Charlemagne et les Carnets du Patrimoine
Écrit par Albert Moxhet   
Vendredi, 05 Septembre 2014 11:08

Samedi Coup de cœur d’Albert Moxhet

L’Institut du Patrimoine Wallon exerce, on le sait, une intense activité pour la sauvegarde et la mise en valeur des lieux et bâtiments de notre patrimoine historique et architectural, reconnaissables par leur discret écusson bleu et blanc. L’action de l’IPW sur le terrain se double d’un vaste catalogue d’ouvrages de grande qualité et très accessibles. Nous vous en présentons ici trois parus tout récemment.

 
Il faut savoir que l’IPW fête cette année le dixième anniversaire de son activité éditoriale, laquelle s’est développée avec un tel succès qu’il diffuse également les publications de la Direction du Patrimoine culturel de la Fédération Wallonie-Bruxelles. À côté de prestigieux ouvrages dont il a été ici question à diverses reprises, plusieurs collections de brochures s’offrent à des prix dérisoires, c’est le cas pour les trois études dont il va être question ci-dessous.

Numéro 6 de la collection Archéobook, Les représentations iconographiques de Charlemagne dans les manuels scolaires belges francophones, de Michaël Antoine, ramènera les plus anciens d’entre nous aux livres d’Histoire de Belgique qu’ils compulsaient dans l’enseignement primaire jusque dans les années 1950. Dans le souci légitime de donner des lettres de noblesse au jeune État né en 1830, on n’hésita pas à inclure Ambiorix, Boduognat, Charlemagne ou Godefroid de Bouillon dans les "gloires belges" pour assurer des bases solides au sentiment national. Après tout, le procédé n’était pas neuf, les Capet et les Lusignan s’étaient bien donné Énée et Mélusine comme ancêtres. L’image de Charlemagne commença à apparaître en 1868 dans les manuels scolaires, avec pas mal d’anachronismes que Michaël Antoine relève au travers des thèmes récurrents relatifs à ce grand personnage : "inventeur" de l’école, législateur, vainqueur des Saxons, couronné empereur, à la barbe fleurie. En analysant les sources, l’auteur montre l’évolution qui a modifié l’enseignement de l’histoire dans les dernières décennies, passant d’une mémorisation, en l’occurrence dithyrambique, à une critique historique donnant des moyens de mieux comprendre le monde. (IPW, Namur, 2014. ISBN  978-2-87522-144-5) (5,00€) Les lecteurs de la région verviétoise remarqueront que le portrait gravé figurant en couverture provient des collections de Val-Dieu.

La collection des Carnets du Patrimoine propose des monographies très ciblées, d’une grande rigueur scientifique, mais d’une lecture fort aisée. Le numéro 120 de ces Carnets est consacré à La grotte Waloun, un site exceptionnel du Paléolithique. Découverte en 1965 sur le territoire de Trooz, cette grotte a fait l’objet de diverses fouilles et études présentées ici par une équipe dirigée par Christelle Draily, qui précise : « L’importance de la grotte Walou pour l’étude de la Préhistoire belge est multiple. De nombreuses occupations préhistoriques se sont succédé sur le site depuis le Paléolithique moyen jusqu’au Néolithique, soit durant plus de 150 000 ans. (…) Avec la grotte Scladina, à Andenne, elle constitue l’enregistrement sédimentaire le plus complet en ce qui concerne le Quaternaire du karst belge. La découverte d’une dent d’homme de Neandertal permet, en outre, à la grotte Walou de rejoindre les sept autres cavités du bassin mosan à avoir livré des vestiges de cette humanité à la fois différente et proche de la nôtre. » Dix auteurs largement illustrés se relaient pour aborder les différents axes des recherches et les techniques qui permettent de retrouver l’histoire et le vie de cette grotte et de ceux qui l’ont habitée. (IPW, Namur, 2014. ISBN 978-2-87522-129-2) (5,00€)

Remis à l’honneur lors du début des commémorations marquant le centenaire du déclenchement de la Première Guerre mondiale, le Mémorial interallié de Conite à Liège fait l’objet, sous les plumes de Jacques Barlet, Olivier Hamal et Sébastien Mainil, du Carnet du Patrimoine n° 122.On y découvre l’histoire de ce monument qu’il fut un moment question d’implanter à Sarajevo et qui, non sans de longues tractations, fut le fruit d’une collaboration, unique pour l’époque, unissant pour son financement et ses hauts patronages toutes les nations alliées de la Grande Guerre. Œuvre de l’architecte Jos Smolderen, le monument fut inauguré en 1937. Touché par les bombardements de 1944, il sera plusieurs fois oublié, restauré, complété aussi par les monuments respectifs des diverses nations alliées, sans pour autant que les projets initiaux soient jamais entièrement réalisés. Aujourd’hui classé et valorisé sur les plans historique, pédagogique et touristique, le Mémorial a retrouvé son éclat, ainsi qu’en témoigne ce Carnet du Patrimoine, qui aborde aussi la construction de la basilique du Sacré-Cœur, qui fait partie de l’ensemble, et évoque également les autres réalisations Art déco et les monuments de la Mémoire édifiés à Liège. (IPW, Namur, 2014. ISBN 978-2-87522-132-2) (6,00€)

[Les ouvrages publiés par l’Institut du Patrimoine Wallon peuvent être obtenus en librairie. Contact : IPW, Service Publications, rue du Lombard, 79, 5000 Namur, tél. : 081/230 703 ou 081/654 154, fax : 081/231 890, Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir. ]             
Mise à jour le Vendredi, 05 Septembre 2014 11:42