Grands débats de société : Multiculturalité... "Fiers de nos couleurs" ? Julien-S Buchem
Écrit par Best of Verviers   
Vendredi, 05 Août 2011 09:00

A l'occasion du trentième anniversaire de la loi dite « Moureaux », la presse dans son ensemble nous a rappelé que le 30 juillet 1981 le Parlement de notre pays avait adopté le texte qui visait à réprimer les actes inspirés par le racisme ou la xénophobie.

Le racisme devenait un délit alors qu'il était, jusque-là, considéré comme une opinion.

La législation belge contre le racisme a également été étoffée en 1995, via la loi du 23 mars 1995 tendant à réprimer la négation, la minimisation, la justification ou l'approbation du génocide commis par le régime nazi pendant la seconde guerre mondiale. Ces mesures ont fait de la Belgique une pionnière dans la lutte contre le racisme.

 

A cette époque, on se souviendra notamment, parmi les initiatives à but  éducatif et scientifique, de la remarquable exposition « Tous parents, tous différents » qui se tenait au Musée des Sciences naturelles à Bruxelles.

Photo Raymond Delhaye

Depuis lors, bien des projets d'ouverture ont essaimé un peu partout dans notre pays. Initiatives citoyennes, asbl, projets scolaires, associatifs, politiques...ont vu le jour afin que les gens de cultures différentes se rencontrent, apprennent à se connaître, puisent dans la source des différences un maximum de richesses,… 

 

C'est aussi une des raisons qui anime notre site régional depuis plus de 8 ans déjà.



Aujourd'hui, la multiculturalité se trouve bien souvent au cœur des débats

 

A cette occasion et dans notre série, « Sur le chemin : les grandes questions philosophiques», nous voudrions parler multiculturalité.


 
Dans la commune de Verviers, parmi mille et une initiatives, un projet porté par Malik Ben Achour, « Fiers de nos couleurs », a vu le jour il y a quelques mois déjà. Même si un projet fait l'actualité et qu'il semble parfois bien vite supplanté par d'autres, nous trouvons qu'il est intéressant d'y revenir.

 

 
Photo Jacques Clérin

Petit rappel : il s'agissait d'une campagne de sensibilisation à la multiculturalité. «L'objectif de départ était de dédramatiser la multiculturalité, d'apaiser les tensions qui existent. Le principe était de casser les représentations que des gens ont de la multiculturalité, qui est loin d'être dangereuse, menaçante» expliquait le jeune échevin à l'Avenir.

 

 


Qu'en est-il plusieurs mois après ?
Nous avions envie de partager quelques réflexions sur le fond avec plusieurs acteurs : Julien-S. Buchem le photographe du projet, mais aussi deux jeunes hommes engagés dans la politique communale, l'échevin Malik Ben Achour, initiateur du projet, et le conseiller communal Hajib El Hajaji qui nous a interpellé par sa carte blanche dans la Libre Belgique du 5 juillet 2011, en réponse à la lettre d'Henri Boulad, chrétien d'Orient et ancien recteur du Collège des jésuites au Caire, qui défend l'idée que l'islam menace l'Europe dans ses fondements mais aussi d'autres invités à découvrir dans les semaines qui viennent.

Bonnes découvertes

 

-Julien-S Buchem, vous êtes passionné par la photographie. A quand remonte cette passion ?

Plutôt par l'image que par la photo uniquement, mais je me souviens avoir commencé à utiliser le réflex de ma maman, quand je devais avoir une quinzaine d'années.

- Depuis quelques années, le développement du numérique permet à de nombreux photographes de s'exprimer avec  talent. Le ressentez-vous ?


Oh bien sûr, c'est grâce au digital que j'ai pu mieux comprendre mes erreurs et avancer en photo, même si ce n'est pas le matériel qui fait le photographe.


- Qu'est-ce qui vous plaît aujourd'hui dans les photos que vous réalisez ?
Principalement la prise de vue, comprendre comment utiliser la lumière, comme je fais pas mal de portraits, le contact humain est aussi très important.

- A l'ère du numérique, l'art de travailler une photo, est-ce devenu un complément indispensable du photographe ?
Le photographe retravaille ses images depuis que la photographie existe, le numérique a juste changé la manière d'utiliser les outils.


- Vous avez participé à un projet d'envergure 'Verviers, Fiers de nos couleurs". Quel est l'origine de projet ?

Si je ne me trompe pas, c'est Malik Ben Achour qui façonnait cette idée depuis un moment. L’échevinat m'a contacté à l'automne 2010, j'ai répondu à l'appel d'offre, et apparemment, mon travail correspondait à ce qui était attendu, l'échevin ayant une idée précise du type d'images à faire.


- Il s'agit surtout de rencontres entre des personnes qui ont toutes quelque chose à partager. Où et comment se sont déroulées les séquences studio ?
Afin de centraliser les shootings, et ne pas exploser le budget en location de studio, nous avons utilisé une salle de l'échevinat, j'y ai monté un petit studio afin d"avoir toujours le même éclairage durant les 4-5 sessions. Tout au long de la journée se succédaient les personnes, qui avaient été préalablement contactées et accueillies par Malik Ben Achour et Nadia Loukia. En arrière-plan Barbara Brixhe était venue faire des images "backstage" et un peu m'assister.
L'ensemble des images a été fait fin 2010 et début 2011.


- Durant les séances, s'agissait-il plus d'une séance portrait ou étiez-vous plutôt dans une relation de rencontre, de dialogue avec les personnes à photographier ?


Les journées étaient plutôt chargées, il y avait +/- 30 personnes à mettre en image par session, du coup, on n'avait pas beaucoup de temps, mais à chaque fois j'essayais de sentir, de capter qui se présentait devant moi.

Avec certains, il n'a fallu que 3 minutes pour avoir une attitude sincère, pour d'autres ce fut plus long, mais à chaque fois il y a eu un échange.


 

- Dans ce cas-ci, on imagine aisément que pour les citoyens qui avaient été choisis, la relation à leur lieu de vie devait  pouvoir se ressentir, transparaître sur la photo. Comment avez-vous travaillé pour saisir l'émotion des gens ?
D'habitude je préfère avoir au minimum une heure pour arriver à rendre ce que les gens ont envie de donner, ou en tous cas comme je les vois. Là les conditions étaient telles que c'était l'énergie, le spontané des premières minutes qui ont été exploitées. Ce qui n'est pas plus mal, comme ça les personnes n'avaient pas trop le temps de se stresser.


- Fiers de nos couleurs, un bon slogan au vu de ces séquences photos ?

Le slogan, le propos de la campagne existaient avant que je n'en fasse des images, mais le côté fier est quelque chose que j'aime aller chercher chez la personne en face de moi, et pour ce qui était des couleurs, des origines ; la palette fut riche. Une fois toutes les images faites, le tri terminé, une graphiste, Alexandra Kockelmann, a mis tout ça sous forme d'affiches XXL.


- Une rencontre qui vous a particulièrement touché ?

J'ai été touché par la disponibilité des personnes qui se trouvaient devant moi. Sans me connaître, ils se sont ouverts et n'ont pas hésité à participer à l’illustration de la campagne.


- En tant qu'homme, quel regard rétrospectif jetez-vous sur ce projet de rencontres ?
J'aime beaucoup ce genre de démarches, où l'on met en avant le beau, la fierté mais pas l'orgueil des gens, pour moi, nous somme tous beaux, mais on ne le montre pas forcément.

 

Merci Julien-S. pour ce premier échange dans le cadre de notre série multiculturalité et à Barbara Brixhe pour les deux photos des séquences.

 

Mise à jour le Lundi, 08 Août 2011 07:51