Serge Gangolf et Charles van Lith à Spa. Jusqu'au 6/07
Écrit par Albert Moxhet   
Vendredi, 27 Juin 2014 17:18

 

Samedi Coup de cœur d’Albert Moxhet

C’est un peu la réunion des contraires que cette exposition d’œuvres de Serge Gangolf et de Charles van Lith au Pouhon Prince de Condé, à Spa. Autant les sculptures du premier cultivent la sobriété, autant les" lithogrammes" du second éclatent dans tous les sens.

Au départ, on connaissait Charles van Lith comme photographe. On lui doit notamment de remarquables photos en noir et blanc sur les épouvantables conditions de vie des Rroms de Macédoine. Mais ici, c’est dans un tout autre domaine qu’il exerce ses talents, puisque nous sommes dans l’informel par le truchement de l’infographie. Ce sont toujours ses propres photos qui sont à l’origine de ses compositions et la couleur y joue un rôle essentiel autant que diversifié.

Si bien que l’on s’imagine aisément le plaisir que procurent à l’artiste devant l’écran de son ordinateur les possibilités infinies du numérique. Ça doit vous donner l’impression d’être un démiurge assemblant à sa guise une matière multiple et pourtant impalpable. On peut créer des explosions multicolores aussi bien que des motifs où c’est la répétition qui crée l’exploit. Le seul problème qui subsiste est d’introduire la touche réellement humaine dans la perfection technique, C’est toute la différence qui existe entre un beau carrelage et le pavement en schiste sur chant de notre vieille Ardenne.

Avec Serge Gangolf, quel que soit le matériau qu’il travaille, même la neige, on évolue dans un espace où la géométrie s’arrache des manuels pour surprendre la notion de volume, mais aussi le regard qu’on y porte. C’est alors qu’il ne faut pas confondre volume et dimension. On peut dire, en effet, que toute sculpture de Serge Gangolf est monumentale, même si elle ne mesure que vingt ou trente centimètres. C’est une question de proportion reposant sur la cohérence même de l’œuvre. On imagine parfaitement des pièces figurant dans cette exposition prendre place, en d’autres dimensions, dans des lieux publics, comme cela s’est fait en de nombreux endroits.

La pureté des volumes créés par Serge Gangolf n’a rien de conventionnel, car le sculpteur y introduit généralement un élément qui surprend. Le terme de rupture s’impose ici parce que le visiteur suit du regard une ligne ou un volume qui paraît classique et c’est alors qu’intervient la surprise : la continuité est rompue par une modification du volume, de la forme, voire de la couleur. Cela peut susciter une interrogation et donc une réflexion. L’inattendu casse la routine et rappelle qu’on est dans la vie.

[Galerie du Pouhon Prince de Condé, rue J. Gérardy, Spa, jusqu’au 6 juillet, ma : 9-15h, me, je : 12-18h, ve : 12-21h, sa-di : 10-18h. Renseignements : 0479/96 45 70, 0478/61 43 37]  

 

 

Mise à jour le Vendredi, 27 Juin 2014 18:04