Hausman René
Écrit par Best of Verviers   
Mercredi, 20 Février 2008 07:59

-Hommage à René Hausman, décédé  ce 28 mai 2016.

- René Hausman, bonjour !

- Bonjour

- Je voudrais débuter notre rencontre par une citation  que vous reconnaîtrez très aisément : « Au pays de Vesdre, de Hoëgne, et de Berwinne, plusieurs paysages tout en différences et en affinités se réunissent et se contrarient. Pâtures, haie crochues, mares mystérieuses, fôrets, fagnes, partout l’arbre griffe le ciel souvent bas et il y a bien toujours un lambeau de brume qui traîne… Je crois que chacun de mes dessins porte la trace de tout cela, que j’aime, bien sûr intensément. » Citation de René Hausman tirée du livre « L’Ardenne bleue » Aqualaine.

En lisant cette véritable déclaration d’amour pour la nature je me demandais comment dans votre enfance s’était développée votre sensibilité pour la nature ?

- Nous habitions rue du Tombeux à Stembert. J’ai donc passé mon enfance proche de la nature puisque nous étions très vite à la campagne. Je jouais souvent chemin du Tir qui était un terrain d’entraînement pour militaires. Pas loin du nouveau cimetière de Stembert se trouvait aussi une ferme où l’on trouvait de nombreux animaux. Je la revois encore ! Elle était comme une ferme de livre d’image. Enfant, je n’avais pas de crainte par rapports aux chiens et j’adorais particulièrement les chats. C'est toujours le cas aujourd'hui ! J’avais par contre une appréhension pour les vaches. Papa me disait de caresser leur museau mais je n’osais pas !

En fait, je me suis beaucoup promené à la Borchenne, Halloux,… De merveilleux endroits où j’étais en contact permanent avec la nature

 

 

- Et vos parents ?

Mon père, originaire de Welkenraedt, était caporal clairon à la caserne de Stembert. Il a réveillé des générations de soldats avec son instrument (rires et de nous chanter le clairon) !

Ma mère originaire de Sibret (Luxembourg) venait d’une famille de campagnards. Cultivateurs, éleveurs….

 

- Albert Jacquard écrit dans son livre : « A toi qui n’est pas encore né »  « Chaque membre de notre espèce est « plus que lui même » par son appartenance au réseau des rencontres.

Ce réseau, depuis mon enfance, je l’ai tissé au présent en échangeant avec mes contemporains, au passé en lisant des livres ou en admirant les œuvres de ceux qui m’ont précédés. »

René, quel est l’homme qui se cache derrière ce visage souriant ?

- D’Albert Jacquard que vous me citez, je partage cet avis sur la construction de la personne. On est la somme de nos rencontres J’aime aussi son message sur la compétition. La compétition, c’est la mort du monde : les marques, la publicité,…. Jacquard a entièrement raison !

C’est bien de se battre mais alors uniquement contre soi-même !

Vous parlez à juste titre de l’enfance. Pour ma part, j’étais tout d’abord un petit garçon assez solitaire, un peu renfermé. Je ne courais guère avec les bandes de gamins du quartier. Par contre, j’aimais bien la compagnie des grandes personnes.

 


 

Dans ma vie d’adulte, j’ai envie de vous citer cette phrase d’Anna Gavalda qui parle de son beau-père avec qui elle a entrepris un voyage. Elle écrit ceci: « C’est horrible ! Le travail a été pour lui un alibi pour ne pas vivre ». Cette phrase est valable pour moi

Jeune père, au lieu de penser à mon gosse, je pensais à comment résoudre tel ou tel problème au niveau de mon travail professionnel. C’est vrai que si tu veux rester « en selle », il faut assumer et ne pas décevoir. Le travail est une fuite et je m’en mords les doigts principalement pour ceux qui m’entourent.

En regardant en arrière, j’ai l’impression d’être passé à côté de quelque chose. Mais ce n’est pas simple car je continue d’apprendre chaque jour et c’est tellement ardu d’apprendre que je mets toute mon énergie à ça.  Je vous dirais que plus on avance en âge, plus on se connaît.

Mais aussi, plus on a des choses à découvrir !

Alors aujourd’hui, je me rattrape !

 

- J’ai relevé ce que vous avez dit de vous, l’artisan (terme que René préfère à celui d’artiste nous dit « Cinquante ans de travail, c’est aussi cinquante années de sueur et de labeur, dans la solitude et la pénombre. » relevé par Jean Brasseur Le Jour du 7/2/08

 


 

 Une seconde définition :  « Je suis un sombre héros et je le resterai. Je ne suis pas très gai, ni vraiment marrant, ni très lagon bleu. Je vis dans le sombre. Je suis un homme de caverne, de bunker… » Définition épinglée par Brigitte Lousberg.

Rien à rajouter ?

- Non ! Petite pause… (rire !)

 

- On sait que votre Grand-mère racontait des contes à la fragilité envoûtante au coin du feu. Des contes pour faire peur. Parlez-nous d’elle ? Quel était son prénom ?

- Ma grand-mère s’appelait  Philomène.

"Elle était originaire de Sibret, dans le Luxembourg belge, à quelques kilomètres de Bastogne. Elle vivait avec nous,  Gilberte, ma maman et Jean, mon père, lesquels s’étaient rencontrés à Herbesthal où mon grand-père maternel était douanier. Je suis né en 1936 et nous avons habité rue de Verviers, à Stembert. Je me souviens, encore gosse et en pleine guerre, de l’arrivée progressive de la pénombre dans la maison. Philomène, ma grand-mère, attendait que l’obscurité se généralise et alors, avec talent, elle me racontait des histoires. C’était des faits-divers, rarement joyeux. J’ai été nourri par ses paroles et je crois franchement qu’ils ont guidé ma propension aux contes au merveilleux, aux fées et autres Sottais". Jean Brasseur Le Jour du 7/2/08

 

"J'ai grandi au milieu des être féeriques qui peuplent les forêts et les champs de nos Ardennes. C'est ma grand-mère maternelle qui donnait vie aux gnomes, sorcières et autres figures légendaires.  J'étais assis sur ses genoux et pour rien au monde, je n'aurais mis les pieds par terre. J'avais peur que des monstres ne surgissent de tous les meubles." ..."Ma grand-mère Philomène croyait au fait que je pouvais me débrouiller dans la vie en dessinant. J'avais 9 ans alors et elle disait à mon père, militaire de carrière qui voulait que je devienne électricien ou mécanicien : "il gagnera peut-être moins sa vie mais il va faire ce qu'il aime et ce qu'il y a de mieux" Le Jour 25/5/07

 

Une anecdote ? Ma grand-mère chassait les sangliers à coups de … casseroles car ils venaient retourner la terre de son jardin.  (Rire !)

- Votre  livre sorti chez Dupuis en 2007 « Le camp-volant » est l’histoire d’un vagabond qui va de ferme en ferme en Ardennes et en Lorraine en quête de travail.

C’est un personnage inquiétant, un peu rebouteux, apprécié pour sa force physique, qui partage les secrets les plus inavouables des familles, les vols, viols, incestes et disparitions non expliquées. Vous racontez, fixez la tradition orale en ajoutant les agités farfadets. Il s’agit aussi d’un conte moral, dur mais sincère, à la manière des faits divers ardennais.

Avec « le camp volant » vous invitez aussi à perpétuer la tradition orale, non ?

- Je constate que malgré la vidéo, la télévision, si je raconte une histoire aux enfants, ils lâchent tout et écoutent. C’est également vrai pour les marionnettes par exemple. C’est extraordinaire comme les gosses sont réceptifs !

Une autre forme de tradition orale qui s’est perdue au niveau de la musique, ce sont les violoneux par exemple. ! Vous savez, ces hommes qui louaient leurs services pour jouer dans les fêtes avant 1914-1918 dans les bals. Ils jouaient des musiques populaires.

J’ai rencontré les deux derniers musiciens de notre région dont un en 1973 qui avait 92 ans. Il avait un rythme formidable et jouait sur deux cordes. Il arrivait à remplir l’espace sonore. Les violoneux ne lisaient pas la musique. C’est ainsi que le traditionnel naît. Ils rejouaient les mélodies qu’ils entendaient. J’aime bien cette oralité.

 « On peut faire peur aux enfants. Cela n’a rien de traumatisant. Avoir des légendes au fond de soi répond au besoin de merveilleux de l’homme » dites-vous. Aujourd’hui les enfants vivent avec d’autres peurs parfois bien plus terrifiantes et effrayantes qu’un conte de grand-mère.

 

- Dans votre relation avec votre petit garçon, formidablement éveillé, comment se transmettent entre vous ce merveilleux et la rencontre avec les peurs qui lui permettent de se construire. 

- De nos jours, on voit de plus en plus de choses qui étaient interdites avant dans le domaine de l’édition : les monstres, les « laids » mots : caca, pipi…

Pour moi, il ne faut pas présenter aux enfants un monde édulcoré.

La preuve, même dans le conte du Petit Chaperon rouge, la dernière phrase est : « Ce méchant loup se jeta sur le Petit Chaperon rouge et la mangea ». Point ! C’est ainsi que se termine le conte.

Mon fils, ses monstres à lui sont aussi bien les « Mangas » que les monstres des récits traditionnels. Ces mangas pour moi, c’est incompréhensible. Que de combats !

Comme parent, on se doit d’ouvrir ses enfants à beaucoup de choses (mon fils a fait de la danse, maintenant il fait de l’aïkido)  mais attention…  On a le réflexe  de vouloir qu’ils fassent de nombreuses choses. On pense qu’il faut toujours les occuper. Par exemple, j’aimerais que mon fils fasse de la musique ! Lui n’en a pas envie pour le moment.

Mais s’ennuyer, c’est constructif !

 


 

- Racontez-nous votre trajectoire scolaire en quelques mots :

- J’ai effectué mes maternelles et mes trois premières années du primaire à l’école Saint Nicolas. L’école de mon enfance a été détruite. Elle a été remplacée par l’école actuelle. Il est encore possible de la voir comme elle était  avant en regardant le film d’ Henri Storck « Le banquet des fraudeurs ».

En maternelle, je me souviens du nom d’une des deux institutrices : Sœur Adélaïde. En 1942, j’ai commencé mes deux premières années à l’école primaire. J’étais en classe chez la maman d’un ami d’enfance, madame Halleux, puis, j’ai été chez madame Gaillard que je trouvais très belle.

A cause de la guerre, j’ai pu rester une troisième année à Saint Nicolas car dès la troisième primaire, l’école était réservée aux filles.

Cette année-là, je devais faire des travaux de tissage. Je me souviens que j’avais salopé  mon travail et comble de malheur, je devais le présenter. Le soir, je me demandais ce qui allait m’arriver. Jamais, je n’ai dû présenter ce travail. J’ai été sauvé par l’Histoire avec un grand H car le lendemain, c’était la libération.

C’est incroyable de voir que comme gosse, de petites choses prennent parfois une importance incroyable.

 

Ensuite, René quitte tôt le matin Stembert, il habitera aussi rue du Tombeux et déménagera seize fois en 72 ans d’horizons variés, monte dans le tram qui descend sur Verviers et commence sa journée par la messe obligatoire à Saint-Lambert, rue du Collège. Jean Brasseur Le Jour du 7/2/08

 

- J’ai ensuite été chez les frères des écoles chrétiennes, à Saint-Michel, poursuit l’illustrateur animalier. Je me souviens d’un épisode scolaire qui m’a marqué. Je dessinais tout le temps. Un jour, j’étais en quatrième primaire, le frère Maxence-Etienne, titulaire de la classe, confisque un cahier dans lequel j’avais commis une mini bande dessinée. Je redoute le pire. Mais, à ma grande surprise, il me rend le livret et m’offre une image représentant Saint-Antoine de Padoue. Mieux, il écrit ceci : Félicitations. Continuez !

C’est mon premier encouragement .

Les Hausman passeront aussi trois années en Westphalie allemande, à Grummersbach (entre Cologne et Siegen), la ville des tilleuls. René étudie à Verviers, à l’Athénée, papa étant dans l’armée d’occupation. Jean Brasseur Le Jour du 7/2/08

- J’ai encore la chance extraordinaire d’être l’élève, rue Thill Lorrain, de Maurice Maréchal, professeur de français et créateur de Prudence Petitpas. J’ai aussi suivi les cours de son paternel qui, en option artistique, m’a initié à l’aquarelle   Best of Verviers et Jean Brasseur Le Jour du 7/2/08

 

 

Maurice Maréchal et René Hausman au BD-Vesdre festival 2007 photo Best of Verviers

 


- Maurice Maréchal, un souvenir qui vous revient ?

- J’avais énormément d’atomes crochus avec lui. Ce prof de français aimait comme moi le Moyen-Age. Il peignait, sculptait. Je l’apprécie énormément.

Notre rencontre lors du BD-Vesdre festival en octobre 2007 m'a fait grand plaisir. je l'ai encore trouvé en grande forme. N'a-t-il pas plus de 85 ans ?  Il a un style est très British !

 

- Petit, vous collectionniez les chromos, images dessinées, portraits d’animaux distribués dans les chocolats que vous dessiniez en les copiant sans cesse.  Est-ce votre plus lointain souvenir en rapport avec votre métier?

- Non ! Je me souviens très bien des livres illustrés que j’aimais beaucoup. Mais surtout, durant la guerre, il y avait un hebdomadaire extraordinaire qui s’appelait Bravo qui  publiait des BD distribuées par « Opera Mundi » ! En 1941, c’est Pearl Harbour, les Américains cessent d’envoyer leur production, et en même temps…j’ai la scarlatine !

Ensuite, je me souviens de mes premières BD : Flash Gordon ou Gordon l’intrépide (en français), Pim Pam Poum, Brick Bradford. Tous ces livres étaient traduits en français. On y trouvait deux pages en sépia et deux en couleur.

Enfin, il y a surtout Edgard P. Jacobs avec qui j’aurai eu des tas d’atomes crochus. Il a terminé Gordon Flash en 5 pages.

Puis « Le rayon U » qui est extraordinaire ! « Le secret de l’espadon » dans lequel ne se trouve aucune femme ? J’ai été pris par cette histoire à raison d’une page par semaine et ce durant 40 semaines. Mon préféré reste « SOS météore ».


En ce qui concerne les chromos que l’on trouvait dans les bâtons de chocolat, la série que je préférais était « Les chasseurs de fauves ». C’est vrai que je les copiais sans cesse, avec le plus grand soin ! J'ai donc commencé à dessiner parce que j'étais un petit garçon assez solitaire!

 

- René Hausman est né à Verviers le 21 février 1936, il dit volontiers « Il n’y a plus de vieux parce qu’ils veulent tous paraître jeunes et modernes, ne surtout pas faire leur âge en racontant de vieilles histoires ». Vous sentez-vous vieux ?

- Non ! J’ai mon âge. Je me sens très bien. J’aime raconter de vieilles histoires qui reviennent toujours d’actualité. Comme dirait Morris le père de Lucky Luke : « Tout a été fait et tout reste à faire ».

 

 

Ici en train de raconter de vieilles histoires avec Serge Ernst

(BD-Vesdre festival 2007) photo Best of Verviers

 

- Vous avez souvent le sourire.  Et beaucoup de sérénité?

- Il faut sourire dans la vie. Mais je reste un grand inquiet.

Je citerai volontiers cette phrase « La sagesse, c’est une prudence de vieillard."

 

- Vos premiers personnages de BD Saki et Zunie avaient des silhouettes malicieuses de lutins préhistoriques dans le journal Spirou dès 1958. Comment arrivez-vous chez Spirou ? Vous avez 21 ans.

- Roger Forthomme était directeur publicité au Courrier du soir. Ce verviétois m’a fait faire mon premier travail. Pour la presse écrite, je dessinais de petites illustration qui accompagnaient un slogan du style : « Achetez vos lunettes chez… »

Il me met ensuite en contact avec Dupuis et le Lombard. Je reçois encore un fameux coup de pouce de Raymond Macherot, un autre Verviétois dont Chlorophylle paraît dans Tintin depuis 1953. »

En 1957, René Hausman a 21 ans quand Spirou lui commande les premières planches de Sakie et Zunie, des petits êtres préhistoriques. Jean Brasseur Le Jour du 7/2/08

 

- Votre rencontre avec Macherot (Polleur) « à l’époque où il dessinait Chlorophylle contre les rats noirs est un moment important pour vous. Quelques mots sur Macherot...

Macherot arrive à produire du grand art (silence…)

« Chlorophylle », de Macherot atteignait une grande épuration et ce n’était pas pour éviter une complexité graphique. Cette synthèse est l’aboutissement d’une grande maîtrise.

Je cite le mot de Paul Deliège (Bobo) « Franquin est un baroque mais Morris et Macherot sont des classiques ». C’est tout dire !


- L’album dont vous êtes aujourd’hui le plus fier ?

"Le Prince des écureuil" chez Dupuis  Col. Aire Libre

- Le plus content ! Je préfère le plus content à « le plus fier ! »

Au niveau du dessin, certainement « Le Prince des écureuils »

 


 

Pour l’histoire racontée, je pointe sans conteste « Le camp volant ».

Dans mon métier, j’ai toujours aimé ce que je faisais. Par exemple « Les Chasseurs de l’aube » est un hommage à un livre que je lisais gamin « La guerre du feu » de l’auteur belge Rosny Ainé. Ce n’est pas un récit historique, du point de vue de l’historien. Il faut y voir un hommage et une histoire.

 

- Ce qui caractérise vos œuvres c’est d’abord ce sentiment d’étrange, ces histoires qui nous plongent dans des mondes féeriques, au cœur du Petit Peuple.

La technique de la couleur directe car vous colorisez directement vos planches à l’aquarelle donne à vos dessins un caractère d’exception. Vous êtes un passionné de l’imaginaire que vous voyez aux travers d’êtres de Féérie. Parlez-nous de ce sentiment d’étrange…

- J’aime dessiner la nature dont les animaux et les humains. J’aime ce qui est entre les deux. Les gnomes, par exemple, ces êtres qui puisent leur force dans la nature. On trouve chez eux une part animale et aussi un part de l’humain.

Un autre exemple, « la bête de Stanneux » (à Polleur), je l’ai faites de nombreuses fois.

 

 

- Vous êtes attentifs aux intersignes comme cette pie qui apparaît lorsque votre épouse est enceinte, puis plus tard sur le rebord de la fenêtre de la maternité puis à votre retour à la maison. Vous croyez au fantastique ?

- C’est comme la Foi. Qui peut dire ?

Je suis attentif à ces coïncidences ou à ces moments fugaces qu’on pense déjà avoir vécu

 

- Notre société a perdu l’acuité de cette relation à l’être et à la nature, ce qu’on appelle aujourd’hui des rebouteux, guérisseurs, sorciers, ou la capacité de s’écouter. Quel est le meilleur remède qui vous tient en si grande forme ? Un médecin secret ?

L’activité maintient ! J’en ai connu qui avait bien mené leur barque au niveau de leur vie professionnelle et qui à 65 ans prenaient leur pension. J’ai constaté plus d’une fois qu’on vit difficilement l’inactivité.

 

 

- Ensuite, vos œuvres sont souvent empruntes d’un sentiment d’étrange qui nous laisse un arrière goût amer, comme un malaise.  L’injustice, la haine, la stupidité, l’infamie, la cruauté, les héros qui meurent, le sang qui coule, une certaine tristesse émane  dans vos récits. Pourquoi ?

- Je ne renie pas. C’est un fait de la réalité.

Encore une citation qui vient bien à propos « Dans un combat celui qui gagne n’est pas le meilleur mais le meilleur combattant. »

 

- Bien souvent vous touchez nos âmes ? Une phrase de vie ?

- Ma devise : « On ne peut pas tout avoir ».

 

- Quel message laisseriez-vous  votre futur-futur petit enfant ?

- La sincérité est la plus grande des vertus. Il faut s’accepter soi-même et ce n’est pas toujours facile.

 

- Enfin la troisième caractéristique, ces petites brunes un peu potelées. On dit que vous vous êtes inspiré pour Laïyna d’un personnage de la Source d’Ingmar Bergman. La servante de l’héroïne, une  jeune femme brune, enceinte et sorcière. Vous avez dans vos récit une attirance particulière pour les sauvageonnes. Les femmes jouent souvent un rôle central également dans vos récits. Expliquez-nous ?

- Elles sont essentielles dans la vie. Bien souvent, elles sont plus fortes que nous.

- Vous avez dit à Brigitte Lousbert du journal Le Soir :

« En ce qui concerne Laiyna, c’est une espèce de vierge farouche et guerrière, tout à fait triste et pathétique , marquée par les drames des premiers moments de son existence.

Vaïva, dans « Les trois cheveux blancs », est soucieuse d’être tout simplement bien. Elle apprécie les bons moments de jouissance, de vie, d’amour. Elle est emballée et fait des choses incroyables pour cet amour qui s’est emparée d’elle.

La naine du « Prince des écureuils » est très bien aussi tandis que Zunie vit de l’air du temps. »

C'est bien ce que l'on peut dire de vos héroïnes ?

- Oui ! C’est juste (petits rires) !

 

- Une sensualité émane de ces femmes loin des canons des filles de magazines et un certain érotisme n’est pas absent de vos œuvres. Un petit mot ?

- J’ai toujours été passionné par la préhistoire. Par exemple « la déesse de Lespugues » qui est l’image de la maternité et aussi de la sensualité qui rime avec féminité.

 

- L’Ogre de Barbarie, ce restaurant verviétois bien connu où l’on mange bien et aussi des moules, on se délecte surtout du décors. Racontez-nous ?

- Les amitiés de René Hausman sont solides. Avec les frères Agelakis, la relation remonte à 1986 quand les Grecs de Belgique, Stavros et Athanase, s’installent Pont St-Laurent, à Verviers, et ouvrent « L’Ogre de Barbarie », restaurant et rendez-vous des artistes.

 


 

Les deux frères font appel à René et à Jean Lequeu, Stavros étant un passionné de légendes et contes mythologiques. Ce sera des dessins pour le premier, retraçant la vie de l’ogre, et des sculptures étonnantes pour l’autre. Jean Brasseur Le Jour du 7/2/08

 

- Votre lieu préféré à Verviers ?

- Sans conteste, la promenade des Récollets.


- L’endroit de nature où vous préférez vous rendre et pourquoi ?

- Le bois de la Borchenne

 

- Manger un petit bout ?

- « L’ogre de barbarie » bien sûr.

Sinon, j’aime « Le coin des Saveurs » à Heusy.

Mr Norga est attachant. Un homme sincère. Il y croit et on y mange bien.

 


 

- Le BD-Vesdre festival dont vous êtes le parrain à vie, un petit mot.

- Je suis un fidèle. Ca manquait à Verviers ! Continuez...

 


 

En BD, Buck Dany m'a fasciné. Franquin est le plus grand. J'adore les "Idées noires" mais c'était aussi un homme toujours en doute.

 

- Le Verviétois Roger Leloup (Yoko Tsuno)?

- Je l'aime bien aussi.

 

- Un film ?

Un des plus beaux films de ma vie c'est "Robin des bois" avec Eron Flynn en 1939. Aujourd'hui, j'accroche assez avec Harry Potter mais pas avec le "Seigneur des anneaux".

 

Les guerres ?

- C'est affreux ! Yves Montand que j'apprécie a écrit ceci. Ecoutez cette chanson qui veut tout dire :

Giroflée-Girofla

"Tant qu'y aura des militaires,

Soit ton fils soit le mien

Il n'pourra y avoir sur Terre

Pas grand-chose de bien"

 

Les éditions Luzabelle ?

Sur la camionnette de service ocre garée dans l’allée de la villa stembertoise, un www.renehausman.be indique que l’illustrateur vit dans son temps. Le site, d’ailleurs, est très bien fait. Il nous invite à commander des grands posters commercialisés par les éditions Luzabelle dont le siège est établi… rue des Eglantines.  L'adresse du site internet est www.renehausman.be

 

« C’est principalement l’idée de mon épouse, Nathalie, précise un René Hausman plutôt fier de cette réalisation en ligne et sur le terrain. Nous proposons une galerie d’images parfois assorties de textes, souvent inédites, extraites de mes grands bestiaires parus chez Dupuis dans les années 80. D’autres projets sont en chantier car  Nathalie Troquette mon épouse envisage d’éditer des planches du [Grand  Fabulaire du Petit Peuple], c’est-à-dire mes illustrations qui étaient publiées par Spirou il y a une vingtaine d’années sur un texte de mon ami Pierre Dubois ».

 

Dubois, c’est un autre Ardennais mais de France, chroniqueur à France 3 Bretagne, elficologue patenté et géniteur, avec René, du personnage de Laïyna, la petite orpheline recueillie par les être de Féerie. Jean Brasseur Le Jour du 7/2/08

- Merci René Hausman pour cet long instant partagé avec vous. Ce fut un réel plaisir d'apprendre à mieux vous connaître !

 

Février 2008

"Illustrateur aux ambiances et couleurs étonnantes, dessinateur de beautés brunes bien en chair et de trognes expressives, chantre de la nature et des animaux, Hausman vit à la campagne et se passionne pour la culture populaire." nous apprend-on en lisant  le site des éditions Dupuis

NB : Merci à Jean Brasseur et au journal Le Jour qui nous ont permis de compléter l'interview de René Hausman et de pousser plus en avant certaines questions  ainsi qu' à Brigitte Lousberg du journal Le Soir que nous reprenons dans ce même but.  Interview réalisée le 8 février 2008 chez René Hausman en compagnie de Jacky Busch responsable du BD-Vesdre festival et du comité d'animation des Minières.

Mise à jour le Vendredi, 29 Avril 2016 06:07