Un amour absolu par Charlotte Polis : rencontre
Écrit par Best of Verviers   
Lundi, 31 Janvier 2011 19:23

L’héroïne de ce roman dont le couple est à la dérive cherche refuge auprès d’anciens amis qui habitent une grande ferme rénovée dans les Fagnes.

Trouvera-t-elle auprès d’eux la sérénité, le courage de se reconstruire et de recréer l’unité de son couple ?
Sous une apparence paisible, ses amis traversent eux aussi une crise. La mort dans de mystérieuses circonstances ― accident ? meurtre ? ―  d’une jeune femme trop séduisante qu’ils avaient hébergée quelques semaines plus tôt, obligera l’héroïne à se pencher sur ce drame qu’elle parviendra à éclaircir au terme d’un profond retour sur elle-même et sur ses propres questionnements.

Les Fagnes tiennent un rôle essentiel dans ce huis-clos rédigé d’une plume remarquable. L’auteur nous décrit avec passion cette terre isolée, farouche, magnifiée, qui par ses glauques potales, son ciel tourmenté, ses ondoyantes linaigrettes symbolise avec une force insidieuse la complexité de la nature humaine.

Suzanne Lilar avait beaucoup aimé ce manuscrit  et avait proposé son soutien à l'auteur. Mais, à l'époque, l'auteur s'était vue contrainte d'abandonner l'écriture. Elle y revient aujourd'hui avec ce roman  légèrement remanié qu'elle dédie à Suzanne Lilar, l'un de nos plus grands écrivains belges

 

AC : Charlotte Polis, vous venez de publier aux Éditions Noctambules « Un amour absolu ». Vous nous y dressez de beaux portraits de femmes, très différentes, mais qui, toutes sont confrontées à l'amour. Toutes ne lui donnent pas le même sens. Lorsque vous parlez d'« Amour absolu » s'agit-il de la référence à un modèle que chacun se devrait d'atteindre ? N'est-ce pas plutôt  ―  au bout de quelques années  de vie commune ―  la transformation de la passion en un sentiment différent, en une résignation  absolue ?


C.P. : Merci pour votre question très pertinente, mais aussi un peu provocatrice. Non, mes héroïnes sont loin d’une résignation, bien au contraire, elles veulent soit garder leur amour intact, ceci pour Anne,  soit dans le cas de Marcelline, le sublimer ce qui implique de sa part une quête nouvelle d’elle-même et  de ses aspirations profondes. Elle apprendra  que l’amour est avant tout  la recherche du bonheur de l’autre et que le propre de l’Amour,  comme dit Gide, je crois, est d’être forcé de croître sous peine de diminuer.

Ce n’est pas facile, cela exige des efforts constants et un don de soi qui n’est bien entendu pas dans la ligne actuelle de nos jeunes et moins jeunes. Mais je pense que l’ère de facilités et de plaisirs que nous traversons actuellement est proche de la saturation. Si la notion de couple doit perdurer, il faudra bien accepter de suivre la voie royale d’un amour vrai et durable.



AC : Rassurons tout de suite les lecteurs : on ne parle pas que d'amour dans votre roman. S'il y est un sujet de réflexion, l'intrigue se noue aussi autour d'un drame où, effectivement les Fagnes jouent un rôle important. C'est une région que vous connaissez bien et à laquelle vous semblez très attachée


C.P. : En effet je connais très bien la région. Mon mari a commandé le camp d’Elsenborn pendant cinq ans et j’ai pu à cette occasion m’initier, si l’on peut dire, aux sortilèges de cette terre âpre et solide, nue mais pleine de magnificence, une réserve que j’ai aimée et qui m’a aussi terrifiée. Grâce à Maiky, ma chevrette, j’ai pu approcher au plus près la nature et sa faune. J’ai livré en son temps  mes impressions sous forme de récit à Femmes d’Aujourd’hui qui les a publiés .

 

 

AC : Vous habitez depuis plusieurs années à Verviers, mais votre parcours de vie vous a menée en bien d'autres lieux. Parlez-nous un peu de vous..
C.P. : Oui j’ai un parcours un peu atypique. Née en France, de parents luxembourgeois, j’ai été contrainte de poursuivre mes études en allemand du fait de l’annexion par le Reich de la Lorraine, Ensuite dès la libération par les troupes américaines en 1944 d’une partie de la Lorraine, j’ai travaillé en qualité d’interprète dans les bureaux du Town Major.

Là , j’ai fait la connaissance de la Princesse de Croÿ qui m’a introduite auprès du Prince Eugène de Ligne. A l’époque celui-ci  cherchait  une secrétaire particulière.  Je n’ai pas résisté très longtemps, malgré la splendeur des lieux, à une vie un peu monotone et j’ai quitté Beloeil pour Bruxelles.


 Engagée par  la succursale DUCATI, j’ai été  propulsée à Milan  pour y étudier   l’italien.   Plus tard, sans  doute nostalgique  de mon pays que je  connaissais à peine ,  j’ai rejoint mes parents  à Luxembourg et j’ai  passé  un concours pour le poste de secrétaire à la Direction de Radio Luxembourg. Poste que j’ai obtenu.


Trois années plus tard,  j’ai épousé un officier belge, ce qui m’a valu le plaisir d’une vingtaine de déménagements en Allemagne, et finalement nous avons abouti à Elsenborn.

 

 


 
AC : Vous dédiez votre roman à Suzanne Lilar. Vous lui voyez une admiration toute particulière ?
C.P. : Après le décès de mon mari j’ai repris des études de philosophie, puis de graphologie et de psychologie . J’ai retrouvé en rangeant mes affaires le manuscrit soumis des années plus tôt à Suzanne Lilar . Elle avait beaucoup aimé mon manuscrit et nous avions entamé une correspondance , interrompue par le décès de Mme Lilar .  J’ai aimé ses livres, ses essais surtout et ses réflexions m’ont influencée  dans ma recherche et dans ma volonté de réussir un amour absolu.   
Je lui voue  une admiration sans borne. C’est une femme et un écrivain qui a su allier la culture flamande à la culture gréco-latine et dont la hauteur de vue mériterait que l’on prenne exemple sur son œuvre pour dépasser nos antagonismes et nous glorifier de posséder un multiculturalisme qui ne peut que nous enrichir. Et non nous diviser. .

 


AC : Quelle importance revêt l'écriture pour vous ? Est-ce raconter une histoire ? Faire passer un message ? Communiquer des émotions ?
C.P. : Plutôt communiquer mes émotions et si possible amener le lecteur à une réflexion sur lui-même, notre société et les valeurs auxquelles nous ne pouvons renoncer sous peine  de rétrograder.  Gertrude von Le Fort disait : le déclin d’une culture coïncide toujours avec une défaillance morale. Et je crains que sauf redressement de dernière minute, nous ne trouvions sur la pente du déclin. Mais je veux rester optimiste.



AC : Merci, Charlotte, et je précise que votre roman est disponible dans les librairies de Verviers Le Fil d'Ariane et Les Augustins mais aussi à Heusy chez Papyland  et à Spa chez Pages après pages.

Il est aussi accessible sur le site de l'éditeur :  http://arnoldcouchard.blog4ever.com/blog/index-404514.html

Un amour absolu
Charlotte Polis
288 pages – 18,00 €
Éditions Noctambules

Mise à jour le Lundi, 31 Janvier 2011 19:47