All the little animals
Écrit par Edmée De Xhavée   
Samedi, 07 Mars 2009 00:59

New York -- Qui croirait qu’à 30 minutes de Manhattan – les faubourgs, les prairies marécageuses où court la rivière Passaic, la traversée du fleuve Hudson … - on a encore de la vie sauvage dans les jardins ? Au point de devoir s’en protéger. Dérisoires, les grillages et la potion magique à l’huile de Mongolie, ail, vinaigre, poivre de Cayenne et autres ingrédients explosifs supposés protéger les plantes des biches gourmandes.

Les charmants animaux rasent tout, semant crottes et tiques en échange. Se laissent photographier aussi, un peu craintivement, la jolie queue blanche s’agitant dans un mouvement inquiet. Inquiétude justifiée puisque l’année dernière, plus de 400 d’entre eux ont été abattus dans une réserve voisine, et le même sort les attend cette année. Ils ont leurs défenseurs, mais il est vrai aussi qu’ils sont dans une région assez habitée – par les humains – et si les ennuis de jardin sont supportables, les accidents de voiture sont l’épouvante de tous. Et n’ayant pas de prédateurs ici (les ours sont plus loin, les coyotes ne s’y attaquent pas…), ils ne permettent pas au sous-bois de se reformer.

 

 

Les coyotes aussi, oui il y en a. On les voit peu, parce qu’ils sont surtout nocturnes, et qu’on les prend souvent pour des bergers allemands un peu timides. D’une quinzaine de kilos, ils sont inoffensifs pour les humains, mais s’en prennent aux chats (oui, aux chats ! un scandale, je sais...) et aux chiens de petite taille.

 

Tout comme le couple de buses à queue rousse qui a déjà tenté de m’approcher dans un piqué menaçant. Mais c’est comme la forêt de Blanche-Neige, ici ! Outre tous les oiseaux appétissants et multicolores - geais, piverts, robins – le robin, c’est le merle d’Amérique, au ventre d’un vieux rose orangé -, cardinals rouges, chardonnerets jaunes, étourneaux sansonnets, les mélancoliques tourterelles pleureuses aussi, avec leur plumage beige rosâtre et leur petit bec sombre etc, il y a aussi des putois, des lapins, des marmottes, des dindons sauvages, des opossums, des ratons-laveurs… Des tamias, vous savez, ces jolis petits écureuils avec une queue moins touffue que l’écureuil que nous connaissons, et le dos rayé de blanc et noir! Les écureuils, c’est si commun que je m’en suis lassé ! Rien n’échappe à leur gloutonnerie non plus : ils rongent tout sauf le métal. Trouent les poubelles de plastique, dévorent les maisonnettes pour oiseaux pour accéder aux graines, se régalent des tomates sur les plants … 

 

 

 

Des renards, il y en a, mais ils sont très discrets ! La marmotte, elle, a ses quartiers d’hiver sous le balcon de bois, et en sort en mars. En avril-mai la gourgandine est enceinte, et fait la tondeuse à gazon tout l’été avec ses deux petits, surtout les fleurs de trèfle et le plantain.

 

Mais même Central Park grouille d’une vie sauvage intense. Ses résidents les plus fameux sont Pale Male et Lola, un couple de buses à queue rousse qui est apparu il y a quelques années et a fait son nid sur une haute façade faisant face au parc. Il y a des hiboux de plusieurs espèces. Un tilleul bien précis à un endroit du parc que seuls les amoureux des oiseaux connaissent est surnommé le dortoir des robins car dès le crépuscule, il se couvre d’un nuage rosâtre et frémissant de ces oiseaux, et son feuillage se met à chanter. Rien que d’entendre parler de cet arbre me fait saliver, mais hélàs pas moyen d’y aller tout  seul, et mon célèbre et prolifique ancêtre ne m’a pas laissé ses ballons en héritage…

 

Il y a des ratons-laveurs près de l’étang, parfois par groupes de 30 ! Une dame russe nourrit son groupe depuis plusieurs années avec des restes de pizza et de macaroni au fromage ! Ça protège peut-être les nids de leurs visites, car on ne remarque pas de déclin dans la population des oiseaux ! On a même observé les parents hiboux faire du rase-mottes pour éloigner les ratons-laveurs, leur donnant des coups de becs au passage…

 

Plus discrètes, mais sans doute passionnantes pour leurs observateurs, on a recensé 38 espèces différentes de fourmis dans le parc ! C’est le paradis des lapins, marmottes, écureuils gris et noirs, mais les adorables tamias manquent.. C’est un mystère car ils sont présents dans d’autres parcs de New York City, comme Prospect Park. On avance l’hypothèse que Prospect Park a toujours une partie des arbres qui existaient lorsqu’on a commencé à construire, et dans lesquels des colonies de tamias habitaient déjà, tandis que Central Park se trouvait dans un coin moins boisé au départ.

 

Il y a deux ou trois ans, un pauvre coyote s’y est même égaré, arrivé sans doute à la nage ou par un des ponts ou tunnels. C’était un beau mâle d’un an et 17 kgs qui a vite été nommé Hal, et qu’on a fini par capturer avec l’idée de le relâcher dans un lieu plus agréable et sûr. Hélàs il est mort subitement de parasites au cœur et aussi d’avoir ingurgité de la mort aux rats quelque part avant sa capture.

 

Un ours s’est retrouvé, lui, semant la panique dans les jardins de Newark, une panique qu’il devait lui-même éprouver, pauvre Teddy Bear ! Il n’a pas eu de chance non plus car on l’a abattu. Lorsque je sors, je dois donc être prudent et me méfier des buses, des coyotes, et des vipères.

 

Mais il y a encore … Mesingw Lenni, le masque vivant, appelé aussi Misinghalikun Lenni, le visage dur vivant. Les deux noms que les Lenni Lenape donnaient au fameux Sasquatch, Bigfoot, Windigo, Ot-ne-yar-heh … et tant d’autres noms dont les Indiens ont baptisé ce « grand singe humain » dont on parle de plus en plus, au point qu’un fameux spécialiste des empreintes digitales a déclaré, après avoir analysé des empreintes de cette créature, qu’il pariait toute sa réputation sur le fait qu’il s’agissait d’un être réel. « Si c’était vrai, on l’aurait vu » dites-vous – et j’ai une ouïe de chat qui ne me trompe pas, certains d’entre vous ont même l’accent de Verviers ! – mais justement, on l’a vu. On ne croit pas les témoins, c’est une autre chose !

 

Je frémis parfois de peur à l’idée que Mesingw Lenni vient peut-être renifler ma tendre odeur autour de la maison, un petit chat replet et nourri de mets délicats…

 

Ah ! Je préfère ne pas y penser, tiens ! Restons-en aux lapins et geais, qui sont si savoureux – c’est ce que je persiste à dire quand on me reproche les poils et plumes qui s’envolent au vent capricieux tandis que je me nettoie les moustaches …

 

Et dans ce pays moderne, les traditions ont la vie dure. Chaque année le jour de la chandeleur, dans une petite ville de la Pennsylvanie, c’est à Punxsutawney Phil que l’on demande si l’hiver s’en ira bientôt. Punxsutawney Phil est une marmotte qui sort de son long sommeil hivernal le 2 février et qui, si elle voit son ombre en se levant, annonce ainsi que l’hiver durera encore 6 semaines. Si au contraire les nuages interdisent au soleil de faire un ombre à notre cher Phil, le printemps sera précoce. Si la chandeleur est claire et lumineuse, Viens hiver, pour un autre combat. Si la chandeleur apporte pluie et est brumeuse, Va, hiver, et ne reviens pas ! Cette année hélàs, Phil nous a dit de ne pas ranger les bouillottes ni les sous-vêtements de trappeurs…

 

Bon, je me roule de l’autre côté, me colle contre le radiateur, après tout, comme je l’ai déjà dit, j’aime bien l’hiver, moi !

 

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Mise à jour le Samedi, 07 Mars 2009 08:53