Illégal
Écrit par Paolo Zagaglia   
Samedi, 23 Octobre 2010 07:28

ILLEGAL de Olivier Masset-Depasse avec Anne Coesens.

Tania et Ivan, son fils de 13 ans, sont russes et vivent clandestinement en Belgique depuis huit ans. Sans cesse sur le qui-vive, Tania redoute les contrôles de police jusqu’au jour où elle est arrêtée. La mère et le fils sont séparés. Tania est placée dans un centre de rétention.

Elle fera tout pour retrouver son fils mais n’échappera pas pour autant aux menaces d’expulsion.

 Sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes, « Illégal » est l'oeuvre d'un réalisateur belge trentenaire dont on a moins entendu parler que ses collègues du même âge que sont Joachin Lafosse ou Fabrice Du Welz. Bien accueilli à Cannes, son film a l'avantage de toucher à un sujet universel puisque le problème des sans papiers, des clandestins, concerne tous les pays. "Illegal" s’intéresse à Tania, une jeune femme russe, vivant clandestinement à Bruxelles avec son petit garçon, mais cela aurait pu être une Roumaine à Rome ou une Biélorusse à Paris...

Un film social, engagé, c'est pas toutes les semaines qu'il en sort et il faut donc aller voir ce film malgré certaines faiblesses. En regardant ce film, on ne peut éviter de penser aux frères Dardenne, à cause du pays, du sujet et surtout la façon de filmer avec cette caméra qui n'arrête pas de bouger, le plus souvent inutilement et sans raison, tout comme chez les Dardenne. Cependant, il y a une grande différence par rapport à ces derniers : tout est ici moins radical et place est laissée aux concessions car le scénario a été écrit en fonction du spectateur afin qu'il se retrouve dans les schémas habituels et on pourrait citer Ken Loach.

Cependant, si on compare « Illégal » aux films de ce dernier -et c'est le grand reproche que l'on pourrait faire au film-, nous sommes ici devant un film de fiction (une mère qui se bat) avec un sujet de société en arrière-plan alors que chez Ken Loach, le sujet de société aurait été traité beaucoup plus en profondeur et on serait sortis de la salle avec quelques idées en tête sur ce sujet. Ici, pour se dédouaner du fond, du sujet, on a tout au début un clip de présentation réalisé par un Collectif de défense des sans papiers...

En résumé, ici l'émotion est créée par le personnage de la mère et pas par le problème social. Le réalisateur Olivier Masset-Depasse a déclaré : « Mon but au final est de retrouver cette veine lancée par Costa-Gavras: faire de vrais films de fiction sur des sujets de société contemporains. Il s’agit de tendre vers le public en réalisant un thriller psychologique sur fond de critique sociale. La forme est venue du fond, la caméra à l’épaule, car elle a un effet de réel, mais contrôlée. On ne doit pas la voir, mais la ressentir."

Tout de même, il faut dire que les films de Costa-Gavras, dans les années 70, ont coscientisé tout un public à divers problèmese politiques et ici, ce serait étonnant que le spectateur coure maintenant vers les sans papiers et s'intéresse plus à leurs problèmes. Dommage car c'est rare de voir un film s'intéresser à ce sujet (quand au fait que la caméra à l'épaule donne un effet de réel, cela reste à prouver...).

Ce qui est certain, c'est que Olivier Masset-Depasse a fait un grand bond en avant par rapport à son premier long métrage "Cages" et « Illégal » est un film grave et délicat en même temps, très intense et il faut saluer l'interprétation sans faille et exceptionnelle de Anne Coesens dont le jeu parfait dépasse de loin d'autres comédiennes belges qui sont nettement plus connues qu'elle.

Mise à jour le Samedi, 23 Octobre 2010 07:36