Mon Journal « Carnet d’un pauvre homme »
Écrit par Marcel Deblon   
Mercredi, 10 Février 2010 20:49

Lors d’un rangement dans le  grenier de son habitation,  Arlette DEBLOND, nièce d’un des « poilus » de 1914 - 1918, a retrouvé  le journalier de son oncle, du nom de  Marcel DEBLOND, un jeune volontaire verviétois originaire de Stembert (Place du Perron).
Dans ce manuscrit,  il relatait presque quotidiennement et selon les possibilités de l’instant,  des situations vécues, de situations émouvantes qui n’ont rien à voir avec des récits militaires truffés de détails techniques.

Quittant son village natal à l’âge de 17 ans (il était l’aîné de quatre enfants), il y relate son parcours en Hollande en vue de  rejoindre l’Angleterre, ensuite son retour en France et son séjour dans les tranchées des Polders. C’est le récit poignant d’un jeune homme partagé entre des sentiments patriotes, des sentiments amoureux autant que familiaux,   
Baignés d’affection, de peur, …en un mot des sentiments humains.

Armistice 2003 : il en restait DEUX, 2 « poilus » belges de la Grande Guerre, âgés respectivement de 103 et 104 ans !!
Armistice 2004  et 90ème anniversaire du début de la guerre 1914 – 1918 : tous ont disparu. Le dernier, ancien coureur cycliste, est décédé dans les premiers jours de juillet 2004.

Leur sacrifice tombera-t-il dans l’oubli ?

Les combattants de la guerre 40 - 45, seuls capables de comprendre ces souffrances endurées, sont aujourd’hui de vieux papys.
Un des moyens de garder témoignages et souvenirs de ces deux terribles périodes consiste en la conservation et la mise à disposition de récits véridiques, de journaux de bord de ces courageux compatriotes. (Ainsi, rangé à cette vision de transmettre les événements et  dans le cadre de l’exposition dénommée « Paroles du Jour J »,  le Mémorial de Caen (Normandie - France donne l’occasion à ses visiteurs de suivre les événements de 1944 par le biais  de lettres de soldats),

N.B. : Afin de conserver l’originalité de ce manuscrit, le document a été recopié tel que rédigé, c’est-à-dire avec les fautes d’orthographe et de syntaxe, les belgicismes, les termes triviaux, … comme il l’expliquera d’ailleurs lui-même.


Note de l'auteur : Avant de commencer le récit de mon voyage, je dois faire remarquer aux lecteurs de ce journal que tout est fait au temps présent pour la bonne raison que les verbes aux temps passés sont trop longs à écrire et que leurs terminaisons en
« - âmes, - âtes, - èrent » sonnent trop mal à l’oreille, du moins, c’est ainsi pour moi.
J’ai aussi à vous demander d’être indulgents pour moi et de me pardonner la brièveté de ce récit : je ne suis pas écrivain ni romancier et j’ai mis ci-dessus toutes mes connaissances acquises dans nos humbles écoles de Stembert.
                                                                                                                 Marcel   DEBLOND

 


Extraits du texte :
"Quelques-unes de mes pensées et remarques :
A l’armée, il faut faire chacun pour soi. Le mot d’ordre est : « On ne s’en fait pas ».
A l’armée, il faut exécuter tous les ordres, si bizarres soient-ils, sans en discuter le pourquoi.
Faire et défaire, c’est toujours travailler, c’est certain.  Ici, on fait une tranchée aujourd’hui ; on la referme le lendemain.

Lors de la déclaration de guerre par l’Empereur d’Allemagne à la France, les armées teutonnes sans plus de façons pénétrèrent en Belgique le 4 août 1914.
Mon village voisinant avec la frontière fut un des premiers envahis. Nous n’eûmes cependant pas trop à nous plaindre. Dans le village, il n’y eut rien du tout, mais des alentours tels que Herve, Battice, Visé, etc … il ne reste plus que des ruines.


Lors de la superbe résistance de Liège, les « Boches », furieux de se voir barrer la route par les Belges qu’ils jugeaient si petits, se replièrent sur les villes et villages environnants et se vengèrent sur la population civile de l’échec que notre armée leur avait infligé. Vieillards, femmes et enfants, tout y est passé ! Il n’y a pas eu de tués ni de blessés chez nous, mais nous avons dû nous plier à toutes leurs exigences, exécuter leurs ordres bêtes et suivre à la lettre leurs règlements ordonnant ceci, défendant cela. Toutes sortes de choses comme cela ne sauraient que nous faire haïr cette race ; aussi moi et mes camarades ne demandions - nous qu’une chose : rejoindre l’armée Belge qui, il est vrai, était en retraite, mais une retraite héroïque, en bon ordre tout en portant de furieux coups à l’ennemi, ce qui les a retardés et a permis à nos alliés Français et Anglais de se préparer.

Toujours la crainte que mes parents me refusent, je n’osais pas demander pour partir. Mais un jour, plusieurs camarades décidèrent de s’en aller et moi, je fus l’un des  leurs.
Ma mère ne voulut d’abord rien entendre, mais je lui ai tant demandé, je lui ai présenté la chose du bon côté ; que dans 3 mois, je serais de retour et que j’aurais fait mon devoir, qu’elle a fini par céder, mon père aussi et après quelques visites chez les parents pour les adieux d’usage, je suis parti … ou plutôt comme si c’était maintenant, je pars…"

 


Nous vous invitons vivement de vous procurer ce document de vie et historique assez exceptionnel. Merci à Madame Deblon et Monsieur Detry pour leur initiative participant ainsi au devoir de sauvegarde de la mémoire tellement nécessaire. Pour l’obtention de ce livret qui est vendu au prix de 10 Euros,  contacter DEBLOND Arlette   ( 080 / 33 82 42 )
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Mise à jour le Mercredi, 10 Février 2010 21:14