Le Carnet d'un Flâneur-Le Vieux Verviers, 1894
Écrit par Best of Verviers   
Mardi, 01 Décembre 2009 06:44

Nous avons été interpellé par cet ouvrage sur Verviers qui vient de paraître dans nos librairies. Il s'agit plutôt d'une réédition. Une excellente idée car sa lecture nous a amusé, ému, intéressé. Philippe Vivroux, vous  avez réédité "Le Carnet d'un Flâneur-Le Vieux Verviers" publié pour la première fois en 1894 par F. YMART.  Vous auriez découvert cet ouvrage il y a 20 ans à la bibliothèque communale de Verviers? Comment naît votre projet d'édition ?

Philippe Vivroux : Mon projet d’édition est né de mon souci de combler les éventuelles périodes creuses consécutives à la cessation de mon activité professionnelle pour cause de retraite.

BoV :Quelles difficultés et joies rencontrez-vous dans la réalisation de ce projet ?
P. V. : La difficulté principale est de trouver une distribution et une diffusion qui assurent une présence efficace dans les librairies de France et de Belgique.  Rentabiliser un projet sur notre seul pays est très aléatoire.

Les autres étapes de la réalisation du livre n’ont pas posé de difficultés particulières. Trouver les personnes compétentes, les partenaires désireux de s’investir demandent du temps et des  recherches mais  tous les services sont disponibles dans notre région.
Les joies, c’est la concrétisation d’un projet, le plaisir des rencontres pour le réaliser, l’émotion de la découverte du livre imprimé, le partage de ces moments avec mes proches.

Ce projet est-il le fait de plusieurs personnes ?
Mon épouse m’aide dans les  différents travaux.

Vivroux est un nom qui résonne aux oreilles des verviétois. Y-a-t-il un lien de parentée avec notre célèbre Vivroux ?
Mon grand-père et le dernier des architectes se connaissaient. Ils n’ont pu se découvrir de lien familial.

On imagine que vous êtes passionné de lecture et probablement de notre histoire régionale ? Comment naissent ces passions ?
Mes premiers souvenirs remontent à l’époque où ma grand-mère me lisait des livres illustrés. Depuis, j’ai toujours continué à lire.
L’intérêt pour l’histoire régionale m’est venu progressivement, une découverte entraînant une nouvelle envie. Je suis aussi un lecteur assidu de « Temps Jadis » qui ouvre beaucoup d’horizons.

Créez-vous votre maison d'édition avec comme seul but d'éditer cet ouvrage ?
J’espère que non. Mais pour des  projets d’intérêt plus général, je dois être, comme je l’ai mentionné plus haut, assuré d’une bonne diffusion/distribution.

Comment pourriez-vous qualifier ce livre : "Le Carnet d'un Flâneur-Le Vieux Verviers" ?


F. Ymart a structuré son livre comme une promenade où il se remémore, quartier par quartier,  l’histoire de sa ville.
Au fil de son récit, il s’attache, avec une tendresse non dénuée d’ironie, à nous faire découvrir anecdotes, faits divers, lieux, folklore, traditions, de Verviers, à nous faire partager les souvenirs du Verviers qu’il a connu et aimé.
Il a agrémenté le texte de croquis.


A qui s'adressait ce livre à l'époque ? Et aujourd'hui ?


A l’époque, le livre évoquait un passé déjà révolu, même si c’était parfois depuis peu de temps.
J’imagine que, comme aujourd’hui,  il s’adressait à ceux  qui, comme le mentionne F. Ymart dans sa préface, souhaitent «revivre, pour quelques instants, ce qui fut notre berceau ».  


1894, c'est une période particulière à Verviers ?


J’avoue n’avoir aucune information particulière sur cette année 1894. Je ne suis pas historien. Je me contente de découvrir les textes accessibles à tout un chacun


Pouvez-vous nous livrer certains extraits de l'ouvrage pour nous mettre dans l'ambiance de ce flâneur de 1894 ?
Voici quelques courts extraits et leur contexte.

- Ancien théâtre de la Place Verte
   Le théâtre de Verviers était devenu légendaire en Belgique ; la longueur des spectacles, l’heure indue à laquelle on lâchait les infortunés spectateurs étaient des thèmes à gorges-chaudes pour les journaux de la capitale, mais aujourd’hui combien de grandes scènes sont soumises au régime verviétois ?
Distribution de l’eau de St-Albert par les pères Carmes.
 Si le jour de la fête de ce saint, vous fussiez entré dans l’église des pères Carmes, de Vervier, vous y eussiez remarqué de grands cuviers remplis d’eau, et tous ces pères empressés de la distribuer à grands gobelets à la foule du peuple qui se trouvait là. Chacun les vidait à longs traits, bien persuadé que cette eau le garantirait de la fièvre. Il était, cependant, à remarquer que les Carmes n’en buvaient point ; mais qu’avant la cérémonie, ils avaient bu assez copieusement du vin, et qu’ils en buvaient encore après.

- Rue de Heusy
Il y a quelques années existait presque en face de la rue des Carmes, une grande vieille maison qui fut jadis l’Hôtellerie de l’Empereur.
   On m’a affirmé, mais je n’ai pu contrôler la véracité du fait, que l’Empereur Napoléon Ier passa la nuit dans cet hôtel. Les mauvaises langues de l’époque – il y en a eu de tout temps – insinuèrent même que l’Empereur, venu en escapade d’Aix-la-Chapelle où il accompagnait l’Impératrice en villégiature, ne séjourna pas seul à l’hôtellerie et qu’une dame de la Cour – d’aucuns disent une jeune et jolie Verviétoise – fut appelée au rang d’une Dubarry d’un jour.
   Mais glissons, mes frères, n’appuyons pas.

- Quartier de Crotte
Le quartier de Crotte et toute l’agglomération des Prés-Javais est moderne.
   Où maintenant fument d’innombrables usines, autrefois – y a-t-il 30 ans ? – s’étendaient de vastes prairies. La Vesdre coulait doucement sur son lit rocailleux et dans ses eaux claires et limpides, on voyait filer comme l’éclair la truite, ou se balader le goujon.

- Montagne de Hombiet
La montagne de Hombiet domine de sa masse imposante le quartier des Prés-Javais.
   Hombiet était, au siècle dernier, un lieu de pèlerinage célèbre, mais comme les pèlerins lutinaient trop souvent les pieuses pèlerines au grand dam de la dévotion et au plus grand scandale du saint ermite qui perchait au sommet de la colline, la coutume fut abolie et les chapelles démolies.

- Place du Martyr
C’est surtout le dimanche matin que la Place du Martyr présente le spectacle le plus animé.
   Du côté des Neuf Provinces s’étendent en ligne les marchands de poules, d’oiseaux, de lapins, toujours très entourés par les amateurs et les curieux.
   Quelquefois un acheteur se présente, discute la valeur de la bête, marchande et après de longs débats, le plus souvent clôturés au cabaret du coin, l’heureux acheteur s’en retourne, emportant par les oreilles, un infortuné lapin qui gigote d’une façon désespérée.
   Quelquefois encore un long cri d’effroi se fait entendre, c’est une malheureuse poule que l’on extrait de sa cage et qui proteste à sa façon contre les affreux tourments qu’on lui fait endurer.

- Rue du Marteau
Aux fenêtres, des papiers multicolores annoncent les débuts de Mlles Malvina, ou Cora, ou Tata, toute la triste litanie des noms de cafés-concerts ; puis le tableau de la troupe où figure toujours un Monsieur Casimir quelconque, venant en droite ligne des Folies-Bergères de… Beyne-Heusay.

- Une foulerie
Mettez côte à côte vingt à trente bacs, tous pleins d’une eau courante qui se renouvelait sans cesse ; joignez-y le grand vacarme de vingt à trente makas, se levant et s’abaissant en cadence, et vous aurez une idée de la foulerie du temps passé. La machine moderne a remplacé les vieux makas de nos pères et les grosses poutres qui formaient ces machines si pittoresques et si encombrantes, sont en train de pourrir dans le coin d’une cour humide.

- Verviers vue par une brochure spadoise

Voici, en quels termes, le Perroquet de Spa, tel est le titre de cette brochure, décrit notre bonne ville :
   « Verviers est la plus belle ville du pays de Liège, sans en excepter aucune. Les manufactures de draps sont la première source de son opulence.

 Vos projets à venir ?
J’aimerais rééditer des livres d’histoire, une collection composée de chroniques, de récits, de témoignages, de journaux, de confessions. Des textes écrits par ceux qui ont fait ou côtoyé l’histoire, qui ont observé ou provoqué les événements.
Je travaille aussi sur des projets consacrés au sport automobile.

 

Succès à vous et merci pour votre initiative bien intéressante.

Un livre à découvrir.

 

Mise à jour le Mercredi, 02 Décembre 2009 19:48