Andy Warhol. Stavelot 28/01-25/09
Écrit par Albert Moxhet   
Lundi, 31 Janvier 2011 23:35

Samedi Coup de cœur d’Albert Moxhet 

 

Les expositions de l’Abbaye de Stavelot se succèdent avec une belle diversité.

Après l’évocation de la différence « garçon-fille » dans l’éducation et dans la société, avant de retrouver Victor Hugo et Guillaume Apollinaire au travers de leurs carnets de voyages, c’est autour du « pape du pop art », Andy Warhol, que s’organise cette fois le parcours des expositions temporaires de l’illustre abbaye.

 

D’origine slovaque, mais né à Pittsburgh, où il a fait des études au Carnegie Institute of Technology, Andy Warhol (1928-1987) a entamé sa carrière comme publicitaire à New York en 1949 avant d’être reconnu, une douzaine d’années plus tard, par le monde des arts. Sa démarche est claire : comme les peintres classiques donnaient, dans leurs natures mortes et portraits, le reflet de leur époque, il va, lui, immortaliser l’image de la société industrielle dans laquelle il vit.

 

 

La connexion avec la publicité est évidente : les objets qu’elle montre sont ceux du quotidien et leur image est multipliée à l’infini. La série des boîtes de soupe Campbell’s en constitue l’exemple sans doute le plus connu.

 

 

Pour les portraits, comme celui de Marylin Monroe réalisé d’après une photo après la mort de l’actrice, la sérigraphie lui permet de varier les couleurs tout en supprimant les détails inopportuns (rides, etc.), ce qui séduira pas mal de célébrités et autres personnes fortunées (1m2 : 25 000$ le premier, 15 000 les suivants). Les seules pièces uniques dans ses portraits étaient les Polaroïd qu’il y incrustait parfois. Warhol était un artiste polyvalent. Les dessins de ses débuts, les illustrations d’ouvrages comme Manon Lescaut laissent peu présager ce qui viendra plus tard. Il fera du cinéma, sera producteur du groupe rock Velvet Underground, qui enregistrera dans son atelier, la célèbre Factory new-yorkaise.

Warhol a utilisé de nombreuses techniques et l’on a du mal à imaginer ce qu’il aurait fait s’il avait disposé du numérique. Symbolisée – ou exorcisée ? – par la série Chaise électrique, la mort était une terrible hantise pour Andy Warhol qui, dans les années 1980, vit disparaître de nombreuses personnes de son entourage, victimes du Sida. Alors que la tête de vache du Cow Wallpaper est devenue le rappel visuel de l’exposition et justifie, par un plaisant jeu de mots le titre de celle-ci : Andy Warhol and Co…w, l’itinéraire conçu par la scénographe Murielle Denis réunit, en des lieux aux couleurs flashantes, les œuvres présentées dans une chronologie éclatée où les thèmes, les témoignages, les objets, photos et documents s’échelonnent avec beaucoup de cohérence.

D’ autre part, six créations d’étudiant(e)s en stylisme de la Haute École Helmo, réalisées dans l’esprit de l’époque Warhol, jalonnent le passage vers la chapelle, où sont exposées des œuvres de contemporains d’Andy Warhol : Roy Lichtenstein, Robert Rauschenberg, Claes Oldenburg, Jasper Johns, Sam Francis, James Rosenquist, Robert Indiana, Keith Haring et Walasse Ting. 

Avec les nuances qu’apportent les tendances ainsi représentées, l’exposition de Stavelot, rendue possible par la collaboration de nombreuses collections publiques et privées, fait très fermement ressentir la mutation dont Warhol a été l’un des moteurs, parce qu’aussi la société changeait.

Sans doute Marcel Duchamp, avec son célèbre Urinoir, avait-il été un précurseur de cette valorisation de l’objet de série : remise en question, l’œuvre d’art, multipliée par la répétition, devient un produit de grande consommation ; désacralisée, elle reflète ce que Warhol exprimait en une phrase : « Acheter est bien plus américain que penser, et je suis plus américain que quiconque. » 

 Infos : Abbaye de Stavelot, jusqu’au 25 septembre, tous les jours : 10-18h, sauf le dimanche 3 et le lundi 4 avril (Laetare).

 

 

 

Textes quadrilingues : fr., nl., all., angl. Tarif : 5 €,. Tél. : 080/88 08 78, site : www.abbayedestavelot.be  

Un programme d’animations scolaires, avec dossier pédagogique, a été élaboré par Marie Zinnen, responsable du Service éducatif de l’Abbaye.

Il s’articule en deux niveaux pour le fondamental (3e maternelle-2e primaire et 3e-6e primaire), un ensemble pour le secondaire (1re -6e) et un livret de jeux pour une visite avec ses enfants.

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Mise à jour le Samedi, 05 Février 2011 09:25