Lourdes
Écrit par Jean Wiertz   
Dimanche, 28 Novembre 2010 14:29
 

 Un film de Jessica Hausner (Autriche/France 2009), avec Sylvie Testud, Bruno Todeschini, Léa Seydoux. Christine, atteinte de sclérose en plaques, est immobilisé sur sa chaise et entreprend un voyage à Lourdes.

Les pèlerinages, encadrés par des religieuses et des volontaires de l’ordre de Malte, constituent pour elle la seule possibilité de faire des voyages et de rencontrer des gens. Marie, la jeune volontaire qui lui donne à manger et conduit la chaise roulante, lui confie que son engagement dans ce pèlerinage remplace les vacances de ski, et qu’elle cherche à donner un sens à sa vie. 

Maria s’intéresse cependant de plus en plus à un jeune volontaire, dont Christine est secrètement amoureuse pour l’avoir déjà rencontré précédemment lors d’un pèlerinage à Rome. Christine participe aux différentes cérémonies religieuses : messe, défilement devant la grotte des apparitions, bain dans l’eau de Lourdes, et se rend compte qu’elle sait à nouveau bouger le bras…

Jessica Hausner nous plonge dans le microcosme d’une humanité souffrante, taraudée par la maladie, l’accident, le handicap, et incapable de se défaire des petites mesquineries de la vie : jalousie, envie, moquerie, dérision,…

Elle n’élude aucun des questionnements à propos de l’action de Dieu sur le cours des choses, et en particulier sur l’irruption du miracle : pourquoi suis-je malade, pourquoi ne puis-je pas me rendre utile ? Pourquoi est-elle guérie, plutôt que tel autre ?

Attentive à toutes les facettes de ses protagonistes, tour-à-tour bouleversants, fragiles, odieux, la jeune réalisatrice construit une œuvre humainement complexe, passionnante du début à la fin, en se situant toujours à hauteur de ses personnages, sans mépris ni ironie.Elle met en lumière de manière saisissante les différences de perception de la spiritualité chez ceux qui souffrent dans leur corps, et les prêtres qui les accompagnent : moyen d’accéder à la guérison pour les uns, à la purification du cœur et de l’esprit pour les autres.

Pour rendre compte de toutes ces contradictions, la réalisatrice construit des plans complexes, dans lesquels plusieurs actions se déroulent simultanément dans le même cadre, un peu à la manière de Jacques Tati. Le procédé lui permet aussi de glisser quelques traits d’humour, sans provoquer de rupture de ton.

Un film en tous points admirable, dont les images nous poursuivent encore de nombreux jours après la projection.

 

 

 
 
Mise à jour le Jeudi, 02 Décembre 2010 20:34