novembre, il n’en reste qu’une visible uniquement à la loupe. L’onco n’en croit pas ses yeux, mais moi je le savais. Tellement contente, que j’ai tapé dans la main de mon cœur jumeau comme un gros motard qui vient de gagner un bras de fer. Ca a fait rigoler l’onco. J’étais contente pour lui aussi parce qu’à force d’annoncer des mauvaises nouvelles, ça doit lui faire plaisir également. Et voilà, tout le monde est content.


Je terminerai par une réflexion (un peu longue, j’avoue) que j’avais écrite il y a quelques temps et qui n’a pas pris une ride. Je vous invite à partager cette lecture et à en faire ce que bon vous semble. Préparez la tasse de café, installez-vous confortablement…. En voiture Simone !


ON EN ETAIT A BONHEUR, je pense …..



Je n’ai pas la prétention de vous enseigner le bonheur. Je voudrais juste vous faire partager mon expérience et mes déductions sur les différentes façons de rencontrer et cultiver le bonheur. C’est un petit essai sans prétention, mais si il peut vous ouvrir quelques portes, alors je suis heureuse.

Depuis 2004, je me considère comme une funambule de la vie. J’avance sur un fil, qui peut devenir ténu ou s’élargir, avec et, parfois, sans balancier. Une seule certitude m’anime et me permet d’avancer : celle d’être certaine d’arriver au bout du fil, de l’autre côté. Sans cette foi, je resterais parfois figée au-dessus du vide. Mais s’asseoir au bord du trottoir et pleurer ne permet pas d’avancer. J’ai donc pris la décision d’y arriver quoiqu’il m’en coûte. La foi soulève des montagnes…. C’est tellement vrai. Il faut croire à ses rêves, à ses objectifs pour pouvoir les atteindre. Chaque petite victoire est la tienne. Elle t’appartient et te rend plus fort pour aller plus loin. Parfois, les victoires sont amères, mais il ne faut jamais laisser tomber les bras, sinon le fil casse et les efforts pour remonter sont énormes, parfois insurmontables. L’impossible n’existe pas. Il faut toujours partir vainqueur, être persuadé qu’on peut, qu’on doit, qu’on va y arriver. Même si on arrive le dernier, l’important n’était-il pas d’arriver ? On pense toujours que gagner signifie être le premier. Pas vrai du tout ! Arriver est le premier objectif, être le premier reste la cerise sur le gâteau. Plus on arrivera et plus on grimpera dans l’ordre d’arrivée. La foi, la foi, la foi …. en soi reste la première certitude. Le reste n’est que travail et acharnement.

Pensez-vous que le meilleur des musiciens monte sur la scène, comme ça. Que ça vient tout seul ? Certainement pas. Chaque jour, il s’entraîne jusqu’à ce que les notes dégoulinent seules de ses doigts, mais avant ses doigts vont saigner. S’il s’arrête, ne fût-ce qu’un jour, il doit recommencer et récupérer ce qu’il a perdu. Rien ne s’acquiert sans peine.


Bonheur, petit mot sympathique de deux syllabes qui sonne doux à l’oreille. Si on ouvre le dictionnaire, la définition donnée est : plénitude, satisfaction complète, chance, hasard favorable …. Encore faut-il croire au hasard !

Ca me convient.

A la bonne heure ….. encore une expression qui signifierait que c’est le bon moment. Au bon endroit, avec la bonne personne ???? En somme, à la croisée des chemins, au crossroad, comme disent nos amis outre-atlantique et comme le chante si bien Calvin Russell.

On note encore « au petit bonheur la chance », qui signifie au hasard (encore lui !) ou « ne pas connaître son bonheur », qui équivaut à ne pas se rendre compte de notre chance ou, finalement, « porter bonheur », comme le muguet.

Vous avez remarqué qu’on associe souvent le mot bonheur au mot chance ou au mot hasard ?


Est-on certain que le hasard existe ? ou est-ce un fait de la chance ?

La chance est le bonheur d’être là. Encore une association des deux mots.


Bien que sevrée pendant presque 26 ans de la chance de connaître le bonheur complet, je pense l’avoir trouvé. On peut toujours améliorer sa condition, mais si on se contente de ce qu’on a en se disant que c’est une chance, alors oui, je suis heureuse.


Ma grand-mère, qui n’a pas dit que des bêtises, me faisait souvent remarquer qu’on était bien plus heureux si on regardait plus bas plutôt que de se comparer à ceux qui ont plus. Il y a toujours pire que nous. Par contre, si on s’acharne à regarder ceux qui ont plus, qui semblent mieux à nos yeux, on devient envieux et on n’est jamais satisfait de son état. Je l’ai testé à plusieurs reprises et c’est finalement très juste.

Quand je vais à l’hôpital toutes les 3 semaines, j’y vais seule avec ma petite auto. Je marche, je parle, je suis autonome. Quand je croise un malade qui vient accompagné ou en chaise roulante, je me dis que j’ai plus de chance qu’elle. Quand je serai obligée de venir en chaise roulante, je regarderai le malade qui vient en civière et quand je viendrai en civière, je penserai à celui qui est déjà mort. La preuve que, jusqu’au bout, on rencontre toujours plus malheureux que soi. Le problème est qu’on a trop tendance à lever la tête et regarder ce qui se passe au-dessus plutôt que de jeter un œil sous la table !

Je ne pense pas que ceux qui sont très riches, qui n’ont plus de rêves puisqu’ils peuvent tout acheter, sont des gens foncièrement heureux. Ils n’apprécient plus ce qu’ils ont et ne savent même plus ce qu’ils ont. D’où la difficulté d’être heureux.


Tandis que moi, tous les matins, je me dis que j’ai beaucoup de chance d’être là, entière, vivante, des projets plein la tête. Je dis bonjour au soleil, je dis à mon homme que je l’aime et je regarde la nature par la fenêtre. Parfois, il pleut….. ça n’est pas très grave, c’est bon pour la nature !

Là aussi, on peut avoir différentes attitudes : râler parce qu’il pleut ou se dire qu’on ne peut rien y changer et qu’il vaut mieux faire contre mauvaise fortune bon cœur. Dans toute situation, il y a toujours un côté positif ! C’est un état d’esprit, une façon de faire face à la vie !

Des raisons de râler, il y en a des tonnes : la pluie, le froid, les embouteillages, les cons, les mal polis, les problèmes financiers ou amoureux, et j’en passe. Pourtant, on pourrait contourner cette attitude qui finit par devenir un état d’esprit. Si la pluie et le froid ne sont pas toujours agréables, on peut se dire que la pluie arrose la nature et lui permet de s’épanouir et le froid permet aux organismes de se regénérer en tuant les microbes.

Les embouteillages ? Profitez de ces minutes pour écouter de la bonne musique ou observer les autres dans leur voiture, ça peut être drôle. Par ici, un beau jeune homme qui enfonce ses doigts dans le nez et qui y met du sien, c’est rigolo. Par là, une superbe jeune femme qui n’a pas entendu le réveil et qui se met du rimmel sur les cils ; ça n’est pas prudent mais quoi de plus beau qu’une femme qui met la dernière touche à son maquillage. Il y a aussi le gros chien qui veut absolument passer sur le siège avant, le gosse qui révise la technique de nettoyage des vitres de voiture avec les doigts gras ou la langue, le bobo qui se regarde dans le rétro de sa belle béhème ou le pirate fier dans son 4x4. Moi j’aime inventer une vie aux gens que je croise. J’imagine leur vie et tout cela prête à sourire.

Or, le sourire est le début du rire. C’est sain et positif. On devrait y penser plus

souvent. C’est aussi plus joli à regarder que quelqu’un qui fait la gueule. Le rire devrait être remboursé par la sécu, c’est tellement salutaire. Un bon fou rire, qu’est-ce que ça fait du bien ! On oublie tout. Et si on regarde bien autour de nous, les occasions ne manquent pas.

Une autre source inépuisable et épuisante … les cons. Les vrais, pas ceux qui volent. Ca serait insultant pour la nature ! Avez-vous déjà remarqué que la race des cons a tendance à évoluer rapidement ? Ca devient un vrai fléau pour lequel on n’a pas encore trouvé d’antidote.

Mais, au fond, ça ressemble à quoi un vrai con ? Souvent pas mal, bien sapé, sponsorisé par les grandes marques, de préférence bien apparentes. Il roule dans une belle auto qui roule vite et qui est toute propre ou un hummer, c’est encore mieux. La pollution, lui, il s’en fout. Comme il se fout de ses congénères d’ailleurs. Ca c’est la partie visible de l’iceberg. Quand tu grattes, il n’y a rien de plus à dire. C’est d’ailleurs pareil pour les connes. Parfois, l’habit ne fait pas le moine. Il est quelconque, jeune ou vieux. On le reconnaît parce qu’il a un avis éclairé et sûr sur tout et débite au moins 100 bêtises à la seconde. Des phrases toutes prêtes du style …. Il leur faudrait une bonne guerre à ces jeunes  ou Dis, Coco, tu connais Saint-Barth ?

Ceci était une parenthèse pour pointer une chose, à mes yeux, essentielle. Quand on rencontre quelqu’un pour la première fois, on est attiré (ou pas) par son enveloppe extérieure. (Si je rentre dans un magasin chic et que je suis bien sapée, en général, la vendeuse me salue. Si j’ai un vieux jean, on lit dans son regard « toi la petite grosse, t’as rien à foutre dans mon monde ! »). Si la personne nous est, à priori, antipathique, on ne va pas plus loin. On fait comme si elle était transparente. Si ça se trouve, cette personne a une beauté intérieure insoupçonnée et a bien plus de valeur que celles qu’on admire.

Par exemple… les petites grosses ! (toute ressemblance avec un personnage existant ou ayant existé n’est que pure coïncidence !). On se moque d’elles et, malgré tous les efforts qu’elles pourraient faire pour être « jolies », on se contente de les snober ou d’en rire….. sauf si elles sont flanquées d’une jolie blonde, svelte, aux yeux bien bleus ou au regard de braise ! La petite grosse est celle qui porte toujours le sac de sa copine. On appelle cela une « faire valoir ». Faire valoir qui ? La blonde ? Elle n’a pas besoin de ça, elle s’en sort bien toute seule.

A t’on déjà pensé à gratter la carapace, à oublier l’enveloppe, pour sonder l’âme des gens que l’on rencontre ? Pour faire cela, il faut déjà avoir envie d’aller à la rencontre des autres. Ce qui n’est pas gagné.

Le monde est peuplé de gens tellement différents, tellement riches de leur culture, de leur expérience, de leur savoir qu’on a tout à gagner à faire un pas vers elles. Pourquoi ne le faisons-nous pas naturellement ? Par peur ? Par désintérêt ? Par snobisme ? Parce qu’on se croit supérieur ? Foutaise. On a tous envie d’aller vers l’autre, mais on ne sait pas comment s’y prendre.

Notre éducation nous a souvent dressé une série de barrières. Ne mets pas les doigts dans ton nez ! Ne fais pas de bruit en mangeant ta soupe ! Ne joues pas avec la petite fille, elle est sale ! Laves tes mains, tu vas attraper des microbes !

Depuis notre plus tendre enfance, on nous enlève notre côté spontané et naturel. Dernièrement, j’ai encore entendu une institutrice dire à un petit garçon triste qu’il ne devait pas pleurer parce qu’il était un garçon. Et pourquoi ? La tristesse est une émotion noble qui a besoin d’être évacuée, comme la joie ou la peur. Toute sa vie, ce petit gamin pas plus haut que trois pommes va garder toute sa tristesse en lui. Au fil des ans, cette tristesse va se transformer en amertume et en colère. Ce petit garçon plein de vie va devenir un adulte triste, qui aura besoin un jour d’un psy pour ressortir la tristesse qu’il a dû contenir pendant toutes ces années.

Les émotions sont le reflet de notre âme, tout comme nos yeux. On a le droit d’être triste et de pleurer, d’être gai et de rire à gorge déployée, d’être nostalgique et de rêver.

Le corps est comme un moteur. Il tourne et a besoin de dégager les gaz d’échappement. Il a besoin d’huile et de carburant pour tourner. Comme le moteur, nous avons besoin d’émotions pour exister, mais aussi de les expulser pour respirer, donc pour exister.

Au fond, on nous apprend à porter une carapace toute notre vie pour donner l’impression d’être quelqu’un de bien. Autant j’admets qu’il faut rester « digne » dans certaines situations professionnelles ou officielles, autant on a du mal à enlever la carapace quand on est dans notre vie privée.

Qui n’a jamais eu envie, quand il est vraiment gai, de larguer les amarres et de se mettre à danser. Autant on le fera dans notre salle de bains quand on est seul avec nous mêmes, autant on ne le fera pas dans la rue. La peur du regard des autres. Ces autres, qui aimeraient tant en faire de même, mais qui restent aussi coincés dans leurs carapaces.

C’est moche. On devrait accepter des autres qu’ils aient envie de partager leurs émotions n’importe où, n’importe quand. Nous devenons comme ces paparazzi qui traquent la moindre faille chez la star pour en faire les gros titres des canards à salons de coiffure. Peut-être, au fond, parce que ces situations nous mettent mal à l’aise, parce qu’on ne sait ni quoi dire, ni quoi faire face aux émotions des autres et, par conséquent, aux nôtres. Toujours cette salope de carapace !

Les autres sont toujours comme un miroir pour nous même.

Il serait beaucoup moins fatigant de garder notre spontanéité d’enfant. Aussi notre regard d’enfant qui permet de voir ce que certains ne font que regarder !

Vous êtes-vous déjà attardé devant un coucher de soleil ? Mais vraiment attardé, pas simplement y jeter un coup d’œil. Vous demander pourquoi le soleil se couche, pourquoi il prend ses superbes couleurs, pourquoi ça nous touche…. Ou pas !

La nature est « éternelle ». Elle suit un cycle récurrent. Elle nous regarde passer et quand on ne sera plus là, elle regardera passer notre descendance. Mais elle sera toujours là. Donc, elle a de l’expérience et des choses à partager. Pourquoi ne l’écoute t’on pas ? Parce qu’on ne prend plus le temps, parce qu’on se trouve une volée d’excuses pour ne pas prendre le temps. C’est dommage. Si on observe la nature, on peut comprendre beaucoup de choses et capter pas mal d’énergies. C’est pourquoi beaucoup de tribus retirées vivent en osmose avec cette nature et vivent en fonction des lunes, des saisons et de ce qu’elle peut leur apporter.

Nous, on a construit des villes impersonnelles où chacun vit derrière sa fenêtre dans des maisons entourées de murs. Comment voulez-vous que les êtres se rapprochent de cette façon ? A nous, d’ôter les barrières et d’aller vers les autres. C’est une des étapes vers le bonheur.

Ce qui me frappe souvent, c’est la tristesse des gens que je croise dans la rue. Ou bien est-ce de l’indifférence ? Ou peut-être même de la peur ? Pourquoi me sourit-elle ?Elle va certainement me demander quelque chose. Je la connais ? Pour être heureux, il faut commencer par éradiquer nos peurs. Quelqu’un qui vous sourit ne cherche pas forcément à vous voler votre portefeuille ou à vous faire signer une pétition quelconque.

Mais, pour aller vers les autres et les aimer, il faut commencer par s’aimer soi-même. C’est plus facile quand on se plaît au départ. Or, je rencontre rarement des gens qui me disent qu’ils sont 100% satisfaits de la façon dont la nature les a façonnés. Les uns se trouvent moches, petits, gros, d’autres ont un trop grand nez, des trop petites oreilles. Pour s’apprécier, il faut se connaître et souvent c’est là que le bat blesse.

Je pense que tout ce qui nous arrive est guidé par notre esprit, même les choses les plus imprévisibles. Et c’est parce qu’on ne se connaît pas, qu’on fait des bêtises, qu’on choisit les mauvaises options. Et si on s’arrêtait un instant pour écouter ce que notre corps a à nous dire.

Dernièrement, j’ai lu un livre qui m’a interpellée : « Dis-moi où tu as mal et je te dirai pourquoi » de Michel Odoul. Il compare notre corps à une calèche avec deux roues à l’arrière (les jambes) et deux plus petites à l’avant (les bras). La calèche est conduite par un cocher (nos émotions) et tirée par deux chevaux (le bien et le mal). Et le plus important est le voyageur (notre petite voix intérieure). La calèche va sur notre chemin de vie. Parfois, elle emprunte les ornières (faire comme tout le monde), parfois elle hésite à la croisée des chemins et le cocher (nos émotions) fait le choix du chemin à emprunter. Parfois le cheval blanc (le bien) tire plus fort et plus vite que le cheval noir (le mal), parfois c’est le contraire. Quand la calèche s’emporte, le voyageur (notre voix intérieure) tape au carreau. Le cocher entend et se reprend, mais le bruit du chemin couvre le bruit sur le carreau, donc il continue sans entendre. Le voyageur est alors obligé de casser la vitre pour crier afin que le cocher l’entende. Et si celui-ci continue à avancer malgré tout, le voyageur est obligé de casser la roue et là ….. c’est l’embardée. Il faut alors trouver le moyen de réparer, prendre son temps pour que la réparation soit solide et dure longtemps. Je trouvais cette métaphore très parlante. Si on me l’explique ainsi, alors je comprends mieux.

Si je prends mon cas, je me dis que ma petite voix intérieure a dû, à plusieurs reprises, me dire que mon chemin de vie n’était pas celui que je persistais à suivre. J’ai eu des tas de petits problèmes physiques tels que torticolis, mal aux articulations, angines à répétition. Mais j’ai soigné avec des médicaments ou j’ai pris sur moi et j’ai continué à avancer, sourde à toute intrusion de ma voix intérieure. En 1992, j’ai eu une profonde dépression qui a duré 8 mois, mais j’ai persisté à continuer sans m’arrêter pour me demander pourquoi. Et puis, la roue a cassé avec l’annonce de mon cancer en 2004. C’est à ce moment, ne pouvant plus avancer, que j’ai dû me poser les bonnes questions. Ca n’est pas venu tout seul. Comme tout malade qui apprend qu’il est atteint de cette maladie, je me suis demandé pourquoi moi. Or la bonne question aurait été simplement pourquoi et pourquoi à cet organe ? Mais j’ai continué, j’ai absorbé des milliers de litres de produits hautement nocifs. J’ai avancé en faisant confiance au corps médical. Une seule chose ne m’a jamais quitté : le moral et la foi d’être capable de guérir. Je ne suis pas au bout du chemin mais j’œuvre en ce sens. Je me dis que si je comprends pourquoi mon corps s’attaque à mon sein et à mon foie, il doit y avoir une bonne raison.

Une psychothérapeute m’a mise sur la voie. Elle m’a aidé à me poser les bonnes questions, à comprendre pourquoi mon corps n’est pas bien dans sa peau. Ca remonte à très longtemps. J’ai dû fouiller dans des vieux tiroirs, ceux dont j’avais jeté les clés. Il a fallu commencer par retrouver les clés, par voir si c’étaient bien celles qui ouvraient les bons tiroirs. J’en suis aujourd’hui à fouiller les tiroirs et trier leur contenu. Ca fait parfois mal parce que ça oblige à regarder en arrière. Moi qui n’aime pas regarder en arrière, je l’ai trop fait. Ce qui est passé ne peut plus se corriger, c’est le passé, c’est fini. Ce passé a forgé notre expérience et les décisions que nous avons prises étaient certainement les meilleurs à nos yeux au moment où nous les avons prises. Il faut vivre intensément le moment présent parce que c’est le seul qui soit réel. Hier est fini, demain viendra peut-être mais maintenant existe. Or, nous passons nos vies à regretter le passé et à être pressé que demain arrive et passons complètement à côté du moment présent. On profiterait beaucoup plus de nos vies si on saisissait mieux l’instant présent. Chaque être est différent, c’est ce qui fait notre richesse. Chacun peut apprendre de l’autre, mais nous sommes tellement obsédés pour notre devenir que nous ne nous arrêtons plus pour saisir un regard ou une émotion qui passe.

C’est comme un fast-food. Vite servi, vite avalé …. Or, quoi de mieux qu’un bon petit plat mijoté, comme celui de nos grand-mères, la cuisine qui fleurait bon le gâteau qui cuit dans le four ou la confiture faite avec les fruits cueillis au jardin. La vie, c’est pareil. On brade nos émotions, on entre dans un moule imposé et on ne prend plus le temps de s’occuper de nous, de nous aimer et d’être attentifs à ceux qui croisent nos vies.

Et, quand il est trop tard, qu’on arrive au bout de notre chemin de vie, on a des regrets. Si on avait su ……. C’est pas ça qu’il faut faire, il faut vivre ses envies, maintenant.

Combien de fois n’ai-je pas entendu des personnes me dire que quand elles seraient retraitées, elles partiraient vivre dans le sud. Pourquoi attendre ? Si c’est vraiment quelque chose d’indispensable pour être heureux, il faut partir maintenant. On se dresse des tas de murs qu’on s’interdit de franchir parce que c’est plus facile d’avoir une bonne excuse pour ne pas faire quelque chose que d’avoir le courage de prendre sa vie en main. Je le sais, je l’ai aussi fait.

Je suis restée 26 ans avec un homme qui ne me convenait pas. Je ne dois pas me plaindre car, si j’avais voulu, j’aurais pu le quitter avant. Mais, il y avait les enfants. Ceux-là même qui aujourd’hui me demandent pourquoi je leur ai imposé cette vie de merde. Ah, si j’avais su ! Mais je le savais, mais j’ai été trop sourde et je n’ai pas pris le fil de ma vie en main.

Quand j’ai rencontré Jean-Marie, j’ai su que c’était lui. Pourquoi ? Je n’en sais rien. Peut-être que ma petite voix intérieure me l’a soufflé. Cette impression de connaître quelqu’un de nouveau depuis toujours. Le plaisir d’être avec lui. Même collés ensemble 24 heures sur 24, on est bien. On ne se bouffe pas, on ne se gêne pas, au contraire, on en redemande. Notre envie de partir vivre dans le sud nous a pris il y a quelques années. On a acheté une maison. Mais on s’est vite rendu compte que cette vie ne nous ressemblait pas. Les cigales, à la fin, on a juste envie de les pulvériser et l’odeur de lavande a comme un relent de décharge. Alors, on s’est dit que le moment était venu d’abandonner l’idée et la maison et de revenir à d’autres occupations, qui nous correspondaient probablement mieux. Mais, si on ne l’avait pas fait, on aurait toujours regretté. Maintenant, on sait !


Pour aimer les autres, il faut s’aimer soi-même, bien se connaître. Avant de dire, je n’y arriverai jamais, il faut essayer. Tant pis si on se casse la figure. Ca s’appelle l’expérience. Quand elle est faite, on sait de quoi on parle.

Il faut avoir confiance en soi.

La confiance en soi est la base de toute réussite dans la vie, qu'elle soit d'ordre sentimentale ou professionnelle. Elle permet de mieux saisir les opportunités qui se présentent...
Pour améliorer le rapport que l'on a avec les autres, il faut d'abord améliorer la relation que l'on a avec soi-même. Il faut apprendre à s'écouter, aimer son corps...
Pour être confiant, il faut se sentir beau, soigner son apparence physique.
Arrêtons de voir le verre à moitié vide plutôt qu'à moitié plein ! Essayons de nous concentrer sur les éléments positifs et faisons la chasse aux idées noires qui polluent notre esprit. Concentrons notre énergie sur nos réussites passées et futures plutôt que de nous arrêter à nos échecs.
Fixons des buts et des objectifs à atteindre : les noter sur un carnet ou sur une feuille de façon à les visualiser tous les jours.
Soignons notre posture, tenons-nous droit et regardons l'autre droit dans les yeux. La posture et l'attitude modifieront la relation à autrui et nous gagnerons en confiance.
Écouter des morceaux de musique qui vous donnent du punch. Nous savons tous que la musique adoucit les mœurs ou donne une forme d'enfer...
Apprenons à nous accepter tels que nous sommes et arrêtons de nous comparer sans cesse à notre voisin. Devenons notre meilleur ami.
Pour retrouver la confiance perdue, il faut aussi apprendre à accepter les événements négatifs de son passé. Il s'agit de ne pas les refouler et de ne pas nous accuser de nos échecs. La tolérance à notre égard doit être égale à notre aptitude à comprendre les échecs des autres.

Un exemple : certains disent qu’ils ne savent pas chanter ou qu’ils n’ont pas l’oreille musicale. Ca n’est pas toujours vrai. Quand on naît, on est pourvus d’une série de dons insoupçonnés. Mais dès notre plus tendre enfance, nous entendons des expressions du style : il chante comme une casserole, il chante faux, il n’a pas le sens du rythme. Tout ça est conditionné par les expressions que nous entendons. Pour exploiter un don, il faut le cultiver. Il faut d’abord savoir qu’on a ce don et, ensuite, il faut le travailler. Rien n’arrive sans peine. Le meilleur musicien, le meilleur écrivain ont dû maintes fois recommencer leur ouvrage avant de le présenter au public. Ca ne vient pas tout seul. Il faut commencer par se prouver qu’on peut y arriver, il faut croire en nous et puis il faut convaincre les autres. Il faut trouver sa propre technique, même si elle n’est pas celle qu’on apprend à l’école et l’améliorer.



Mise à jour le Dimanche, 26 Février 2012 10:32