Une muse d'Apollinaire à Stavelot
Écrit par Albert Moxhet   
Vendredi, 14 Février 2014 00:24

Samedi Coup de cœur d’Albert Moxhet

Au début de juillet dernier, Fanchon Daemers avait présenté dans les caves de l’Abbaye de Stavelot une exposition intitulée Les trois sœurs Dubois en cartes postales, exposition qui se poursuivit ensuite très logiquement au Musée Guillaume Apollinaire, puisque l’aînée des sœurs Dubois, Maria, n’est autre que la première muse du jeune poète qui ne portait pas encore ce nom lors de son séjour à Stavelot en 1899. La recherche de Fanchon Daemers vient de paraître sous la forme d’un beau petit volume abondamment illustré.

 
En rendant compte de cette exposition dans le Samedi Coup de cœur du 13 juillet 2013, j’indiquais que, en 1902, soit trois ans après le passage de Wilhelm de Kostrowitzky, les trois sœurs Dubois, Maria, Irma et Jeanne, ont posé dans des habits traditionnels d’Ardennaises pour des séries de cartes postales principalement destinées aux touristes qui s’aventuraient en Haute Ardenne et que, grâce au travail mené notamment avec la collaboration de Mme Yvonne Joseph-Gruselin, descendante de la famille Dubois, Fanchon Daemers a pu rassembler toutes les cartes postales où figurent Maria et ses sœurs et ainsi identifier avec certitude le visage de celle qui fut la première muse du futur auteur d’Alcools.

Dans le fascicule qui vient d’être édité par l’Association internationale des Amis de Guillaume Apollinaire sont reproduites les dix-sept cartes postales pour lesquelles Maria et ses sœurs ont posé. Les nombreuses variantes d’édition sont également répertoriées avec précision, mais l’ouvrage va plus loin, le souci de Fanchon Daemers étant de restituer le contexte familial et social qu’ont pu connaître Maria (1881-1919), Irma (1882-1942) et Jeanne (1886-1915) Dubois, contexte sur lequel est venu se greffer le passage d’Apollinaire dans notre région.

Les investigations et les contacts de Fanchon, les collaborations qu’elle a obtenues l’amènent à reconstituer avec un maximum d’exactitude le climat d’une époque dans laquelle beaucoup de choses allaient changer. Et, au travers des poèmes cités – même en wallon – , c’est avec émotion qu’on se rend compte de l’imprégnation que la Haute Ardenne a exercée sur la sensibilité du jeune poète, qui, en l’espace de trois mois, avait pu s’y intégrer avec bonheur.

Les documents et autres éléments de l’histoire de la famille Dubois que Fanchon Daemers a pu rassembler lui permettent d’évoquer la vie quotidienne stavelotaine jusque dans l’identification des lieux où furent prises les photographies de Maria et de ses sœurs. Cela, très simplement, fait revivre le cadre resté un peu mystérieux sur lequel s’interrogera le poète :

                                                    Mareye était très douce étourdie et charmante

                                                    Moi  je l’aimais d’Amour m’aimait-elle, qui sait ?

 

 


 

[Référence : Fanchon DAEMERS, Une muse d’Apollinaire à Stavelot. Maria Dubois et ses sœurs en cartes postales, Stavelot, Association internationale des Amis de Guillaume Apollinaire, 2014, ISBN 978-2-9601458-0-9. Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir. ]    

Mise à jour le Vendredi, 14 Février 2014 00:54