Martin Jacques
Écrit par Best of Verviers   
Lundi, 29 Octobre 2007 18:53

C'est avec tristesse que nous avons appris le décès de Jacques Martin, ce jeudi 21 janvier 2010. Best of s'était rendu chez le père d'Alix fin octobre 2007 pour une rencontre qui s'est avérée instructive et passionnante à la fois. Nous vous la proposons à nouveau sur notre site.

Jacques Martin, vous êtes le père d'Alix ! "Alors que Jules César conquiert la Gaule en 53 avant J-C, un jeune esclave gaulois nommé Alix devient après bien des péripéties, citoyen romain et protégé de César. C'est en compagnie d'Enak, son jeune compagnon égyptien, qu'Alix nous fera vivre d'extraordinaires aventures en sillonnant  le Monde antique, de la Gaule à la Chine, en passant par l'Afrique et la Mésopotamie."

Jacques Martin, né à Obernai près de Strasbourg, quand et comment devenez-vous "citoyen" Verviétois ?
Votre enfance se déroule en Alsace ?


Oui, je suis né à Strasbourg le 5 septembre 1921. Ma mère était belge. Mon père, français, avait été affecté durant la Première Guerre mondiale en Alsace comme aviateur. Il appartenait à l'escadrille des Cigognes. J'ai donc vécu mon enfance à Obernay.

Dès 1920, mon père partira à Paris dans l'aviation civile comme pilote d'essai.

 

Alix était un garçon sensible et intrépide. Le courage est une vertu importante chez les Romains. Et chez vous ?

Je ressemblais beaucoup plus à mon père. Aviateur demandait du courage. J'avais une grande dévotion pour lui. Malheureusement, il est mort dans un accident d'avion en 1932 alors que j'avais 11 ans.

 

J'imagine que comme le jeune Alix, vous allez devoir rapidement faire face à  bien des péripéties ?

En fait, je voulais m'orienter vers le dessin. Mon désir était de rentrer aux Beaux-Arts mais cette perspective ne plaisait ni à ma mère, ni à l'association qui venait en aide aux enfants d'aviateurs disparus. Il me fallait un vrai métier me disaient-ils !

 

C'est pourquoi, à 14 ans, je suis parti faire les Arts et Métiers à Erquelinnes. Trois années préparatoires suivies de trois autres qui m'ont formé aux rudiments de la perspective et de la descriptive. Un enseignement purement technique qui m'a été d'une grande utilité car il m'a apporté beaucoup de rigueur.

 

La guerre arrive. Que devenez-vous ?

Je termine mes études en 1941. Alors qu'en juillet 1942 je travaillais dans une usine d'aviation en France, je suis emmené un beau matin par deux gendarmes qui étaient passés prendre au préalable une valise chez moi avec quelques effets personnels. Je suis conduit à la gare et enfermé avec d'autres dans un wagon à destination de l'Allemagne. On pissait à travers les fenêtres. Sur place, je suis intégré comme ingénieur chez Messerschmitt (avions) pour y effectuer mon  "Service de Travail Obligatoire" (STO). J'y reste deux ans et demi.

 

Enfin la Libération

Dès la fin de la guerre, je veux me lancer dans le dessin. Je me présente à Paris chez Nathan. Là, on me dit que pour faire de la BD, il faut aller à Bruxelles, c'est là que ça se passe. Je demande et obtiens un permis de voyage de trois semaines.

J'ai alors été engagé comme free-lance dans la publicité. Dessinateur dans la pub, ça payait mieux que la Bande dessinée. J'ai fait de très nombreuses affiches pour le cirage, des dentiers, le pétrole Kaldé pour laquelle j'ai reçu 18 000 francs à l'époque),... Je n'ai pas tout gardé.

Je travaillais également pour quelques journaux comme dessinateur de bande dessinée humoristique.

Je collabore à quelques revues bruxelloises, dont le journal Bravo (Oeil de perdrix).

Puis un jour, Miessen, un lettreur me dit d'aller de l'autre côté de la Grand Place au Lombard. 
 

1946, une rencontre décisive, Raymond Leblanc

Je vais trouver Raymond Leblanc, rédacteur en chef  du journal Tintin qui me reçoit et me dit : "Faites-moi un projet pour dans 8 jours". Je dessine donc la page UN d'Alix en couleur directe. C'est Adelin Guyot (Spa) qui la possède actuellement. Hergé, directeur artistique, est d'accord mais on ne sait pas augmenter le nombre de pages du journal Tintin. Il y a toujours à cette époque un contingent de papier. Le journal a droit à 35 000 exemplaires en 1946, ce qui correspond à 12 pages par journal. Je n'obtiens pas de contrat. Leblanc me dit de continuer mon projet Alix mais je ne fais rien.

 

Je me marie à une Verviétoise en 1947.

 

Et Verviers dans tout cela ?

L'avenir, c'était la bande dessinée mais elle payait mal. J'ai alors été loger chez mes beaux-parents rue d'Ensival. Ils occupaient le rez-de-chaussée et le premier. Nous vivons au deuxième et troisième étage.

 

A Verviers, on "n'attrapait" pas de pub. On était loin de la capitale ! J'avais moins de 30 ans et je ne pensais pas tellement à l'argent. Mon obsession, c'était la qualité. Je gagnais peu. On ne nageait pas dans l'opulence. J'avais juste un costume.

 

En 1948 alors en vacances dans les Vosges à Remiremont, je reçois un télégramme qui me disait de rentrer dare-dare à Bruxelles.

Je prends le train, toute une expédition. J'arrive dans la soirée au Lombard où Leblanc me dit : "Où en êtes-vous ?" Je lui explique que je dois encore travailler la première page d'Alix (de 1946) avant de la finaliser.

 

Il me répond :"Trop tard", la première page est déjà à l'imprimerie.

 

Affolé, je dessine les pages suivantes. J'avais l'histoire en tête mais ça me demandait beaucoup de boulot car je faisais tout de A à Z.

 

Alix voit le jour le 16 septembre 1948. Il est apparu dans Tintin car le journal passe alors de 12 à 16 pages. Cette augmentation vers 1948 s'explique par le fait que le papier fut enfin libre et plus contingenté. On est alors monté à 135 000 exemplaires et 250 000 avec la France en 1949. Tintin France est créé.

 

Roger Leloup devient votre premier collaborateur        

Roger Leloup était le fils de mon coiffeur qui était aussi marchand de tabac. Son commerce  était composé de deux vitrines rue d'Ensival. Je me souviens de Roger, tout gamin, passant devant ma maison avec son petit vélo. En 1950, alors qu'il avait 15 ans, ses parents sont venus me trouver pour voir si Roger pouvait dessiner avec moi. Il faisait Saint Luc.

En 1952, je crée un nouveau personnage. Un Alix, contemporain : il s'appelle Lefranc. C'est une réussite dans l'esprit de la "Ligne Claire". J'avais évidemment beaucoup plus de travail. Roger Leloup (Yoko Tsuno) devient alors mon collaborateur. Il a commencé d'abord à colorier les histoires d'Alix dans LE SPHINX D'OR. Ensuite, il s'est attaqué aux décors d'Alix dans LA GRIFFE NOIRE. Il faisait également des chroniques pour le journal Tintin, moi je faisais les personnages. Hergé l'a testé. Son premier décor, c'était la gare de Nyon dans "L'AFFAIRE TOURNESOL". On lui doit également le dessin et les aménagements du jet du milliardaire Carreidas dans "Vol 714 pour Sydney" et la modernisation des véhicules dans "l'ILE NOIRE". Roger Leloup sera le premier d'une longue série de collaborateurs. Aujourd'hui en 2007, j'en ai 24 ! Cette participation avec Roger Leloup se prolongera jusqu'à la fin des années soixante.

 

Votre vie au quotidien à Verviers ?

Dessiner des pages. A l'époque le délai était de 8 jours. Chaque mardi, je me rendais à 4H00 du matin à la poste de la gare. J'en profitais pour discuter avec le postier autour d'un café. Il en déballait mon dessin afin de le regarder. Ensuite, il le remballait avant de l'envoyer. Ma planche était imprimée pour le mercredi suivant.

En général, je me rendais en train à Bruxelles une à deux fois par mois. Les routes étaient très mauvaises. C'est en 1951 que je me suis acheté une voiture. Ma femme m'accompagnait alors parfois pour ce long voyage. Je ne regardais pas à mon temps de travail. Il m'est arrivé de passer trois semaines sur une page.

 

Le jeune Macherot, journaliste du Jour vient  chez vous en 1953

            Oui ! Et il me montre ses planches. Je n'hésite pas ! Je l'emmène à Bruxelles chez Tintin voir Raymond Leblanc qui remarque le dessin de cette souris sympathique qui grignote une carotte. L’éditeur, à la recherche d’une série animalière capable de concurrencer le journal de Mickey, décide de lui donner sa chance. Une première histoire naît sous le crayon de Raymond Macherot, Mission chèvrefeuille, qui constitue en quelque sorte la matrice de l’univers de Chlorophylle. Suit alors la première grande histoire de Macherot, Chlorophylle et les rats noirs en 1954.  Ses séries avaient  un succès énorme dans les albums.

 

 

Et Demaret

Demaret était mon second collaborateur. C'était " l'homme à tout faire", dans le noble sens du terme : albums à colorier, décoriste,... . Un grand maître du dessin ! Cependant, il n'a jamais eu de série à lui. C'est en 1953 que je l'ai emmené à Bruxelles où il logeait avec Leloup dans une pension de famille.. Il est également devenu  un collaborateur d'Hergé.

 

Bruxelles pointe à l'horizon, car Hergé vous veut absolument près de lui.

A l'époque, en 1951-1952, j'ai engagé Demaret pour faire des chromos car j'avais un boulot fou ! Demaret fignolait mes premiers traits. Je les envoyais à Hergé qui mettait à côté un petit Tintin en costume d'époque. Les timbres Tintin, une trouvaille ! Ce système fonctionnait sur le principe de timbres  que l'on découpait sur les emballages d'aliments : bières, chocolats, huile, savon,.. Les gens collaient ensuite les timbres et envoyaient des cartes complétées. En retour, ils recevaient des images (chromos) signées Hergé. Ca avait un succès énorme !

            Ces chromos racontaient l'histoire de l'aviation, de l'automobile,.. sous forme de vignettes.   Ce succès  dérangeait beaucoup de monde notamment Spirou que ça "emmerdait" car on voyait des "Tintin" partout. Cependant, ça faisait travailler beaucoup de gens. Un étage complet travaillait pour les chromos au Lombard. De plus, des jeunes filles triaient les timbres,...

 

 

Hergé trouvait ridicule d'avoir un studio qui se trouvait à des kilomètres de chez lui. Il a maintes fois essayer de m'avoir à Bruxelles. J'ai résisté deux ans à Hergé car j'avais des projets de m'installer à Heusy. Un jour, Hergé a réuni tout le monde dans son studio de la rue Louise à Bruxelles. Il m'a dit qu'il y avait un superbe terrain à vendre un peu plus bas de chez lui et j'ai fini par céder. Nous étions en 1954

 

Verviers est donc bien un berceau de la bande dessinée en Belgique ?

En fait, j'ai fait le sillon à Verviers où j'ai habité de 1947 à 1954.

 

Pouvez-vous nous raconter un souvenir en rapport avec un événement qui s'est passé à Verviers et qui vous a marqué ?

Les premières élections, j'étais français donc je ne votais pas ! C'était vers 1952, je crois. Il y avait une réelle effervescence dans la ville. J'avais fait la tournée des partis. Ce qui m'a frappé, c'est le fait qu'il y avait une hargne, la jalousie,... entre les hommes des différents partis. Cette haine entre eux me choquait vraiment.  (Pour info : Adrien HOUGET sera nommé Bourgmestre. Il présidera un Collège Libéral/Social-Chrétien). Entre Pompée et César, c'était la lutte pour le pouvoir et l'argent. Une lutte sans merci. Je suis Résident Suisse et je peux vous dire qu'heureusement, c'est moins virulent ici.

 


 

Trouvez-vous un Alix dans le monde d'aujourd'hui : sensible, intrépide, désireux de paix et de justice ?

Je n'en vois pas ou peu. Je n'aime d'ailleurs aucun homme historique ou médiatique car ils ont tous des faces sombres. Certes, j'en admire comme Churchill.

Il faut aussi signaler qu'il y a des mentalités que nous ne pouvons pas comprendre car la réalité à certaines époques n'était pas la même qu'aujourd'hui. A l'époque de Napoléon, par exemple, la vie humaine n'avait pas d'importance. Il faudra attendre la Croix-Rouge pour voir s'occuper réellement des blessés sur les champs de bataille. Autre exemple, à Rome, le concept de la faute, du péché n'existe pas. Eux ne nous comprendraient certainement pas non plus s'il devait vivre aujourd'hui !

 

Un souvenir en rapport avec un lieu verviétois ?

J'aimais particulièrement Heusy, la Place des Minières, la Place Verte, la Vesdre et la Gileppe. J'aime d'ailleurs toujours beaucoup Verviers.  J'y ai encore toujours des amis comme les Moulan, Christian Merlan, des cousins. Ma femme qui est Verviétoise pur jus avait beaucoup d'amis mais en général, ils sont décédés aujourd'hui. C'est pour cela que je n'y ai plus tellement d'attaches.  L'exposition Alix qui se tient dans votre ville est la meilleure jamais réalisée. J'habiterais volontiers Verviers. Cependant, je suis heureux en Suisse où je réside depuis 24 ans.

 

Un autre souvenir verviétois ?

Mon tailleur, chez Bartels-Janssen, avec qui j'allais discuter ou prendre un verre. On allait au "Tank" Place Verte. C'était le plus beau café de Verviers. Il se trouverait aujourd'hui à côté de la Bourse. Ensuite, j'allais aussi en face du kiosque dans un autre établissement qui faisait restaurant et dont j'oublie le nom. J'étais ami avec Boumal, le libraire.

 

 Verviers vous a-t-il inspiré pour vos dessins ?

Je n'ai jamais dessiné sur Verviers. Un jour peut-être ! Pourquoi pas ?

 

 

"La ville a changé" disiez-vous. Quel était votre sentiment lors de votre dernière visite à Verviers.

 La rue d'Ensival s'est un peu dégradée par rapport à mon époque. C'était alors une belle rue !

 

Une personnalité Verviétoise ?

Hausman, je connais. Il est venu après coup. Il est plutôt illustrateur que dessinateur de bande dessinée. Il réalise de magnifiques dessins.

 

 

On sait aujourd'hui que notre comportement et nos pensées sont influencés par les émotions ressenties particulièrement durant l'enfance. Plus l'événement ou l'expérience vécu  à un caractère unique (souvenir tragique, excitant) plus le souvenir est durable dans notre mémoire. Ces souvenirs influent nos comportements dans la vie adulte. Par exemple, le conditionnement de peur provoque la formation de souvenirs émotionnels qui persistent toute la vie.

Le point de départ du récit de la vie d'Alix est sa condition d'esclave.  Est-ce à cause de cette souffrance vécue durant sa jeunesse qu'Alix parvient à se transcender pour devenir un jeune adulte épris de paix et de justice ?

 

 

J'ai très mal digéré mon séjour en Allemagne. J'aime ma liberté d'action. J'aime cette indépendance d'esprit et cette liberté. Ma mère m'a fait subir des contraintes à la mort de mon père. Mon frère était favorisé. J'en ai vu de toutes les couleurs. Par exemple, à la sortie de la guerre, je me retrouve à Paris avec mon frère et un ami. Mon frère va téléphoner à ma mère pour l'appeler et lui signifier notre présence. A ce moment, avec mon ami, je traverse la rue vers la terrasse d'un café. Soudain, arrive ma mère que je n'avais plus vu à cause de la guerre. Elle ne me dit pas bonjour et me demande où est mon frère. Mon ami me dit :"C'est ça ta mère ? Je foutrais le camp si j'étais toi". C'est ce que j'ai fait."

 

Je n'aime vraiment pas les contraintes. Alix est comme ça.

 

Un jour un Archevêque français m'a demandé si je voulais faire d'Alix un grand catholique. Il m'assurait la vente de 500 000 exemplaires. Vous imaginez les retombées financières ! J'ai refusé ! Ou un autre jour, le FN français a voulu me récupérer. J'ai refusé !

 

Qu'est-ce qui vous révolte aujourd'hui ?

La mauvaise foi, l'égoïsme, le sectarisme.

 

 

Un auteur que vous aimez.

Flaubert m'a ouvert les portes de l'Antiquité avec Salammbô. Je n'ai depuis lors jamais cessé de lire et de m'intéresser à l'histoire. (Ci-dessous un extrait de ce livre.)

 

"LE FESTIN

 

        C'était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d'Hamilcar.

 

        Les soldats qu'il avait commandés en Sicile se donnaient un grand festin pour célébrer le jour anniversaire de la bataille d'Eryx, et comme le maître était absent et qu'ils se trouvaient nombreux, ils mangeaient et ils buvaient en pleine liberté.

 

        Les capitaines, portant des cothurnes de bronze, s'étaient placés dans le chemin du milieu, sous un voile de pourpre à franges d'or, qui s'étendait depuis le mur des écuries jusqu'à la première terrasse du palais ; le commun des soldats était répandu sous les arbres, où l'on distinguait quantité de bâtiments à toit plat, pressoirs, celliers, magasins, boulangeries et arsenaux, avec une cour pour les éléphants, des fosses pour les bêtes féroces, une prison pour les esclaves.

 

        Des figuiers entouraient les cuisines ; un bois de sycomores se prolongeait jusqu'à des masses de verdure, où des grenades resplendissaient parmi les touffes blanches des cotonniers ; des vignes, chargées de grappes, montaient dans le branchage des pins : un champ de roses s'épanouissait sous des platanes ; de place en place sur des gazons, se balançaient des lis ; un sable noir, mêlé à de la poudre de corail, parsemait les sentiers, et, au milieu, l'avenue des cyprès faisait d'un bout à l'autre comme une double colonnade d'obélisques verts.

 

        Le palais, bâti en marbre numidique tacheté de jaune, superposait tout au fond, sur de larges assises, ses quatre étages en terrasses. Avec son grand escalier droit en bois d'ébène, portant aux angles de chaque marche la proue d'une galère vaincue, avec ses portes rouges écartelées d'une croix noire, ses grillages d'airain qui le défendaient en bas des scorpions, et ses treillis de baguettes dorées qui bouchaient en haut ses ouvertures, il semblait aux soldats, dans son opulence farouche, aussi solennel et impénétrable que le visage d'Hamilcar.

 

        Le Conseil leur avait désigné sa maison pour y tenir ce festin ; les convalescents qui couchaient dans le temple d'Eschmoûn, se mettant en marche dès l'aurore, s'y étaient traînés sur leurs béquilles. A chaque minute, d'autres arrivaient. Par tous les sentiers, il en débouchait incessamment, comme des torrents qui se précipitent dans un lac. On voyait entre les arbres courir les esclaves des cuisines, effarés et à demi nus ; les gazelles sur les pelouses s'enfuyaient en bêlant ; le soleil se couchait, et le parfum des citronniers rendait encore plus lourde l'exhalaison de cette foule en sueur.

 

        Il y avait là des hommes de toutes les nations, des Ligures, des Lusitaniens, des Baléares, des Nègres et des fugitifs de Rome....

 

Une oeuvre d'art ?

Tout ce qui est du XVII siècle. J'adore !

 

Où et quand auriez-vous voulu vivre.

Comme homme, j'aurai préféré vivre chez les Egyptiens.

 

Quel est le message de coeur que vous voudriez que l'on garde de vous, que vous voudriez donner aux enfants qui vont grandir dans ce monde en mutation.

J'espère qu'ils tireront de mes ouvrages une certaine philosophie, une indépendance d'esprit à laquelle j'ai toujours été attaché.

 

Rencontré lors de l'inauguration de l'exposition des 60 ans d'Alix à Verviers ce 26 octobre 2007, Jacques Martin, m'a parlé avec passion de sa vie et de sa période Verviétoise. Je l'ai alors invité à se raconter pour les lecteurs de Best of Verviers, ce qu'il a directement accepté de faire avant son retour en Suisse.  Je le remercie infiniment de m'avoir invité accompagné de J. Busch du BD Vesdre-festival, à venir partager tout un après-midi en sa compagnie. L'entendre raconter sa vie dans sa maison, non loin de celle d'Hergé près de Bousval, fut un moment fort où nous avons pu rencontrer l'homme, celui que peu de gens connaisse. Il nous a  partagé ses souvenirs, joies et peines. Un homme vif, sensible, de grande écoute et  plein d'humour qui ne s'arrêtait que pour raconter d'autres souvenirs ! Affichant 86 printemps, il possède une vitalité qu'on souhaite à chacun  malgré des problèmes de vue qui le handicapent mais dont il rit volontiers. Comme il nous a dit : "J'habite un confortable appartement en Suisse avec vue sur le lac que ... je ne vois plus ! Et de partir d'un grand éclat de rire ! Jacques Martin, tout simplement merci !

 

Reconnaissance pour l'ensemble de sa carrière, le crayon d'or 2008 du BD-Vesdre festival

 


 

Jacques Martin a reçu le 14 septembre 2008, presque 60 ans jour pour pour après la parution de la première page d'Alix réalisée à Verviers, le crayon d'or du 3ième BD Vesdre festival de Verviers déposé dans son écrin pour l'ensemble de son oeuvre. Une navette utilisée par les ouvriers lainiers à la grande époque des machines dans les entreprises textile.

Pour Best of Verviers

Christophe Dechêne

29 octobre 2007

 


 

Mise à jour le Jeudi, 21 Janvier 2010 20:41