"Chronique d'un apiculteur du samedi" : deux colonies pour aborder le printemps
Écrit par Philippe Bajoit   
Dimanche, 01 Avril 2012 08:01

Best of Verviers s'ouvre dès aujourd'hui, à une nouvelle rubrique : "Chronique d'un apiculteur du samedi". Pourquoi ? Un peu de patience... car avant de découvrir cette nouvelle rubrique, nous voulons vous livrer une réflexion plus générale sur le sujet afin de mieux cerner les enjeux environnementaux.

"L'abeille, sentinelle de l'environnement" entend-on souvent !  Pour combien de temps encore ?

Si l’abeille existe sur notre planète depuis plus de 80 millions d’années, on estime aujourd’hui que plus de 80 % de notre environnement végétal reste fécondé par les abeilles, qui jouent un rôle prépondérant de pollinisateurs.

Ainsi, près de 20 000 espèces végétales menacées sont encore sauvegardées grâce à l’action pollinisatrice des abeilles et près de 40 % de notre alimentation (fruits, légumes, oléagineux…) dépendent exclusivement de l’action fécondatrice des abeilles.

Et pourtant, depuis 1995, près de 30 % des colonies d’abeilles disparaissent chaque année. Alors que les abeilles ont survécu à tous les changements climatiques, elles sont menacées en raison de mutations profondes de l’environnement dues notamment à des pratiques agricoles inadaptées (emploi abusif de produits phytosanitaires de plus en plus toxiques, remembrement, monoculture, ensilage…).

Voici donc notre invitation à s'ouvrir à ce monde merveilleux de ces sentinelles de notre environnement. Nous sommes particulièrement heureux de vous présenter ce nouveau projet mis en texte et en images par notre ami et collaborateur technique à Best of Verviers, Philippe Bajoit.

De longues discussions entre "amateurs de miel et de propolis", nous ont conduits à proposer de mettre en forme des histoires d'abeilles à partager avec les lecteurs du site : Voici donc un aperçu, mois après mois,  de son occupation "d'apiculteur pour le plaisir".

Photos Philippe Bajoit



Petite présentation de " l'ami des abeilles ", Philippe Bajoit

Après avoir suivi deux années de cours avec ma compagne à l'ASBL "Les Avettes du Mont des Frênes" de Fernelmont, nous voila apiculteurs amateurs et fraîchement diplômés en 2009. Avec une profession d'informaticien, l'apiculture est une véritable activité destinée à oublier les ordinateurs et leurs soucis pour une activité en plein air, au contact du vivant et .. difficile.

Déformation professionnelle, notre bloc-notes est un site web qui garde toutes nos observations sous la forme d'un wiki.

Le mois de mars 2012

Le mois de mars est typiquement celui où on se félicite de ses bons soins aux ruches avant l'hiver ou de sa chance, ou le plus souvent de sa malchance en faisant le compte des colonies perdues.

Après un hiver 2010-2011 sans aucune perte parmi nos 5 colonies, cet hiver fut impitoyable avec 6 colonies perdues sur un total de 8.

C'est une statistique assez générale pour cet hiver, les amis de l'ASBL parlant de 50% à 70% de pertes, de manière très variable puisque certains apiculteurs n'ont perdu aucune ruche.

Pas d'explication claire à ces pertes évidemment, même si le fait que les abeilles ne sont pas mortes dans la ruche mais ont simplement disparu fait penser à cette étude, qui montre que les pesticides actuels ont des effets dévastateurs sur les abeilles, bien qu'ils réussissent les tests de mise sur le marché.

A cette époque, on procède généralement une visite furtive de la colonie, surtout pour lui donner toute la place nécessaire pour bien se développer.
Pendant une très belle journée (afin de ne pas mettre en péril les jeunes larves qui ont besoin d'une chaleur constante), on ouvre la ruche pour estimer la vigueur des abeilles. Bien que les grands froids ne sont pas loin, on constate que de nombreuses abeilles vont naître, ce qui signifie que les abeilles élèvent leurs jeunes soeurs depuis le mois de février, et ont pour ce faire porté l'intérieur de la ruche à 36°.



Du miel est déjà présent, certainement récolté sur les saules qui bordent le rucher. De même les abeilles rentrent avec de grosses pelotes de pollen, la nourriture des jeunes larves.

Toute cette activité montre que les abeilles qui ont veillé tout l'hiver ont eu la force de butiner dès les premiers beaux jours pour lancer l'élevage des nouvelles abeilles qui vont naître cette année.

En effet, l'abeille en belle saison vit environ 60 jours car elle butine inlassablement, mais l'abeille qui est née en automne va vivre 6 mois, principalement dans la ruche pendant l'hiver.

Chacune de nos colonies va recevoir un cadre tout prêt à pondre, ce qui se traduira par de plus nombreuses naissances dans 3 semaines et plus, et aidera la colonie à bien démarrer le printemps.

 "L'abeille en belle saison vit environ 60 jours car elle butine inlassablement, mais l'abeille qui est née en automne va vivre 6 mois"



Le mois de mars s'achève en guettant le moment opportun pour mettre une hausse au dessus de la ruche, des cadres de cire vides que les abeilles rempliront de miel et permettront la première récolte de printemps.
Malgré les explications de nos professeurs, ce moment critique est difficile à estimer, car mettre la hausse trop tôt va refroidir la ruche, et la mettre trop tard aura provoqué un manque de place néfaste au bon développement de la colonie.

A cette époque, une conversation entre apiculteurs ressemble donc à
"Tu as mis tes hausses? Oula pas encore?" ou bien
"Ah déjà? Moi je n'aurais pas osé"
Mais les journées moroses du début des vacances scolaires n'autorisent plus du tout à déranger les abeilles, il fait bien trop froid.

 

Philippe Bajoit

Mise à jour le Mercredi, 04 Avril 2012 20:01