La restauration du Pouhon Pierre-le-Grand à Spa
Écrit par Albert Moxhet   
Mardi, 26 Juin 2012 23:27

Samedi Coup de cœur d’Albert Moxhet

Cela fait un bon bout de temps qu’il était inaccessible. Mais on y travaillait, derrière des toiles et des échafaudages; des barrières avaient même coupé la rue Général Bertrand pour ménager de la place au chantier. On pouvait s’apercevoir qu’une rotonde vitrée reprenait la place qu’elle occupait jadis. Et puis, tout d’un coup, voilà que le Pouhon Pierre-le-Grand réapparaît, dégagé du cocon où s’élaborait sa mue.


 

 

Construit en 1880 par l’architecte Victor Besme, ce bâtiment – le cinquième à cet endroit depuis le XVIe siècle – a eu, depuis quelques décennies, une histoire assez bouleversée. En 1948, on supprima la grande verrière regardant vers la rue Général Bertrand et la rue du Marché et abritant la fontaine bien connue de tous les amateurs d’eau ferrugineuse. Le grand tableau d’Antoine Fontaine, Le Livre d’or, qui, sous la grande rosace, occupait le fond du Jardin d’hiver, fut déplacé vers un côté de cette grande salle, qui fut tour à tour musée, terrain de basket et salle d’expositions dont il arrivait que le toit perce…

 

 

Avec les travaux qui viennent de s’achever, le Pouhon Pierre-le-Grand, classé, a repris le rôle emblématique qui lui revient au centre de Spa. L’Office du Tourisme occupe la verrière reconstruite en matériaux modernes dans l’esprit originel et donne un accès direct au Livre d’or qui, protégé par un vitrage, est désormais commenté par un écran tactile qui permet aussi, grâce à des dessins de Marc-Renier, de voir des visiteurs célèbres venus à Spa plus récemment. Avant de lever le regard vers les hauteurs du bâtiment, on sera sensible à la remarquable reconstitution à l’identique du sol en  mosaïque de marbre et terrazzo.

 

 

Le Jardin d’hiver a retrouvé l’ambiance lumineuse qui en fait le charme. Des recherches ont permis de lui rendre ses tonalités d’origine sous un plafond à lanterneau qui met bien en valeur le jeu des charpentes métalliques caractéristiques de la fin du XIXe siècle. Si, lors du vernissage, ce large espace présentait les œuvres d’une trentaine d’artistes spadois, il accueillera dès ce 30 juin une grande exposition Femmes de la Belle Époque à travers les peintures de Toulouse-Lautrec, Rodin, Degas et Renoir. Nous en reparlerons.

 

Mais ce qui est la raison d’être principale du Pouhon, c’est évidemment la source abritée dans le pavillon, dont la toiture a  été entièrement rénovée à l’identique. On se souvient qu’autrefois l’accès à cette source se faisait par une crypte d’où un petit ascenseur amenait les verres aux visiteurs. Aujourd’hui, à l’intention des personnes à mobilité réduite, le sol est plan et un puits sous dalle de verre montre la source mise en valeur par un éclairage immergé. La table octogonale et le buste de Pierre-le-Grand rendent hommage au tsar dont le séjour, en 1717 conforta la renommée de Spa, tandis que, non loin de la statue de l’Ondine, des écrans didactiques offrent de multiples informations aux visiteurs. Ceux-ci ne manqueront pas de tourner autour de la nouvelle fontaine placée au centre du Pavillon, Réalisée en acier Corten – ce qui convient idéalement à une eau ferrugineuse – elle fait appel aux cinq sens et recèle un ingénieux dispositif de projection sur le plafond en coupole.

Cette restauration du Pouhon, conçue par l’architecte Léo Haesbroeck, est une belle réussite qui combine avec succès les caractères d’un bâtiment d’époque et l’intégration de techniques et de moyens contemporains. Enfin, signalons que la plaque commémorative de la Libération par les Américains, qui était fixée à la façade côté rue du Marché, sera prochainement installée sur l’escalier de la cour d’honneur du Casino, tandis que l’ancienne fontaine extérieure serait réaménagée au pied du funiculaire.          

Mise à jour le Mardi, 26 Juin 2012 23:52