Match de folie pour Eupen mené 0-2 et qui remporte son duel 4-2 face à Charleroi
Écrit par Best of Verviers   
Samedi, 16 Avril 2011 23:56

« A 0-2, à la mi-temps, nous étions dans les cordes », nous explique un Olivier Vinamont qui n'en revient toujours pas. « A la pause, le coach a trouvé les mots justes. Danny connaît l'équipe sur le bout des doigts. Nous avons un groupe soudé, le banc a apporté ce qu'il fallait »

Propos similaires chez Jérôme Colinet : « Ost  ? Ca a reboosté certains. Il connaît le groupe depuis deux ans. Il a beaucoup parlé aux joueurs qui jouaient moins. »

Et Marc Hendrickx qui en a pourtant vécu des choses sur un terrain de foot, nous disait à la fin de la rencontre : « C'est incroyable ! Chapeau pour l'équipe ! »

Pourtant tout ne fut pas simple.

Un semaine folle : analyse !

Eupen a vécu cette semaine sur un chaudron, amenant chaque jour son lot d'actualités, d'incertitudes et de surprises. Comment préparer cette troisième rencontre des Po 3 contre Charleroi, décisive psychologiquement  pour le vainqueur, malheur au vaincu ? Dans la sérénité ? La concentration ?  non ? Que nenni !

Sur le plan sportif, Ervin Zukanovic qui n'avait pas encore raté une seule minute de jeu cette saison, qui se montrait intraitable rassurant toujours ses coéquipiers par un jeu efficace comme pierre angulaire de la défense, mais aussi comme joueur aux buts souvent décisifs notamment lors de la première manche de PO3 contre ce même Charleroi pour revenir à 2-2 ne jouerait pas ce soir. Lorsqu'il s'est blessé à l'entraînement, le coach a ri (jaune) et a dit à ses gars « On ne sera pas aidé, mais on passera au-dessus de ça ». Saglik, blessé lui aussi, comme Marc Hendrickx ! Si l'effectif a  semblé bien chahuté dans sa composition, que dire  du club et du  staff ?

Le licenciement surprise d'Albert Cartier en début de semaine et le retour  à la barre de Danny Ost. « Mardi soir, Manfred Theissen m'a appelé et m'a demandé si j'étais prêt ? Je lui ai répondu : Prêt pourquoi ? ».
« Pour reprendre l'équipe », m'a-t-il dit. J'ai réfléchi, pris quelques contacts, puis j'ai accepté. Je remercie d'ailleurs les dirigeants de Tubize, mais aussi les joueurs d'Eupen pour la chaleur de leur accueil »
J'ai basé tout mon travail de cette fin de semaine sur la confiance, la bonne humeur, l'ambiance.

 

L'effet psychologique jouera-t-il ?


Le onze est annoncé avec Lepiller dès l'entame du match. Bon pour sa confiance !
Vinamont, le plus « ancien » eupenois pour cadenasser l'axe défensif avec Jadid. « J'avais déjà joué à cette place là avec Danny Ost l'an dernier contre Liège » dira-t-il.
Jérôme Collinet dans un rôle de travailleur infatiguable, Chavarria et Vandenbergh à la pointe de l'attaque.
Dans les buts, Olivier Werner  fêtait aujourd'hui son anniversaire. Que de messages sur sa page Facebook. On y trouvait même une madame Mambour. Un présage ? Comment allait être le gâteau ? Doux, sucré, amer ?

Charleroi déplaçait quant à lui plus de 400 fervents supporters.
Cartier qui savait Marc Hendrickx blessé lors du dernier match à Charleroi avait dit combien il n'aimait pas voir sa défense modifiée.
Tous ces éléments représentaient un fameux défi pour Danny Ost et comme on pouvait le lire dans la presse cette semaine tant du côté d'Eupen que de Charleroi : « Tout allait se jouer au mental ».

Place au match

Première mi-temps
Le premier a rentrer dedans n'était autre que le koop de Charleroi qui au son des tambours parvenait à égaler la sono du stade au niveau du volume sonore. Le koop d'Eupen n'était pas en reste en allumant un feu de bengale. Ambiance !


Les équipes sont bien en place et c'est Iandoli qui lance les premières escarmouches en concluant une de ses actions d'un tir puissant juste au-dessus de l'objectif.
Les entraîneurs se lèvent, donnent des consignes. Eupen commence à poser sa griffe,  dans les premiers moments du match.

 

Devant nous, Abbas Bayat, le Président Carolo entouré de son clan, déclarait il y a peu « je suis toujours nerveux durant les matches ».

C'est bien vrai ! Nous avons observé ce passionné, excessif, tout en tensions, gesticulant, éructant. Soudain, il exulte, Cahalon vient d'ouvrir le score.   
Son Charleroi mène  ! Il sent que le match démarre bien.

  
 

Dès que Charleroi repart, il ne tient plus en place, se lève, exige que l'arbitre sorte un carte à l'encontre d'un eupenois.

Lorsqu'il est assis, il dodeline des épaules de droite à gauche, frappe des mains, sourit d'un essai des siens,...


Le koop de Charleroi porte lui aussi réellement son équipe, quelle ferveur ! Eupen est comme étourdi par ce premier but.

Vinamont et Werner tentent de ramener de la sérénité dans l'équipe mais la possession de balle est clairement en faveur des Zèbres. Duels d'hommes, à l'énergie, on se bat sur chaque ballon.
Lepiller tente sa chance, mais sans danger, on a dépassé le quart d'heure.
Si à Charleroi, Cordaro amène le danger par sa vivacité et sa vitesse, on sent que Chavarria n'est pas bien sur ses appuis. Il glisse par deux fois.
Peruzovic, homme d'expérience, mène ses hommes, les conseille, réorganise ses joueurs, repositionne directement.
Il a l'oeil sur tout mais à l'évidence, il tire son équipe vers le haut. Et ça paye !


Cahalon encore lui double le score en effaçant un défenseur avant d'envoyer un shoot imparable dans les filets d'un Werner impuissant.
0-2 Eupen est groggy. On joue depuis 24 minutes à peine. Bayat explose, fou de joie, ivre de bonheur. L'équipe  de l'Alliance accuse le coup, les supporters aussi ! On les comprend !
« Et un, et deux, et trois zéro,... On est chez nous, on est chez nous,... On entend plus chanter les eupenois,... » entonne le koop carolo !

 


Le porteur de la balle a souvent deux voir trois hommes dans les pieds, surtout Lepiller. Eupen n'arrive plus assez à imposer son jeu même si  Chavarria rallume quelque peu la mèche avec une magnifique tête qui oblige Riou à une détente remarquable afin de préserver ses filets.

Seconde mi-temps
Obrahovic et Andrade Jefferson se signent tous les deux. Ils vont remplacer Espinal et Vandenbergh.

 

49 minutes, alors qu'Eupen se montre plus présent, plus volontaire et porté vers l'avant grâce à ses nouvelles forces vives. L'arbitre siffle :  penalty.  Lepiller est au ballon.
« Matthias est venu me trouver pour le tirer, c'était lui ou moi »  expliquait Milicevic, le capitaine.  « J'ai dit oui ».

Riou se détend du bout des poings et sauve son but. Eupen ne semble pas accuser totalement le coup !
Les eupenois ont encore un petite flamme qui brille, faible lueur, mais ils continuent à se battre.

 


Charleroi repart lui aussi vers l'avant, bien organisé, ne laissant pas filer le match en reculant : corners, coups francs, shoots,… Ils s'organisent, laissent venir. N'est-ce pas à Eupen de faire le jeu ?

Mais à la 58 minutes, Chavarria redonne l'espoir aux siens. Un but un peu chanceux, un trou de souris, mais qu'importe la manière « « A la mi-temps, le coach a resserré les lignes et grâce à Dieu, la balle passe, avec un peu de chance, celle que je n'avais pas eue en première mi-temps sur ma tête ».
Charleroi ne doute pas, pas encore ! On sent que le match peut basculer sur un détail. 64 minutes un coup franc de Jadid : 2-2, la folie. Un stade qui renvoie à Bayat toute l'énergie contenue, le chaudron eupenois explose.. Chacun se regarde, n'en revient pas !

Le staff eupenois est debout, les joueurs osent des gestes techniques « Allez Eupen,... ». L'âme du match change de camp. Werner dans la mêlée sort des poings et soulage sa défense. On sent ce vent de folie qui fait ma magie du football planer sur le Kerhweg.

 


Il n'est plus question de football académique,  les joueurs sont animés par une énergie  terriblement forte, pour la survie... On découvre une volonté au sein de l'effectif germanophone. Qui va peut-être rester en D1 ? Qui va basculer directement ?
Eupen déferle maintenant par vagues. Charleroi tente de riposter, on sent Bayat inquiet. Peruzovic, bras croisés, l'est aussi.  Ost donne de la voix, oriente à la manière italienne avec une gestuelle ne permettant pas le doute.


Jefferson, Obradovic pèsent sur chaque action. A la 80 minute, Chavarria encore lui plante son second but, portant son équipe au commandement. Encore un peu de chance aussi, dira-t-il ! 3-2

Incroyable ce qui se passe ce soir, pour la seconde fois car lors du premier match à Eupen contre Charleroi, ils avaient fait de même. Et ce n'est pas fini !


Charleroi perd ses nerfs. Ils sont soumis à rude épreuve depuis des mois et celle-ci est sans doute une de trop. Ederson reçoit une carte rouge, suivi très peu de temps après par une seconde pour Riou, sorti à sans aucun ménagement à  l'abordage sur un avant eupenois.  Pénalty ! Fou de rage, on sent sa colère énorme, contre l'arbitre, contre la malchance,  contre le monde !

 


 

 



Conclusions

 

Si Charleroi perd le match et se retrouve à six points, un seul suffisant à Eupen pour participer au tour final des D2, il perd  sa sérénité, beaucoup d'espoir mais surtout deux pièces importantes dans son échiquier pour la prochaine rencontre.


Danny Ost quant à lui a réussi son pari fou : ses changements ont été judicieux, sa gestion humaine au dire de ses joueurs tout à fait adaptée à la situation cahotique de ces derniers jours.
Le groupe est fort, heureux et soudé, en pleine confiance pour aborder la suite. Le club respire !

 

Les spectateurs s'embrassent. Olivier Werner peut fêter son anniversaire et entrevoir 36 chandelles d'espoir avec ses équipiers. Formidable équipe !

 

Ils ont dit :


Manfredi Theissen  : « Toute l'équipe a été fantastique, félicitation. L'esprit, le mental ! »

Olivier Vinamont «  Moralement, cette victoire fait énormément de bien. Dès lundi on se remet au travail sérieusement »

Jérôme Colinet «  Le premier but libère. Le public, douzième homme qui nous rebooste. C'est la seconde fois. »

Danijel Milicevic : « Ost a beaucoup d'enthousiasme. On l'a vu sur le terrain, c'est comme une bouffée d'air. A 0-2, ce n'était pas facile car Charleroi jouait bien. En seconde mi-emps on a fait le pressing, et on l'a bien fait. En fin de match, le public s'est bien amusé, c'était cool à la fin. »

Pablo Chavarria (merci à David Liz, traducteur de talent): «  Mon premier sentiment était  « très content », personnellement mais surtout parce que les buts servent à l'équipe. A la mi-temps, le coach a resserré les lignes. Je dédie la victoire à ma compagne Gisela qui m'apporte beaucoup »

Danny Ost le mot de la fin : "Quand on a la mentalité, on peut déplacer les montagnes".

 

 

Fiche technique

Equipes :

Eupen : Werner; Alex, Vinamont, Jadid, Iandoli; Chavarria, Milicevic, Colinet, Lepiller, Espinal (46e Obradovic); Vandenbergh (46e Jefferson).

Charleroi : Riou; Martos, Ohayon, Dzinic, Signorino; Cordaro, Ederson, Cahalon (77e Losada), Kaya, Serwy (59e Lazitch); Biton.

Arbitre: M. Bultynck.

Cartes  jaunes: Milicevic, Serwy, Colinet, Alex, Signorino, Ohayon, Obradovic.

Cartes rouges: 85e Ederson, 88e Riou.

Buts: 10e Cahalon (0-1), 24e Cahalon (0-2), 58e Chavarria (1-2), 65e Jadid (2-2), 80e Chavarria (3-2), 90e Jefferson sur pen. (4-2).

 

Mise à jour le Lundi, 18 Avril 2011 20:31