La migration de printemps... ou à la recherche de quelques raretés
Écrit par Jean-Marie Poncelet   
Samedi, 03 Avril 2010 17:18

 L'arrivée du printemps coïncide avec le retour ou le passage des migrateurs. C'est une belle période pour moi, car les oiseaux reviennent sur leurs lieux de nidification ou font des haltes migratoires chez nous.

C'est l'occasion de faire, parfois, de belles découvertes. Aujourd'hui, j'ai décidé de vous emmener pour une petite balade au gré du vent avec l'espoir de belles rencontres.Quand je sors de la maison, le ciel est clair et les conditions météorologiques sont propices aux ascendances. Je me dis:" C'est un beau jour pour les rapaces et pourquoi pas un petit vol de Grues cendrées.", mais cela c'est fort aléatoire. Je décide donc d'aller vers le toit de la Belgique... j'irai vers le signal de Botrange... avec un premier arrêt aux alentours de Jalhay... c'est ce que je pensais faire, mais les circonstances vont en décider autrement. En montant la Louveterie, j'aperçois une pompe de rapaces..., 3 ou 4 oiseaux assez loin et assez haut dans le ciel; quelques dizaines de mètres plus loin, je trouve une place pour garer ma voiture et pour pouvoir sortir en toute sécurité. Je saisis mes jumelles et vois trois Buses variables profitant des ascendances thermiques pour atteindre une altitude importante. Impossible de faire la moindre photo, je me contente de les regarder monter et puis se laisser glisser rapidement... Ce sont sans doute des migratrices. 
 

Dans la montée de Belle Croix, je m'arrête de nouveau, sors de la voiture et scrute le ciel en espérant voir quelque chose dans mes jumelles... malheureusement rien. Soudain sur ma gauche, j'entends comme le bruit de deux cailloux entrechoqués. Je me tourne doucement et je vois, à une trentaine de mètres, un mâle Tarier pâtre qui donne l'alarme de son cri sonore et sec "huid trèc trèc" caractéristique. Il est posé sur une petite branche. Je saisis rapidement mon appareil photo et tire une petite rafale.... mais il est loin, cela fera quand même un souvenir.

 

 

 

Je me décide à tenter une approche. Je sais que c'est un oiseau plus craintif que farouche. J'avance doucement, tout en continuant de le regarder, on ne sait jamais, il peut changer de perchoir. Mètre après mètre, je gagne un peu de terrain. A chaque mètre gagné, je fais quelques photos. Arrivé à moins de dix mètres, je le vois beaucoup plus nerveux. Je suis arrivé probablement au minimum de la distance qu'il va tolérer. Je m'accroupis en espérant qu'il se calme. Après quelques instants, qui me paraissent des heures, je reprends mon cheminement... l'oiseau a l'air calme... quand soudain il décolle pour aller se reposer beaucoup plus loin. J'ai juste le temps de faire une photo de son décollage. Je rebrousse chemin et retourne à ma voiture pour continuer ma balade.

 

  

 

 

Un peu avant la Baraque Michel, je vois encore quelques rapaces dans le ciel, probablement des Buses variables, mais, à cet endroit, je n'ai pas de possibilité pour garer ma voiture... tant pis, ce sera pour plus tard.A la Baraque Michel, il y a beaucoup trop de monde, je décide donc de ne pas m'arrêter. Je poursuis jusqu'au signal de Botrange où je me gare. Je prends mes jumelles et mon appareil photo et je vais sur l'esplanade où j'aurai une belle vue dégagée. Au bord de la sapinière, j'entends les petits cris des Roitelets huppés et des Roitelets triple bandeaux, mais, comme il fait sombre à cet endroit, ce n'est pas possible de les photographier.

J'ai devant moi une bonne partie de la Fagne Wallonne: un beau spectacle. Du ciel un "miaulement" se fait entendre. Je lève les yeux et vois, pas loin, une belle Buse variable cerclant. Immédiatement, je prends mon appareil et tire quelques rafales. La lumière est belle, la photo devrait être bonne. Quelques instants plus tard, la Buse part en vol glissé et, heureusement pour moi, pour une fois, dans la bonne direction... elle vient vers moi et passe à quelques mètres de ma position. Pendant sa progression, je n'arrête pas de la mitrailler... J'aurai encore beaucoup de photos à trier en rentrant, cela fait aussi partie du plaisir!

 

 Jusqu'à présent les raretés ne sont pas au rendez-vous, mais on ne sait jamais, il suffit d'une seconde. Je continue à regarder le ciel, la cime des arbres avec espoir. Je me fixe un délai, autrement, je serai encore là demain à attendre... Une demi-heure, c'est ce que je vais encore m'octroyer aujourd'hui. Tout à coup, j'aperçois une silhouette assez imposante au loin. Je regarde dans mes jumelles et j'identifie un Milan royal... enfin une belle rencontre! J'espère qu'il va venir dans ma direction, car ces rapaces sont rapides et ils ont une vue perçante... Il pourrait bien me voir et changer de cap. Je décide de faire quelques pas en retrait pour être légèrement caché par les résineux. Je continue à le suivre dans mes jumelles: pour le moment, le cap est bon, il devrait passer près de moi dans très peu de temps. Il arrive, pas trop haut dans le ciel, je saute littéralement sur mon appareil, laisse pendre les jumelles dans mon cou et commence à mitrailler ce magnifique rapace. Il est au-dessus de moi... il me regarde droit dans le yeux... c'est un moment magique que je ne suis pas prêt d'oublier. Il est parti comme il est venu, sans un cri.

 

 

Même si les Grues cendrées ou autres raretés n'étaient pas au rendez-vous je reprends le chemin de la maison avec plein de souvenirs dans la tête et j'espère beaucoup de belles photos sur la carte de l'appareil. Faites comme moi, ouvrez les yeux il y a tant de belles choses à voir.Bonnes balades, bonnes observations et à bientôt.   

Petite remarque: j'espère que vous avez apprécié le poisson d'avril auquel j'ai participé avec l'article sur les Cigognes blanches et que vous ne m'en tiendrez pas rigueur. Jean-Marie Poncelet

www.jmponcelet.be

Mise à jour le Mercredi, 14 Avril 2010 10:21